Minarii, Chantal Galenon
Minarii, autrement plus connue sous le nom de Chantal Galenon, est une femme de Polynésie qui a fait de la cause des Femmes sa mission de vie. Un dévouement de tous les instants et qui, à l’approche de la célébration de la Journée Internationale des Femmes les 8 et 9 mars, revêt une dimension toute particulière. Femmes de Polynésie s’est entretenu avec elle.
UNE VOIX QUI SE FAIT ENTENDRE
Lorsque l’on prononce son nom, on pense femme de l’ombre. Le paradoxe de sa vie est qu’elle a choisi d’épouser, dans un engagement entier, une carrière qui la place plus souvent dans la lumière. C’est avec une pointe d’humour qu’elle se remémore son entrée en politique :
« J’ai été remarquée par le Président du Pays et ma carrière en politique a débuté, en 2002, lorsque la parité a été instituée. Je ne pense pas que cela ait été pour mes compétences. (petit sourire)»
C’est dans son fauteuil de Représentante à l’Assemblée mais aussi en tant que Présidente du Conseil des Femmes, élue à un 2e mandat en 2017, qu’elle bouscule les mentalités. Sa passion, elle nous la fait passer au ton assuré de sa voix :
« Mon rôle est d’être vecteur de messages. En séance plénière, je n’hésite pas à monter au créneau lorsque des textes risquent de nuire au « mieux-être » des femmes. Le Conseil des Femmes est une association apolitique et nous comptons 8000 membres. Le Conseil gère un centre d’hébergement d’urgence pour les femmes en difficulté sociale et leurs enfants »
Le centre offre le logis à des femmes de tous les milieux sociaux. Elles peuvent y séjourner un maximum de 3 mois avec possibilité de renouvellement. Lorsque Chantal Galenon fait l’annonce de l’agrandissement de l’établissement, elle en explique les raisons :
« Nous offrons les repas, les vêtements. Et à ce sujet, je souhaite adresser mes remerciements à la population et à sa légendaire générosité. Nous avons agrandit la capacité pour recevoir jusqu’à 40 femmes et leurs enfants. La liste d’attente est longue. Le fait de la forte natalité n’aide pas.»
« La Journée Internationale de la Femme », MIROIR D’UNE SOCIETE EN EVOLUTION
Chantal Galenon, c’est le témoin premier de cette réalité polynésienne. Elle incarne la résilience, l’espoir d’une partie de la population qui cherche une inspiration. En parallèle de son poste au Conseil des Femmes, elle reste viscéralement associée, presque confondue, à la Journée Internationale des Femmes en Polynésie :
« En 2019, le thème sera Happy Vahine’s Days. Cette journée est gérée par Priscilla, Rowena et Reynold avec le soutien de jeunes étudiants. Les instances religieuses seront représentées. Notre objectif est de rendre les femmes heureuses. Se tiendra une remise de 8 trophées du cœur. Nous ouvrirons nos portes à l’Assemblée à 9h. Le 9 mars, nous clôturerons par une bringue générale en tenue locale et en fleurs. »
UNE AMBASSADRICE DES VALEURS POLYNESIENNES
Originaire de l’île de Tahiti, Chantal Galenon a grandit, à Patutoa, à Papeete. Elle fait ses premiers pas dans le monde de l’éducation en tant qu’enseignante. Elle prendra rapidement la direction de 2 établissements scolaires. De cette vie 100% polynésienne, Chantal Galenon est nourrie des valeurs que lui inculquent ses parents :
« Ma mère est un symbole pour moi. Les valeurs que je garde sont le respect, la richesse de notre culture, notre identité, et beaucoup d’humilité. Il faut les respecter et en être fier. »
Pour percer le secret de cette femme si discrète, si protectrice de son monde, si humble et silencieuse de ses victoires, elle se livre ici en décrivant son quotidien :
« Je suis timide quand il s’agit de moi. Quant au fait de défendre les autres, je suis une championne. Je suis une femme convaincue et convaincante. Je mets de l’amour dans tout ce que je fais. Elle est là ma force et ma motivation à continuer sans répit mes actions. Au bout du chemin, il n’y a que du bonheur. »
De cette heure passée avec une polynésienne poussée par un amour inconditionnel pour son peuple, nous voyons une femme citoyenne proche de l’autre. Elle est ce contact direct, naturel du polynésien. Chantal Galenon est cette présence, cette écoute, cette douceur féminine. Elle pose un regard bienveillant et fortement réaliste de la femme polynésienne :
« Dans notre société actuelle, il faut être éduqué, instruit, pour pouvoir s’en sortir. En moyenne, 3 femmes sont violentées par jour. L’essentiel aujourd’hui est peut-être de revenir à la famille. La femme éduquée doit venir en aide à celle qui est blessée. Je continue de croire en ma devise : « restons unies pour être meilleures et réussir nos projets » »
Nathalie Vanquin
Rédactrice web
© Photos : Nathalie Vanquin, Chantal Galenon