Avec Stéphanie de la FTF : promouvoir le football féminin en Polynésie
Ce samedi 25 novembre a lieu l’événement Live Your Goal1, en association avec la Condition Féminine. L’objectif de cette journée ? Pousser les jeunes filles et leur maman à jouer au football ensemble afin de découvrir ce sport, de partager une passion et de défendre la condition féminine. Femmes de Polynésie est allé à la rencontre de Stéphanie Spielmann, passionnée du ballon rond et organisatrice de cette opération. Dévouée, elle se bat au quotidien pour faire la promotion de ce sport qui se conjugue de plus en plus au féminin !
S’IMPLIQUER DANS LE FOOTBALL FEMININ
Si vous demandez à Stéphanie quand est-ce qu’elle a débuté le football, elle ne pourrait vous répondre. C’est simple, ce sport a toujours fait partie de sa vie. D’origine alsacienne, elle joue à Vendenheim, un club de la région Grand-Est avec lequel elle atteint le niveau D1. Elle obtient par la suite son diplôme BEF2 et entraine en Alsace durant quelques années. En 2014, Stéphanie décide d’emménager en Polynésie avec pour principale motivation d’y développer le football féminin.
« En vacances ici, j’ai appris qu’il n’y avait plus de championnat pour les filles, ni de clubs pour les accueillir. J’étais intriguée car je voyais pourtant des filles jouer. J’ai donc décidé d’apporter mon expérience et la mettre à profit du football féminin en Polynésie. »
À son arrivée au Fenua3, Stéphanie cumule les petits boulots puis rejoint l’AS TEFANA4 où elle entraîne les garçons. Au sein de cette association sportive de Faa’a, elle rencontre une joueuse à fort potentiel, Kiani Wong. Les perspectives d’évolution étant limitées pour les footballeuses en Polynésie, Stéphanie, avec l’aide de l’AS TEFANA, met tout en œuvre pour aider la jeune fille à partir. Kiani passe des tests, les réussit et s’envole pour l’Hexagone5 où elle pourra participer à des compétitions professionnalisées et adaptées à son niveau. Elle devient la première tahitienne a intégrer un pôle espoir en France.
« C’est une grande fierté pour la Polynésie d’être représentée en France par cette jeune fille. Je suis heureuse d’avoir pu l’aider à y parvenir, c’est la raison pour laquelle je suis venue ici. »
Une première réussite pour Stéphanie qui veut s’impliquer davantage. En 2016, son dévouement porte ses fruits puisqu’elle devient chef de projet au développement du football féminin à la FTF (Fédération Tahitienne de Football). Le football polynésien bénéficie ainsi de l’expertise d’une ancienne joueuse et de l’implication d’une femme dans son organe dirigeant.
LA PLACE DE LA FEMME DANS LE SPORT : UN COMBAT QUOTIDIEN
Lorsque je demande à Stéphanie ce qu’elle pense de la place de la femme dans le sport en Polynésie, elle me répond en prenant l’exemple de la compétition Hawaïki Nui6 :
« Les femmes sont peu, voire pas du tout médiatisées. Elles font les mêmes entraînements et fournissent les mêmes efforts mais sont pourtant moins mises en avant. Les femmes doivent toujours se battre pour obtenir la même reconnaissance que les hommes ».
Que l’on s’intéresse à elles et qu’on parle d’elles est le combat quotidien de Stéphanie. Stéphanie tient toutefois à souligner qu’ici, il y a beaucoup moins de barrières.
« Pour moi, elles manquent vraiment de reconnaissance, mais c’est plus de l’oubli qu’un manque d’envie. Il faut simplement qu’on prenne conscience qu’elles se battent tout autant, qu’elles sont là à tous les entrainements, à tous les matchs. Une fois qu’ils comprennent ça, je n’ai pas l’impression d’avoir de barrières. »
RENDRE ACCESSIBLE LE FOOTBALL AUX JEUNES FILLES
Le football est plus qu’un jeu, c’est un style de vie qui crée du lien et véhicule des valeurs positives. Ce sport est accessible à tous, aux filles comme aux garçons. Du moins, si on leur en donne les moyens et c’est ce que la FTF s’engage à faire en mettant en place diverses actions comme les festivals Hine8, l’opération Maeva9 et le programme Live your goal.
Les festivals « Hine » – Donner l’opportunité aux footballeuses de jouer ensemble
Stéphanie m’explique qu’en Polynésie, les jeunes filles jouant en club sont souvent en mixité. Entre 7 et 11 ans, elles sont plus grandes que les garçons donc les duels restent équitables. Toutefois, à partir de 13 ans, les garçons grandissent. Ils prennent en masse musculaire, frappent plus fort, courent plus vite. Les joueuses ont plus de mal à rivaliser. Elles continuent pourtant à développer des qualités techniques très intéressantes.
« On s’est rendu compte qu’après U1310, les filles ont tendance à arrêter car on s’intéresse beaucoup moins à elles. Le but des festivals Hine est donc de rassembler les filles de plusieurs clubs afin qu’elles puissent faire des matchs entre elles. »
La Fédération organise les festivals Hine plusieurs fois par an pour que les joueuses évoluant en mixité ne lâchent pas, persévèrent et aient l’occasion de jouer avec d’autres filles du même niveau. Ces festivals sont un moyen de les mettre en valeur.
L’opération Maeva – Favoriser l’inscription des filles en club
Avec l’opération Maeva, la Fédération s’engage à accompagner les clubs lors de leur journées portes ouvertes. La seule condition ? Qu’ils acceptent les filles, comme les garçons. Educateurs, équipement, flyers, affiches, la FTF fourni ce dont les structures ont besoin pour accueillir les jeunes joueurs dans de bonnes conditions.
« La première fois que l’on a fait cette opération, il y avait quasiment que des garçons mais ce n’est pas grave, il y a eu trois filles. Pour moi, c’est un bon début. Trois nouvelles filles ont signé dans un club. Si on n’avait pas dit que c’était ouvert aux filles comme aux garçons, elles n’auraient peut-être pas osé venir. »
Live your goal – Pousser les filles à jouer au football et s’y impliquer durablement
La promotion du football féminin est un enjeu majeur et un axe prioritaire pour la FIFA (Fédération Internationale de Football Association) qui est à l’initiative du programme Live Your Goal. Live Your Goal a pour ambition d’encourager les jeunes filles à pratiquer le football et à s’y impliquer durablement. Il s’agit d’évènements ponctuels, organisés tout au long de l’année, qui réunissent une centaine de fille âgées entre 6 et 12.
Pour l’opération de ce 25 novembre, la FTF s’est associé à la Condition Féminine afin que les mamans prennent part aux festivités accompagnées de leurs filles et qu’ensemble elles puissent partager la passion du ballon rond, mais pas seulement. Un atelier nutrition sera tenu par Tumarama de la cellule de promotion de la Santé et un atelier mère-fille sera proposé par Nathalie de Familipsy. Les sujets abordés seront la sensibilisation aux stéréotypes de la question du genre et de l’éducation autour de la place de la fille dans la famille.
Aujourd’hui, le football féminin compte un peu plus de 200 licenciées en Polynésie. Un chiffre qui tend à progresser grâce aux opérations déployées par la FTF tout au long de l’année. Parmi ces actions, un championnat de grande envergure, fruit d’un travail d’équipe remarquable et surtout représentatif de l’évolution du football féminin en Polynésie.
« On a vraiment travaillé main dans la main avec les compétitions, avec la direction générale, c’est un travail d’équipe. La FTF prend tout en charge pour donner une chance aux jeunes joueuses d’avoir un véritable championnat. »
1Live Your Goal : Vis ton but
2BEF : Brevet d’entraîneur de Football
3Fenua compris ici comme Tahiti
4AS TEFANA : Association sportive du quartier Tefana
5Hexagone : France
6Hawaïki Nui : Compétition de Va’a, course de pirogues
7Va’a : Pirogue
8Hine : Femme
9 Maeva : Bienvenue
10 U13 : U=UNDER, les moins de 13 ans
Plus d’informations
Sur le site internet de la FTF : www.ftf.pf
Sur le site internet zuckoo.pf
Mereani Maraeauria
Rédactrice web
© Photos : Femmes de Polynésie, Fédération Tahitienne de Football