Christine, une vie de sport et de musique
On pourrait jouer à une devinette : il s’agit d’une femme, sportive et musicienne. Sa vie familiale se déroule à Moorea, sa profession s’exerce à Tahiti. Le tout baigne dans une existence mouvementée, passionnée et courageuse. Qui est-elle ? Femmes de Polynésie répond par un portrait : Christine Tahi. Découverte d’une jeune femme qui s’échauffe avec des haltères et des vocalises. Un portrait qui n’a pas froid aux yeux.
SPORT ET COMPÉTITION
Comme Astérix, qui petit, tombe dans la marmite de potion magique, Christine est enfant quand elle plonge dans le monde du sport. Tout comme son père et ses frères : l’entraînement physique est une passion de famille.
« De mon enfance à mon adolescence, j’ai participé à des cross ou des courses de longue durée, je pratiquais l’athlétisme et la natation. Puis est arrivée la musculation.»
En 2015, Christine participe à sa première compétition de culturisme1 et arrive en quatrième position. Devant le jury et les spectateurs, elle dévoile le galbe de sa musculature travaillée durement au fil des mois, et l’assèchement de son corps façonné par un régime draconien.
« Les deux derniers mois sont les plus difficiles, il y a beaucoup de privations alimentaires, donc de fatigue et de changements d’humeur. »
Trois ans après, Christine connaît les joies de la maternité.
« Aujourd’hui mon fils a trois ans, mon frère et sa femme peuvent s’occuper de lui pendant que je travaille; j’ai maintenant du temps pour prendre soin de moi. »
La jeune culturiste reprend donc la compétition cette année, pour un nouveau championnat à Tahiti fin 2022 : elle a repris entraînement et régime. Elle vise les compétitions polynésiennes dans un premier temps, puis à l’international.
« C’est dur de se préparer pour une compétition, mais j’aime ce milieu, il me manque ! C’est un défi personnel, et j’ai vraiment envie de gagner ! »
VIE EN MOUVEMENT
Christine est une jeune femme courageuse, avide d’indépendance. Elle quitte sa famille à 19 ans, se débrouille pour se loger et trouver du travail dans l’hôtellerie, s’installe quelques années à Bora Bora, Tahiti, enfin Huahine, puis choisit de vivre seule à Moorea avec son fils.
La vie de Christine ressemble à une compétition au quotidien. Lever à 4h du matin sur l’île sœur. Arrivée par le ferry à 6h à Tahiti, puis séance de musculation en ville. De 8h à 17h, Christine travaille comme assistante comptable et administrative à la marina Taina. Retour à Moorea en fin de journée : Christine endosse alors le rôle de maman, et retrouve avec délices son fils.
« Ce que je fais, c’est toujours à fond. »
Après le bodybuilding de la semaine, le week-end est réservé à l’entraînement cardio : des randonnées en nature avec ses amis. Mais la jeune femme doit s’écouter. Au lycée, elle a contracté une infection pulmonaire qui lui a laissé des séquelles : une boursouflure au poumon gauche. Les sports d’endurance lui sont dorénavant interdits, alors que Christine excellait dans ce domaine. Comme il était hors de question qu’elle abandonne le sport, elle s’est tournée vers la musculation.
« Le sport m’aide à me sentir bien dans ma tête, à me défouler, à être épanouie et à avoir plus confiance en moi. »
Pour sa première compétition de culturisme, Christine s’était préparée avec celui qui partageait sa vie ; il était plus facile de s’entraîner à deux. Aujourd’hui, la jeune femme s’entraîne seule, mais pas complètement. Ses amis la soutiennent, ainsi que son cousin Teriimana de Sit Seo Yen pour la nutrition. Son amie Vaihere Desolier, professionnelle dans le milieu, la conseille également beaucoup.
MUSIQUE EN FAMILLE
« Mon papa nous a inculqué la musique, moi et mes frères on aime ça ! »
Christine commence par chanter à l’église, puis dans des soirées. Elle participe au concours Nescafé Star en 2010 et arrive en demi-finale. Des succès sur lesquels elle aurait pu surfer pour devenir professionnelle et partir à l’étranger. Mais Christine tient trop à sa vie en Polynésie et à sa famille pour s’en éloigner. La musique restera une passion.
Christine et ses deux frères créent leur groupe de musique : Otahi, qui signifie « unique ». Un jeu de mots avec leur nom de famille Tahi, « le premier ». Elle chante, ils jouent, en interprétant toutes sortes de styles musicaux. Ils se produisent dans des bars, des cafés, ou dans des soirées privées. Une belle aventure !
« Quand je chante, je me sens envahie par la musique, par un grand sentiment de liberté et de bien-être ! »
La chanteuse rajoute :
« J’essaie de faire ce que j’aime, ce qui me passionne, ce qui me fait sourire. »
Car pour Christine, il est important de conserver ce sourire, et d’aborder la vie avec cette joyeuse intention.
1 Le but du culturisme est d’acquérir une masse musculaire particulièrement développée et harmonieuse.
Rédactrice
©Photos : Doris Ramseyer, Christine Tahi et Tehiva Bouillaud pour Femmes de Polynésie
