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L’atoll de Tetiaroa entre luxe et préservation

Publié le 19 mai 2022

Ce n’est, non pas en avion ni même en catamaran que Femmes de Polynésie effectue une excursion, mais en empoignant le combiné moderne que nous composons un numéro fixe. À l’autre bout de la ligne, Anne-Laure décroche, évasion immédiate sur l’île qui était jadis le refuge de la famille royale des Pomare, Tetiaroa. Sous la voute azurée de l’atoll des îles du vent, nous rejoignons le Brando, hôtel de feu Marlon.

L'ENVOLÉE D’UNE MISSION

À quelques minutes d’un sanctuaire ornithologique, Anne-Laure nous confie son parcours. À 23 ans, notre diplômée ingénieure agronome s’éprend d’évasion et postule dans les DROM-COM1.

« Je suis partie du jour au lendemain en deux semaines. »

Désormais chargée de mission RSE2 au Brando à Tetiaroa, elle s’attèle à ses nouvelles responsabilités.

« Je suis encore en apprentissage de la culture, de l’histoire et de Tetiaroa. Je me plais dans l’insularité, mais je suis dans le challenge de m’adapter au maximum au village qui est multiculturel. »

Son parcours scientifique l’accompagne vers la découverte de ce métier en école d’ingénieur. Elle peaufine sa formation avec un Master en environnement et enchaîne les projets ainsi que les stages.

« Beaucoup de personnes peuvent entrer dans ces métiers, il ne faut pas nécessairement un diplôme d’ingénieur. Il faut savoir faire l’effort d’apprendre le métier des autres que l’on ne connaît pas. »

Au-delà de ces formations, les compétences sont diverses.

« Il faut être ouvert d’esprit, adaptable et fédérateur. Faire preuve d’écoute à l’égard des services avec lesquels on travaille car les enjeux sont tous différents. Il ne faut pas perdre son objectif et s’adapter. »

Sa volonté de travailler dans l’univers de la RSE est avant tout de pouvoir résoudre des problèmes dans l’environnement.

« C’est un métier qui va se généraliser dans les entreprises. Il y a de beaux métiers qui vont s’ouvrir et qui ouvrent des portes sur beaucoup d’autres. »

CHARGÉE DE MISSION RSE

Quelques interférences dues à l’éloignement interrompent notre discussion, mais la ligne se reprend et laisse nos paroles s’entremêler et se rencontrer pour échanger.

« L’entreprise se positionne comme assumant ses responsabilités, à la fois du côté social et sociétal à travers ses employés et ses partenaires. »

Anne-Laure nous éclaircit au sujet du Brando et de la branche RSE.

« Le Brando s’est toujours soucié de représenter un exemple et pas juste à l’échelle de l’hôtel, mais aussi dans le village à travers la gestion des déchets dans la communauté. »

Des partenaires comme Enviropol ou Fenua Ma se joignent à cette cause, permettant ainsi de revaloriser et de traiter les déchets.

« Les chiffons, les filtres ou les cartons sont des déchets qui, d’habitude, ne sont pas bien triés ou traités. Enviropol réceptionne ces déchets-là, offrant ainsi un vrai centre de tri. »

Des partenariats résonnant au sein de problématiques touchant la biodiversité, la culture et la santé.

« Par exemple, nous avons un bac spécial où les savates du staff sont jetées. Pour ce cas-ci, nous sommes en partenariat avec Tahitian Move qui recycle leurs savates. Ils récupèrent le caoutchouc et donnent la matière aux artistes locaux pour leurs œuvres. »

Mais aussi par le rapatriement de déchets.

« De nombreuses poubelles sont à disposition à travers le resort, les villas ou les bureaux. Quant au centre de tri, il est géré par EDT (Energie de Tetiaroa), qui se charge de la collecte, du traitement et de l’envoi des déchets à nos partenaires. La déchetterie traite l’ensemble des déchets des habitants de l’atoll de Tetiaroa, y compris ceux des clients du Brando.»

De plus en plus d’initiatives de ce genre sont prises et les résultats se voient, nous dit-elle.

VERS UN ENVIRONNEMENT PROSPÈRE

Des éclaircies s’engouffrent dans les locaux, réchauffant le clavier pianotant les propos qui défilent dans le firmament de la pièce, s’imprimant sur l’écran aux pixels calibrés.

« C’est un beau défi du moment car on sort d’une crise de deux ans et il y a un bel état des lieux à faire. La responsabilité sociale dans l’hôtellerie est jeune et l’objectif est de la consolider pour continuer cette dynamique du Brando. »

Des projets sont à impulser et 4 objectifs qui concernent la biodiversité, la culture, l’environnement et les communautés se dénotent.

« Le but est d’agir aussi pour les collaborateurs et les communautés. Nous accueillons régulièrement sur Tetiaroa les autorités locales ou les écoles. Ce qui leur permet d’en apprendre davantage sur notre gestion sous la forme d’échanges ou de formations. »

Avant de libérer la ligne vers d’autres échanges, Anne-Laure nous quitte sur ce dernier message.

« On peut accroître la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable, il faut que les gens se forment. Beaucoup de choses sont réalisées, mais ne sont pas valorisées. Il faut être le moteur de ces valorisations, être porteur de ces valeurs et de ces actions. »

1 DROM-COM : Les outre-mer comprennent les territoires de la République française éloignés de la France métropolitaine. On parle aujourd’hui de DROM-COM anciennement nommés DOM-TOM.

 

2 Responsabilité Sociétale des Entreprises, elle est définie par la Commission européenne comme l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupations sociales et environnementales.

Manutea Rambaud

Rédactrice

©Photos : Benoît SYLVESTRE pour Femmes de Polynésie

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