
Lucile Guichet, journaliste télé : « J’aime le terrain »
Son visage est bien connu des téléspectateurs fidèles aux rendez-vous de l’info sur Polynésie La Première. Lucile Guichet, grand reporter, avoue sa passion pour ce métier qui est « la concrétisation d’un rêve de petite fille ». Elle témoigne pour Femmes de Polynésie.
« Donner la parole »
Originaire d’Angers (Maine-et-Loire), Lucile Guichet arrive à Tahiti lorsqu’elle est lycéenne et rejoint les bancs de l’établissement Paul Gauguin, où elle passe en 2003 un baccalauréat littéraire. Elle repart ensuite vers l’Hexagone où elle obtient un master en journalisme (Bac+5) au sein de Science Po Grenoble. Elle réalise son stage au siège national de France3 mais vise déjà d’autres horizons…
« Mon objectif a toujours été de revenir ici en Polynésie, dès que j’ai dû partir après mon bac. Adolescente, je regardais l’émission Envoyé Spécial mais dès que c’était terminé, il fallait aller se coucher, école le lendemain ! »

Dès le départ, son idée est de donner la parole « à celles et ceux qu’on n’entend pas ». Lucile, qui plus que tout « aime le terrain », collabore à partir de 2008 en qualité de pigiste pour RFO Polynésie, puis elle est intégrée au sein de la rédaction en 2010.
«Il n’y a pas de spécialisation et chaque reporter est amené à traiter tous types de sujets, c’est l’un des grands attraits du métier. J’arrive en conférence de rédaction à 8h30 puis je pars en reportage, avec un journaliste reporter d’images (JRI) et aussi parfois un autre journaliste pour le reo tahiti. »

Si les nouvelles technologies ont facilité certains aspects de l’exercice du métier, par exemple les caméras plus légères, Lucile note qu’elles ont aussi imposé de nouvelles contraintes.
« Il faut alimenter les journaux télévisés du soir, mais aussi produire des contenus pour celui de midi, tous les journaux radio et bien sûr le site internet avec la meilleure réactivité possible. »
« Toujours se remettre en question »
L’arrivée d’Internet et surtout le succès des réseaux sociaux ont contribué à modifier la perception de l’information et celle du travail des professionnels chargés de la vérifier.
« Chaque internaute est un consommateur d’information – de sources parfois inconnues ou douteuses – et un producteur de contenu, y compris avec les partages de publications. Cela a offert un boulevard à la sphère complotiste et son flux de désinformation. »

Lucile est engagée au sein de Fake Off, association reconnue d’utilité publique dans sa lutte contre les fake news, via notamment la sensibilisation des jeunes. Elle invite à « toujours se remettre en question ». La défiance s’est renforcée envers les journalistes.
« Les gens ont de plus en plus de mal à distinguer la différence entre un fait, une opinion et une hypothèse. »
Maman de deux enfants de 10 et 13 ans, la journaliste avoue être restée marquée par certains événements : le premier procès pour féminicide auquel elle a assisté au palais de justice, un tragique accident de moto un soir de Noël ou encore l’épidémie de Covid, période « très difficile avec des moyens sanitaires débordés ». Elle se souvient aussi de belles histoires.
« Une mamie arnaquée par un entrepreneur véreux a témoigné sur nos ondes. Ensuite, les offres de soutien sont arrivées de partout, c’était beau ! »

Un moment politique « historique »
Au-delà de ses reportages au quotidien pour Polynésie La Première, Lucile organise et anime des soirées thématiques, des débats sur des questions sociétales sensibles (l’ice en Polynésie, les violences intrafamiliales…). Pour France Télévisions, elle part en Nouvelle-Calédonie au plus fort de la crise, puis à Mayotte après le passage du cyclone Chido. À Tahiti, ses deux sujets de prédilection sont la politique et la justice.

« C’est le premier gouvernement indépendantiste qui va effectuer un mandat complet. Au moment de l’annonce des résultats avec toutes les équipes, lors de la soirée électorale, j’ai compris que je vivais un moment historique. »
Lucile apprécie les bonnes relations qui règnent sur le terrain entre journalistes. Tout comme l’accueil, « le plus souvent très chaleureux », de la population.
« La liberté de la presse m’anime et je reste engagée dans sa défense. Les fake news constituent un vrai danger pour la démocratie. »
Lucile Guichet sait aussi se réserver des moments pour elle, « une question d’équilibre ». Passionnée de musique, elle joue du piano. Et pratique toutes sortes de sports (boxe, paddle-board, padel…), « à un petit niveau mais avec régularité », pour garder la forme.
« Il faut que ça bouge ! »

Damien Grivois
Rédacteur
©Photos : Damien Grivois et Polynésie La Première pour Femmes de Polynésie
Directeur des Publications : Yvon Bardes






