
Vainui Marakai, le couteau suisse de la DGEE
Alors que la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan va bientôt débuter à Nice, Femmes de Polynésie a rencontré Vainui Marakai, professeure des écoles rattachée à l’inspectrice de l’Éducation nationale. Parmi les dossiers dont elle a la charge figurent les aires marines éducatives, un dispositif qui lui tient à cœur et qu’elle va bientôt présenter dans l’Hexagone. Rencontre avec une femme déterminée et passionnée.
Enfant des îles
Vainui Marakai, 44 ans, est une enfant des îles.
« Je suis née à Taha’a, d’où ma mère est originaire. J’ai grandi à Paea avec mes grands-parents, qui m’ont inculqué de belles valeurs. Mon père est de Bora Bora et de Makatea, où je passais mes vacances. »
Une fois adulte, Vainui mettra à profit cette richesse culturelle en enseignant dans différentes îles, d’abord à Moorea puis à Tahiti, à Papara, avant de se spécialiser pour devenir adjointe REP+.
« Il s’agit d’un enseignant qui passe dans plusieurs classes de tous niveaux en réseau d’éducation prioritaire. J’ai voulu aller dans les Tuamotu, mon archipel de cœur, pour aider à la réussite de tous les élèves. »
En réseau d’éducation prioritaire aux Tuamotu
Vainui est envoyée à Hao puis aux Gambier, où sa capacité d’adaptation et son aisance relationnelle l’aident à rapidement prendre ses marques. Toujours en quête de nouveaux challenges, elle devient rapidement coordinatrice REP+.
« La première année, j’allais dans les circonscriptions des Tuamotu et de Papara, avec deux équipes différentes. Il fallait avoir une condition physique et mentale assez forte pour passer d’un territoire à l’autre, enchaîner les déplacements et les formations à dispenser. »
Finalement, la jeune femme est affectée à temps plein à la circonscription des Tuamotu-Gambier.
« Ma mission principale était de faire du lien entre les 43 écoles de l’archipel et les trois collèges de rattachement, à Rangiroa, Makemo et Hao. »
Bras droit des inspecteurs
En 2021, une nouvelle opportunité de faire évoluer sa carrière s’offre à elle. Vainui a toutes les compétences requises : elle devient professeure des écoles chargée de mission placée auprès de l’inspecteur de l’Éducation nationale adjoint (IENA) au directeur général de la DGEE (Direction générale de l’éducation et des enseignements).
« On va dire que je suis un peu le couteau suisse de la DGEE ! J’ai été en interaction avec quatre IENA depuis 2021. »

Les AME, des « classes dehors »
Un an après son affectation, un important dossier lui est confié : celui des aires marines éducatives (AME), qui s’inscrit dans le cadre de l’éducation à l’environnement et au développement durable mené par la DGEE.
« Il s’agit d’un très beau projet, né aux Marquises en 2012. Les AME sont des espaces maritimes d’étude pédagogique, en plus d’être un véritable outil écocitoyen. Les élèves sont en immersion dans un environnement naturel, ce qui favorise leur bien-être et les aide à mieux apprendre. »

Il existe aujourd’hui 30 AME en Polynésie, gérées par 34 établissements dans tous les archipels, hormis les Gambier. Un programme Fenua éducatif, axé quant à lui sur les aires terrestres, est en cours de développement, afin d’offrir la possibilité aux établissements ne disposant pas d’un accès aisé à la mer d’explorer également leur environnement.
« Il y a aussi une belle biodiversité dans les vallées, les rivières et les bassins versants, avec tout une faune et une flore à découvrir. »
C’est pour valoriser le rôle important que Vainui joue dans le développement des aires éducatives que Joëlle Rallet, l’actuelle inspectrice de l’Éducation nationale, lui a demandé de représenter la DGEE lors de la 3e Conférence des Nations unies sur l’Océan (UNOC3), organisée du 9 au 13 juin à Nice.

À la Conférence des Nations unies sur l’Océan
Une importante délégation polynésienne participe à l’UNOC3, regroupant institutions, ONG et entreprises privées regroupés au sein du collectif « Te Mana o Te Moana Nui a Hiva – Unir nos actions pour préserver le Mana de notre Océan ».
« Il fallait que la DGEE et les AME y soient représentées. C’est une forme de reconnaissance du travail qui a été mené ces dernières années. Je suis accompagnée de quatre collégiens et lycéens de Bora Bora, encadrés par leur professeure. Je dois notamment intervenir à l’occasion d’une conférence sur les AME. Sur le territoire national, plus de 600 aires éducatives ont été déployées depuis 2018. »
Ce sera ainsi l’occasion, pour la Polynésie, de mettre en lumière la genèse et l’évolution de ce dispositif au fenua, qui intéresse aussi nos voisins du Pacifique.

Lucie Ceccarelli
Rédactrice
©Photos : Lucie Ceccarelli pour Femmes de Polynésie et © DGEE
Directeur des Publications : Yvon BARDES