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    Portrait

    Rose : l’audace, l’art et le bon goût

    Publié le 12 janvier 2020

    Self-made woman, vous connaissez ? Ce sont ces femmes parties de rien et qui ne doivent leur réussite qu’à elles-mêmes. Dans cette catégorie pourraient figurer toutes les femmes actives, mobiles et ambitieuses du fenua. Femmes de Polynésie s’est intéressé à l’une d’entre-elles en particulier : Rose Mapuhi-Vermande. Voici le portrait d’une dame qui, l’air de rien, a fait son petit bonhomme de chemin.

    Des bancs de l’école à l’école de la vie

    Rose, aussi connu sous Taitua, est une enfant du pays, née d’une mère des Tuamotu, cuisinière à Cardella, et d’un père artiste français. Si elle pratique la danse classique et tahienne, le destin fait qu’elle doive quitter le système scolaire pour l’école de la vie.  A 14 ans, elle travaille pour un commerçant contre un carton de nourriture.

    « Du beurre, du punu pu’atoro, l’essentiel était de ramener de quoi manger tous les soirs. »

    Un rythme qui va durer 2 ans avant de se lancer dans le bâtiment. A 17 ans, la voici aux commandes d’une entreprise de construction qu’elle monte avec son ex-mari. Carrelage, maçonnerie, menuiserie, Rose est de tous les chantiers. Les plans n’ont plus aucun secret pour elle, ce qui lui permet de toucher une clientèle qui n’a pas les moyens de s’offrir les services d’un architecte.

    « C’est à ce moment que je m’initie à la décoration d’intérieur. »

    A la construction, elle ajoute la carte chauffeur poids lourds. Bulldozer, pelleteuse, drague, camion, … rares sont les lundis matin où, en l’absence d’un employé, elle n’enfourche pas l’une de ces montures pour réaliser les travaux de terrassement, de livraison, le tout sans avoir le permis poids lourds !

    « J’ai adoré et j’adore toujours ça ! »

    L’Art…

    Elle divorce du côté rustre du bâtiment pour épouser le raffinement d’une galerie d’art. La trentaine à peine entamée, elle fait l’acquisition d’un local qu’elle habille du sol au plafond, en passant par la façade et les murs. La Galerie des Tropiques est née en 1991. En 29 ans elle fédèrera les artistes locaux et internationaux afin de dynamiser un secteur en pleine expansion.

    « Mon but était de mettre en lumière la créativité.»

    Cette démarche répond à un besoin de partage mais également à une envie de voir s’exprimer le beau et le meilleur chez les autres.

    … et le bon goût !

    Et il y a 4 ans, en bonne épicurienne, Rose innove avec l’ouverture d’une épicerie fine : « L’artisane ». Après quelques mois de travaux, elle transforme une pièce autrefois dédiée aux ateliers de peinture en une boutique de produits made in fenua.  

    « C’est parti du fait que l’on a installé des ruches aux Tuamotu pour donner du travail aux jeunes. Et je n’avais pas de local pour réceptionner le miel qu’il fallait vendre. »

    Miel de Makemo, chocolat de Taravao, café de Rapa, épices des Marquises, confitures ou encore cosmétique, Rose mise sur la fabrication locale. Du packaging au produit, Rose pratique le patriotisme économique en misant sur le savoir-faire des producteurs locaux.

    « On se doit de rester créatif, innovant, authentique et original ! »

    Femme d’exception, douée de sensibilité et capable de beaucoup de choses, Rose est à l’image de ces Polynésiennes battantes qui osent.

    « Oser, quel que soit le domaine. Il faut que ça fusionne, parce que lorsque l’on a de belles émotions, cela rayonnent autour de nous. »

     Jeanne Phanariotis

     Rédactrice Web

     ©Photos : Rose Vermande

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