Anaïs, le goût des rencontres et de l’engagement
Par une chaude fin de matinée, nous poussons les portes de la Croix-Rouge à Pirae, Anaïs Robert est là, bien occupée. Arborant un sourire solaire, en toute simplicité, elle nous guide vers l’épicerie solidaire attenante aux bureaux. Cette épicerie et les cinq autres sur l’île, elle les connaît bien puisqu’elle en est responsable. Sa Bretagne natale, ses pérégrinations et ses rencontres en Polynésie ont fait naître chez elle un goût certain pour le partage et la solidarité. Pour femmes de Polynésie, Anaïs revient sur ce parcours et sur son engagement pour les autres.
Les premiers pas sur sa voie
En 2007, Anaïs a 15 ans et son lycée met en place une mission interculturelle et solidaire en partenariat avec une ONG1. Elle fait partie des plus jeunes à intégrer cette mission volontaire visant à réhabiliter une bibliothèque au Burkina Faso.
« Ça m’a donné le goût des rencontres, du vivre ensemble, l’envie de m’intéresser aux autres cultures. »
Ces nouvelles portes, ouvertes en Afrique, Anaïs ne va jamais les refermer.
Elle se dirige vers la gestion de programmes internationaux, mais c’est en changeant d’échelle qu’elle trouve son équilibre. De l’international vers le local, c’est d’abord une mission à Brest qui va lui permettre de changer de direction. Elle accompagne alors de jeunes porteurs de projets socioculturels et environnementaux.
« J’étais sur le terrain, à la rencontre des habitants, des associations. Grâce à cette expérience, j’ai compris que j’avais une sensibilité particulière pour les projets sociaux et écologiques qui peuvent, selon moi, contribuer de la meilleure façon au progrès social. »
D'un océan à l'autre
Le goût pour les échanges culturels n’a pas quitté Anaïs. Quand, avec son compagnon, elle a l’occasion de s’installer en Polynésie, elle fait ses bagages sans hésiter. Elle qui a vécu toute sa vie près de la mer, ne se voit pas vivre autrement. À son arrivée, elle s’engage bénévolement pour la Croix-Rouge. La délégation vient en aide aux personnes vulnérables et c’est vers les épiceries solidaires qu’Anaïs se tourne. Ces épiceries permettent aux personnes rencontrant des difficultés financières d’accéder à une aide alimentaire de manière ponctuelle ou régulière.
« Le droit à l’alimentation, c’est un droit fondamental, et pour autant, tout le monde n’y a pas accès de manière suffisante. C’est aussi pour ça que je me suis orientée vers les épiceries solidaires. »
D’abord bénévole, une opportunité la conduit à être recrutée par la Croix-Rouge en tant que responsable des épiceries solidaires pour la délégation de Polynésie2. Elle coordonne les équipes bénévoles, elle est sur le terrain et accompagne les bénéficiaires.
« Les échanges avec les bénéficiaires et les bénévoles, c’est ça qui me plaît.
Je suis consciente qu’on ne peut pas changer radicalement la vie des gens, mais on intervient souvent pile au moment où ils ont besoin de souffler, et ça leur permet d’aller de l’avant. »
Apprendre en commun
Au contact des bénévoles et des bénéficiaires, elle apprend tous les jours.
Anaïs discute avec les gens, recueille leurs ressentis et leurs histoires. Il y a aussi les liens humains avec les familles accompagnées et la joie de voir que les coups de pouce apportés portent leurs fruits. De la même manière, elle coordonne les équipes bénévoles avec humilité et bienveillance et fait là encore de belles rencontres.
« Une de nos bénévoles est à la Croix-Rouge depuis plus de 15 ans. Elle vient 4 fois par semaine nous aider. Elle est toujours de bonne humeur, hyper engagée pour l’association et pour les bénéficiaires et elle a 80 ans ! J’ai de l’admiration pour ce genre de personne. Le temps est ce que nous avons de plus précieux à donner. Qu’à cet âge-là tu puisses encore consacrer autant de temps aux autres, c’est impressionnant. »
La découverte de soi par la découverte des autres
Sa mission à la Croix-Rouge est déterminante pour Anaïs, à la fois dans la découverte du fenua, de ses habitants, mais aussi dans la découverte de soi. L’univers associatif lui a offert la possibilité de découvrir un monde où tout le monde se mélange et se côtoie dans une ambiance sereine et accueillante.
« Quand on s’engage pour une association, on oublie l’entre-soi et on s’ouvre beaucoup plus aux rencontres.
C’est ce que ça m’a apporté et je pense que c’est vrai pour tout le monde. »
Anaïs perçoit aujourd’hui son expérience associative au fenua comme une formidable opportunité d’intégration dans la société polynésienne, grâce à laquelle elle a pu s’entourer de gens aux parcours très différents.
« Mon expérience de la Polynésie, ce sont des rencontres qui m’ont appris à mieux me connaître, à gagner en confiance en moi et à trouver ma voie. »
1 ONG : Organisation non gouvernementale
2 La Croix-Rouge gère 6 épiceries solidaires à Arue, Pirae, Faa’a, Punaauia, Moorea et une épicerie solidaire mobile à la presqu’île.
Morgane Durrenbach
Rédactrice
©Photos : Morgane Durrenbach pour Femmes de Polynésie