Patricia, ou la magie de la co-création 3D
« J’ai besoin d’aide… » C’est le post qu’a publié il y a deux ans, Patricia Gallot Lavallée sur sa page Facebook FabLab EcoLab Tahiti. Patricia est de celles qui sont convaincues qu’à plusieurs, on va plus loin, que la création et la synergie du travail collectif peuvent faire des merveilles, qu’il est possible de donner à tout un chacun la liberté de designer son futur. Ni plus, ni moins. Du fin fond de l’Alaska ou des Tuamotu, grâce à l’apport de nouvelles technologies, tout devient possible. Femmes de Polynésie l’a rencontrée.
Épouse de militaire, arrivée en Polynésie il y a un peu plus de deux ans, Patricia est aujourd’hui présidente et fondatrice de l’association FabLab EcoLab Tahiti. Le sourire aux lèvres, les yeux pétillants, je la rencontre dans le hall de l’assemblée lors de la fête des sciences 2017 où elle tient un stand de démonstration de machines innovantes : imprimantes 3D, découpe laser, brodeuse numérique. Accompagnée de Pierre Henri Senesi, bras droit de son association, ils se livrent en toute simplicité.
FabLab, EcoLab… Qu’est-ce que c’est ?
FabLab fait référence aux termes « Laboratoire de Fabrication » ou « Laboratoire Fabuleux ».
« Il s’agit d’un mouvement mondial qui a été initié par la très réputée Massachusset Institute Technologies, ou MIT. Ce mouvement peut être rapproché au mouvement Geek, qui rassemble des passionnés de technologies, d’informatique et au mouvement des hackers, qui ont un esprit d’entraide, de collaboration, de partage (open source). Actuellement, on parle de Makers, ou gens qui fabriquent…. ».
Il y en a 162 aux Etats-Unis, 154 en France, 134 en Italie et 46 en Allemagne. Un FabLab, c’est une communauté très reliée, une communauté de communauté en quelque sorte. L’idée, c’est que les personnes qui en font partie collaborent pour fabriquer quelque chose.
« Le partage des connaissances, l’entraide, le respect de l’autre et du matériel mais aussi la sécurité, font partie des grands principes d’un FabLab… »
L’équipement comprend en général :
- Un scanner 3D ;
- Une découpeuse laser ;
- Une imprimante 3D ;
- Une brodeuse numérique ;
- Une découpe vinyle ;
- Une imprimante à UV ;
- Une fraiseuse CNC…
EcoLab fait référence à la préoccupation écologique du laboratoire.
Le projet à Tahiti : « J’avais envie de le faire… »
Diffuser la culture technoscientifique, y compris dans les archipels éloignés, assurer un support technique et formatif aux entreprises intéressées, accueillir des jeunes à qui le système scolaire traditionnel n’a pas réussi, proposer des challenges… Tout un programme ! Patricia et Pierre-Henri n’hésitent pas à prendre leur bâton de pèlerin car ils croient en leur projet.
Patricia aime les voyages, les rencontres, apprendre sans cesse et s’enrichir au contact des gens. Aujourd’hui consultante patentée dans l’expérience client et l’innovation collaborative, elle a un parcours pour le moins éclectique. Après son bac, elle part en Angleterre, parfaire son anglais, puis en Russie, apprendre le russe.
« J’ai appris à construire des sites web en Russie, alors que l’accès à internet était difficile. C’était au tout début d’internet, dans les années 90. J’ai pris la vague, le boom. Il n’y avait pas de formation à cette époque. On peut dire que je suis autodidacte… ».
De retour en France, elle devient professeure dans une école de web parisienne pendant des années, à l’Institut de l’Internet et du Multimédia situé à La Défense au Pôle universitaire Léonard de Vinci. Arrivée à Tahiti, elle constate :
« Il n’y avait pas de FabLab à Tahiti… L’innovation collaborative, on met plein de machines, plein de gens, plein de possibles. Dans la magie de ce moment-là, beaucoup de problèmes se résolvent parce qu’on est en groupe. J’avais envie de le faire… »
Patricia, qui vient d’être maman de son troisième enfant, rentrera en métropole à la fin de l’année scolaire. Aujourd’hui, il leur reste à trouver des financements pour mener à bien leur projet. Permettre au public polynésien de venir dans leur FabLab deux jours par semaine, pouvoir utiliser ces nouvelles technologies gratuitement, les diffuser afin qu’ils puissent créer leurs propres objets, tel est le souhait de Patricia. Elle me dit : « J’ai presque réussit plusieurs fois… ». Femmes de Polynésie ne peut qu’applaudir cette initiative, surtout venant de la part d’une femme de Polynésie « de passage ». Devant tant de générosité, on ne peut que leur souhaiter de trouver un mécène sensible à leur cause.
Plus d’informations
Sur la page Facebook FabLab Ecolab Tahiti
Tehina de la Motte
Rédactrice web
© Photos : Nicolas de Miel A