Tina Lioux, cap vers l’école de voile d’Arue
Femmes de Polynésie a rendu visite à Tina Lioux, la nouvelle directrice de l’école de voile d’Arue. Nappés d’embruns et épris de flots, nous voici entraînés dans un récit gorgé d’humilité et d’aspirations. Rencontre avec une meneuse à la vision humaine, qui gère sa structure d’une main de fer dans un gant de velours, pour que vivent la navigation et l’opération sociale de la SAGA.
LE HASARD FAIT BIEN LES CHOSES
Tina Lioux est née et a grandi à Tahiti.
« Je suis une fille de Mahina. »
C’est en 2008 que son CV tombe entre les mains d’un membre du bureau de l’école de voile d’Arue, alors qu’elle n’a même pas postulé pour ce poste.
« Je ne suis pas du tout voileuse. C’était vraiment un hasard, je ne connaissais pas du tout l’école de voile d’Arue. J’ai appris un peu sur le tas. »
La jeune femme passe un entretien, et devient secrétaire pour la structure. La voilà embarquée dans l’aventure.
REPRENDRE LE FLAMBEAU
Malgré son manque de connaissances dans le domaine, Tina ne perd pas le nord. Elle s’enrichit aux côtés de Henri Cornette de Saint-Cyr, dit Doudou, son directeur de l’époque.
« Depuis 2019, Doudou a commencé à me mettre en charge de dossiers plus importants, comme des demandes de subventions. »
Elle gagne la confiance de ce marin grandement respecté, tant pour ses capacités à comprendre l’océan que pour son caractère généreux. Elle obtient même son permis Mer, et s’aventure sur l’eau à son tour.
« En 2022, il m’a convoquée, et moi je me demandais ce que j’avais fait (rires). En fait, il m’a demandé de prendre sa relève… J’étais émue et choquée à la fois. »
Maman d’une adolescente, elle se demande à quel point ces nouvelles responsabilités impacteront sa vie de famille, elle n’accepte donc pas de suite la proposition. Cependant, la graine est plantée. Ainsi, en 2023, elle est reconvoquée par le directeur qui réitère sa demande. Tina Lioux décide alors de tenter ce voyage lourd de tâches et de sens.
« Doudou, c’est un grand homme. C’est le fondateur de la SAGA, le créateur de l’école de voile, donc reprendre ce flambeau, c’est un grand honneur. »
Sa fille et son mari l’épaulent dans ses défis.
« Depuis que j’ai pris la direction de l’école de voile, ma famille est là pour me soutenir. »
UN VENT DE NOUVEAUTÉ
« Mon plus gros challenge, c’est d’avoir du nouveau à l’école de voile, de pouvoir mettre en place de nouvelles actions. »
Tina Lioux ne tarit pas d’idées pour faire vivre le club.
« Cette année, on a ouvert le wing foil, qui n’est pas encore bien en route. »
Pour elle, c’est un patrimoine qu’il faut conserver, chérir, et accepter de voir grandir.
« Pourquoi pas ouvrir une autre école sur la côte ouest ! »
Exactement comme elle, lorsqu’elle y est arrivée à seulement 23 ans.
« Il faut croire en ses rêves et donner de soi-même pour pouvoir avancer. Mettre le cap en avant. »
LA SAGA, UN LIEU DE RENCONTRES
Depuis 1993, l’école de voile d’Arue organise la SAGA, une opération prenant place sur la période de juillet-août. Chaque année, des centaines de jeunes issus de milieux défavorisés sont accueillis à Tahiti ou dans les îles, pour un séjour autour de la voile et des activités nautiques.
« L’opération de la SAGA m’a beaucoup touchée, via les enfants qu’on accueille. »
Selon Tina, cette expérience est avant tout humaine.
« Ce que je préfère, c’est le contact avec les gens, la rencontre de nos partenaires. On connaît de nouvelles personnes, des familles d’accueil, notre lingère, les gardiens… Que ce soit pour nous ou pour les enfants, c’est beau de rencontrer des gens à travers notre culture, dans les îles ou ici à Tahiti. »
Et elle souhaite que cela dure le plus longtemps possible.
« Le vœu le plus cher de Doudou, c’est que la SAGA perdure dans le temps. C’est le mien aussi. Que nos enfants polynésiens se sentent écoutés, entendus par nos encadrants, les sortir de leur quotidien. »
En seulement deux ans de direction, Tina Lioux a su se montrer à la hauteur des missions du poste qu’elle occupe. Avec elle, se perpétuent les valeurs originelles de l’école de voile d’Arue, de par son attachement à celui qui lui a tout appris du métier, mais c’est aussi son propre chemin que Tina trace, le regard toujours vers l’horizon.
Rédactrice
©Photos : Cartouche et la Saga Tahiti pour Femmes de Polynésie
Directeur des Publications : Yvon Bardes
