PEKA’17, l’art à quatre mains
Côte ouest, en bord de mer, Femmes de Polynésie retrouve Pénélope et Kalani à l’heure du goûter pour qu’elles nous partagent leurs années complices en tant qu’artistes mère et fille. Une jolie histoire de peinture en famille nommée PeKa’17, dont on peut voir les œuvres à la Galerie Au Chevalet jusqu’au 31 octobre, aux côtés de celles de Moya et Teraitua Yvon.
Premiers pas d’une aventure créative
« PeKa’17. C’est Pénélope et Kalani à partir de 2017, quand on a créé notre page Facebook pour essayer de faire un petit journal et garder en archives nos créations et nos petites vidéos. »
Pénélope est née aux États-Unis, d’un père tahitien et d’une mère d’origine marocaine.
« Mais j’ai grandi ici, à Punaauia, et j’ai fait des études d’anglais à l’université de Bordeaux. Je suis revenue avec le Capes en 2000. »
Après avoir enseigné au collège de Punaauia et à Gauguin, Pénélope enseigne aujourd’hui au collège d’Arue ainsi qu’au lycée hôtelier.
Quant à Kalani, dont le prénom signifie “ciel bleu” en hawaiien, elle dessine depuis son plus jeune âge.
« Elle remplissait des centaines de feuilles par jour ! On a décidé d’essayer la toile. Je n’avais jamais peint, mais mes parents, eux, sont très artistiques : mon père dessine et peint, ma mère fait de la poterie et de la photo. Donc, au niveau créatif, on était plutôt servies ! »
Petit à petit, Pénélope s’est mise à reprendre les toiles laissées inachevées par Kalani.
Une première expo en duo
« Au début, on offrait nos créations à la famille et aux amis, jusqu’au jour où on en a eu trop et je me suis dit ; ‘Pourquoi ne pas aller les montrer à la responsable de la salle d’exposition à la Maison de la Culture ?” Elle a accepté. Malheureusement, juste à ce moment, il y a eu le confinement ! Du coup, ça a été reporté à juillet 2020. »
Elles y exposent une trentaine de toiles. Kalani a alors 5 ans, et sa maman, 37. Depuis, elles continuent de partager leurs créations en ligne, et en ont déjà vendu une vingtaine.
Explorations et diversité des techniques
La mère et la fille passent du temps sur YouTube pour trouver l’inspiration. Leurs références ? John Bechley et Frida Kahlo, pour les couleurs. Et puis, bien sûr, la Polynésie, pour la mer, les poissons et les fleurs.
« Kalani faisait du pouring, cette technique où on verse des couleurs puis on fait glisser la peinture. Pour les enfants, c’est top ! On aimait bien splasher, faire couler, coller, utiliser des Posca1, du tape2 et des pastels-gras… »
Elles explorent toutes ces techniques, tout en restant dans l’abstrait et en utilisant des couleurs très vives qui contrastent entre elles et finissent par bien se marier.
« Pas de couleurs pastel, nos toiles flashent et clashent ! »
Un parcours qui évolue
Entre ses 5 ans et maintenant, le parcours de Kalani a évolué. Maintenant qu’elle est en cinquième au collège de Punaauia, l’adolescente a envie d’essayer d’autres disciplines.
« Elle se met à la poterie. Quant à moi, je peins beaucoup plus qu’elle. »
La peinture, un échappatoire
« Peindre, pour moi, c’est comme faire du sport. Ça aide à décompresser. Je ne fais pas de croquis : je me lance sur une toile blanche ou lorsqu’il y a un fond, j’attends l’inspiration et travaille sur plusieurs toiles en même temps. »
Pour Kalani, aussi, la peinture a longtemps été un moyen de transition entre l’école et la maison.
Des projets à venir
À l’aube des vacances de Toussaint et de leur exposition collective à la Galerie Au Chevalet, les deux vahine PeKa17 se projettent déjà en 2025.
« Chaque année, on essaie de trouver un nouveau lieu pour exposer, sinon nos toiles dorment dans un coin de la maison ! On est présentes aussi sur Instagram et sur Facebook, et puis on a une petite boutique en ligne, pour vendre des pièces. »
1 Marqueur peinture permanent tous supports
2 Ruban adhésif décoratif qui se colle sur n’importe quelle surface
Rédactrice
©Photos : CL Augereau pour Femmes de Polynésie
Directeur des Publications : Yvon BARDES