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Kileani, Ranitea et Haniley pour le rugby au féminin

Publié le 22 novembre 2023

Sur le stade de rugby de Paea Manu Ura l’entraînement bat son plein. D’un ton ferme, Ranitea donne les instructions relatives au bon déroulement de la séance. Lorsque le ballon ovale atterrit dans les mains de Haniley, le serrant fort, elle rentre en contact et tandis qu’elle le libère au sol, Kileani le saisit et d’une feinte de passe, elle ouvre un intervalle pour l’aplatir dans la zone d’essais.

Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas une, mais 3 Femmes de Polynésie que nous vous présentons. Trois joueuses de rugby qui n’ont rien à envier aux joueurs masculins, si ce n’est la structure et le nombre d’équipes dans le championnat local. Parole à la coach et ses deux intrépides joueuses, car « dans la vie comme dans le rugby, ensemble, on est plus fort. »

Ranitea

Elle encadre les entraînements des U161du club de rugby de Paea, Manu Ura. Par manque de joueuses à Paea, elle enchaîne les plaquages en tant que joueuse dans l’équipe de Faa’a.

« Je suis plutôt en mêlée. Je joue au rugby depuis que je suis toute petite. Toute ma famille pratique ce sport. La première fois que j’ai vu le rugby, c’était avec mon papa. Maintenant président de notre club, il n’a jamais cessé de nous pousser. Comme mon père, mes frères aussi jouent pour Paea. »

En ce moment, ce sont 3 équipes de rugby féminin à sept qui se disputent le championnat : Faa’a hine, Toa hine, Jeunesse rugby de Moorea. Bien que globalement, le rugby féminin semble avoir le vent en poupe, la pratique de ce sport reste malheureusement très stéréotypée pour les femmes.

« Les gens pensent que le rugby est un sport dédié aux hommes, mais même si l’on n’est pas beaucoup, il y a des femmes qui jouent. Venez essayer ! »

D’après Ranitea, le rugby est vecteur de valeurs fortes.

« Le respect. Sur le terrain, au sein de l’équipe et envers tes adversaires et tes supporters. »

Dans son coaching, les objectifs sont clairs.

« Mon but en tant que coach est de développer le rugby chez les jeunes. Que ce soient les garçons ou les filles. Après, pourquoi ne pas essayer de créer une équipe féminine à Paea. »

Contrainte de se déplacer à Faaa pour jouer en équipe, Ranitea ne s’avoue pas pour autant vaincue. Sa passion pour l’ovalie reste intarissable.

« Quand je joue au rugby, je ressens du plaisir et du partage dans le jeu. J’adore partager mon savoir-faire aux nouvelles et beaucoup rigoler. Je déteste courir sur le terrain, par contre, j’aime les plaquages. J’essaye de plaquer ce que je peux. Si j’avais peur, je ne jouerais pas au rugby, je ferais de la danse. »

Pour la jeune coach, la lucidité est de mise surtout dans les situations les plus difficiles.

« Le rugby, c’est vraiment un sport qui amène au contact. Parfois, tu reçois des gifles, tu veux la rendre, mais il faut rester lucide. C’est ce que j’apprends aux jeunes. Il y a des incidents involontaires, il faut rester respectueux. Tu reçois de baffes de gauche à droite, c’est normal, c’est le jeu. À la fin, ils se font toujours pardonner. C’est ça l’esprit. »

En famille, à tous les matchs, dans la victoire comme dans la défaite, chez les Teinauri, on se soutient.

« Ils sont là aussi pour moi. Mon père est notre premier fan. Souvent, on nous entend gueuler aux matchs (rires). C’est important de se relever. Mon père nous a toujours appris à ne jamais baisser la tête, toujours se relever. »

Et pour sa famille étendue, Ranitea décèle un fort potentiel en ses deux joueuses Kileani et Haniley. Dans le futur, elle assure vouloir jouer avec elles, et cela, préférablement dans la même équipe.

« Kileani court beaucoup, elle est souvent là en soutien, elle ouvre le jeu pour ses coéquipiers. Sa vitesse et son esprit de jeu sont ses qualités. C’est pareil pour Haniley qui  n’hésite pas à aller au contact pour ouvrir des couloirs pour ses coéquipiers. Niveau contact, elle est très forte. »

Kileani

À 14 ans, , la jeune joueuse transpire la passion quand elle parle de ce sport qu’elle a hérité de son père. Elle a une pointe de nostalgie quand elle évoque ses premiers pas sur le terrain.

« C’est mon père qui m’a mis au rugby car il en jouait avant. Avec Ranitea, il est également mon coach. »

Aujourd’hui, elle assume pleinement son choix de jouer au rugby, même si cela n’a pas toujours été une évidence.

« Petite, je n’aurais jamais pensé qu’un jour, je jouerais au rugby. C’était plutôt un sport de garçon. Je n’avais jamais vu de match de fille, puis un jour, je suis venu aux entraînements, j’ai vu d’autres filles. En ce moment, je vois beaucoup de matchs de filles. »

Et quand Kileani nous partage son envie de participer aux Jeux du Pacifique dans 4 ans avec une équipe féminine de Tahiti, elle nous rappelle les raisons qui la mènent sur un terrain :

« J’aime courir entre les intervalles. J’aime aussi être confrontée aux garçons, car souvent, on peut leur montrer qu’ils ne sont pas automatiquement plus forts que nous. Pour moi, le rugby est synonyme de respect. Dans 10 ans, même si je ne perce pas, je continuerai à m’amuser avec mes copines. Si l’on ne s’amuse pas, c’est peut-être que ce n’est pas fait pour nous. »

Haniley

À 16 ans, la joueuse originaire de Paea s’entraîne déjà de temps à autre avec l’équipe des seniors. Comme Ranitea nous l’explique, Haniley aime le contact, la jeune rugbywoman nous explique les raisons de cela.

« Un bon plaquage ne fait pas mal, il neutralise sa cible. J’ai rarement mal quand on me plaque. C’est comme si c’était normal. J’aime aller au contact car je sais qu’il y a du soutien derrière. »

À sa mesure,  elle souhaite participer au développement du rugby féminin local et ambitionne le haut niveau. Cela semble naturel pour Haniley qui baigne dans l’ovalie au sein de sa famille.

« Mon objectif, c’est de ramener la coupe cette saison pour prouver que c’est possible. On manque de femmes dans ce sport. On n’a pas assez d’équipes féminines. Il faudrait équilibrer le championnat local. Il faudrait qu’il y ait autant de femmes que d’hommes dans le rugby. »

En toute simplicité, elle partage les valeurs qui lui sont chères dans ce sport.

« Pour moi, les valeurs importantes dans le rugby sont la discipline et le respect. »

Dans l’équipe mixte dans laquelle ces trois irréductibles passionnées œuvrent, l’heure est à la préparation du prochain match. Tandis que nous quittons le stade, nous leur souhaitons le meilleur à venir pour elles, leur équipe et l’accomplissement de leurs rêves.

1 Équipe constituée par une sélection de joueurs de seize ans et moins.

Yvon Régis Bardes

Rédacteur

©Photos : Niuhit Gerbier et Tevai Maiau pour Femmes de Polynésie

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