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Manon, écrire pour extérioriser et blogguer pour partager

Publié le 29 octobre 2018

Arrivée à Tahiti à 13 ans avec pour seul repère sa tante qui y vivait, Manon Della-Maggiora est devenue aujourd’hui une femme accomplie. Chef d’édition web la journée, le soir, elle raconte son quotidien de jeune maman sur son blog « Ta mère la blogueuse ».
Née en France d’un père tchadien et d’une mère française, à 6 ans Manon part s’installer avec ses parents en Côte d’Ivoire. Mais entre la situation politique chaotique qui y régnait à l’époque, et le décès de sa mère survenu là-bas, Manon rentre avec son père en métropole à l’âge de 11 ans. Un retour compliqué à vivre pour la jeune fille : « Cela ne se passait pas très bien, j’avais des problèmes familiaux ».

À 13 ans, elle décide de quitter La Ciotat (ville près de Marseille) pour partir toute seule comme une grande à Tahiti vivre chez sa tante qu’elle n’avait pas revu depuis des années : « Elle était venue s’installer ici suite à son voyage de noces. Elle était tombée amoureuse de la Polynésie ». Un départ qui était nécessaire pour Manon : « Tahiti me faisait rêver, même si j’avais peur de l’éloignement avec mon père. Il fallait que l’on se détache l’un de l’autre ».

« D’apparence, tout le monde à tendance à me prendre pour une Antillaise alors que je ne connais même pas les Antilles ! »

Manon s’acclimate rapidement à sa nouvelle vie : « Quand je suis arrivée, certaines choses me faisaient penser à l’Afrique comme le climat, la végétation… et les gens étaient sympas et avenants ». De nature timide, elle a cependant quelque peu du mal à s’intégrer : « Je suis arrivée au collège d’Arue en milieu d’année, ce n’était pas évident. Quand je rentrais en truck, je me sentais observée, les gens se demandaient qui était cette fille qui venait de débarquer. Et d’apparence, tout le monde à tendance à me prendre pour une Antillaise alors que je ne connais même pas les Antilles ! »

« Cela m’a toujours fait du bien d’écrire et de raconter ma vie, cela me permet d’extérioriser car je ne suis pas une grande gueule. »

Malgré tout, la France ne lui manque : « J’y allais en vacances, cela me suffisait. Et jusqu’à maintenant, je n’ai pas envie d’y retourner» Après un baccalauréat Scientifique obtenu au lycée Raapoto, Manon passe une licence de communication à l’Institut Supérieur de l’Enseignement Privé de Polynésie française (ISEPP) : « Je n’avais pas envie de continuer dans les sciences. Au départ, je voulais faire psycho, mais comme il fallait faire un master en France et que je n’avais pas envie d’y aller ni les moyens de faire de grandes études, j’ai préféré choisir court. Et la communication était un domaine qui m’attirait» Et Manon aime communiquer par l’écriture. Adolescente, elle tenait d’ailleurs un blog : « L’écrit est ma manière de m’exprimer. Cela m’a toujours fait du bien d’écrire et de raconter ma vie, cela me permet d’extérioriser car je ne suis pas une grande gueule. »

Après un stage aux Nouvelles de Tahiti en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, Manon décroche un CDD qui débouche en un CDI. Elle s’occupe de gérer l’agenda de la rédaction, les pigistes, et couvre toute l’actualité internationale. Un bref passage plus tard à la Dépêche suite à l’arrêt des Nouvelles, Manon passe de la presse écrite au web et à la télévision en intégrant la chaîne TNTV en 2014 où elle est aujourd’hui chef d’édition web, et également chroniqueuse dans la « Web Zone » diffusée chaque mardi soir. Et ce n’est pas tout, Manon est aussi celle qui se cache derrière le blog « Ta mère la blogueuse ».

Première maman blogueuse de Tahiti

Tout a commencé en 2016, alors que Manon attendait son premier enfant : « Quand on est enceinte, on a plein de remarques de tout le monde : tu devrais faire attention à ça, tu ne devrais pas manger ça, etc. Et cela m’irritait beaucoup. Il fallait que j’évacue tout ça. » Pour évacuer, Manon écrit sur son blog. Un Tumblr accessible uniquement par mot de passe. Une façon pour Manon de contrôler avec qui elle partage ses états d’âme : « J’avais besoin de raconter ma vie de future maman et d’avoir des retours de mes amis. »

« Quand c’est la première fois qu’on devient maman, on a l’impression qu’on n’arrive à rien, qu’on ne fait pas les choses comme il faut. »

Puis vient la naissance de son fils le 20 avril 2017 : « Matthéo est né prématurément, à 34 semaines. J’ai passé un mois en néonat. Et j’avais toujours ce besoin d’écrire. J’ai donc ouvert un autre blog où j’écrivais quotidiennement. Cela me faisait vraiment du bien, et cela me faisait passer le temps, comme on était tout le temps à l’hôpital avec mon mari. » Cette fois, son Tumblr est en public, tout le monde peut ainsi le lire et commenter : « Cela fait plaisir de voir que l’on n’est pas seule, que même si nos histoires sont différentes, on se retrouve sur certains points en tant que maman. Quand c’est la première fois qu’on devient maman, on a parfois l’impression qu’on n’arrive à rien, qu’on ne fait pas les choses comme il faut car telle personne nous a dit qu’elle ne faisait pas comme ça à son époque par exemple. Échanger avec d’autres mamans m’a donné confiance en moi. »

En sortant de néonat, Manon a un déclic : « Je suis tombée sur un site spécialisé « Bien vivre sa grossesse » qui cherchait des histoires de maman. J’ai proposé la mienne et ils l’ont publiée. Je me suis rendue compte que cela intéressait pas mal de gens. Je me suis donc décidée à ouvrir un vrai blog. » Son mari l’aide à trouver le nom : « Ta mère la blogueuse », une amie infographiste l’aide pour le logo, Manon gère la partie technique et rédactionnelle du site : « J’ai toujours eu envie de bien faire, que ça marche, que ça plaise. J’ai fait pas mal de recherches avant de me lancer. »

Sur son blog, on y trouve des billets d’humeur, des trucs et astuces, des recettes, des articles où sont interviewés des professionnels -kiné, pédiatres, psychologues-, ou encore des histoires de vie d’autres mamans. Manon voit déjà loin pour son blog : « J’aimerai en faire une plateforme qui soit une véritable aide pour les parents. Je suis dans beaucoup de groupes Facebook de mamans, et je m’aperçois qu’il y a souvent des mamans perdues parce que l’enfant ne marche pas encore, qu’il ne fait pas ses dents… On est constamment inquiets quand on est parents de toute façon, mais plutôt que d’aller chercher des informations en vrac sur les réseaux sociaux ou sur des sites dont on n’est jamais sûr de leur fiabilité, au moins là, il y aurait une plateforme commune avec des conseils de professionnels. Et c’est plus rassurant quand ce sont des médecins locaux qui nous parlent»

« Vivre de mes écrits, c’est mon rêve »

À long terme, Manon aimerait également ouvrir une boutique en ligne de puériculture. Des projets, la jeune femme n’en manque pas, à défaut du temps malheureusement : « Avant j’écrivais de manière plus régulière, car quand j’ai commencé, étant en congé maternité, j’avais plus de temps. Il est vrai que maintenant avec mon travail, j’écris le soir, le week-end… C’est certain que ce n’est pas facile et que ça demande beaucoup d’organisation. Ce serait génial d’être blogueuse à temps plein, même si j’adore mon boulot actuel. Vivre de mes écrits, de mon blog, c’est mon rêve. »

Un rêve qui finira peut-être par devenir un jour réalité, pour celle qui se considère aujourd’hui comme « un enfant du monde » : « Je n’ai plus vraiment de lien avec l’Afrique même si cela fait partie de mon identité, cela fait tellement longtemps que je n’ai pas eu de contact direct avec cette culture que je ne m’y identifie plus vraiment. Je me sens plus proche de la culture polynésienne. J’ai fait pas mal de danse tahitienne et j’aimerai parler tahitien un jour. Au fond, je me sens Polynésienne car j’ai grandi ici et je projette d’y faire toute ma vie. »

Plus d’informations

Sur la page Facebook Ta mère la blogueuse
Sur le compte Instagram tamerelablogueuse
Et sur le site tamerelablogueuse.com
Noémie Schetrit 
Rédactrice web
© Photos : Noémie Schetrit, Manon Della-Maggiora

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