Marie, « la vahine du futur, digital-nomade et attachée au Fenua »
Marie Sillinger a plusieurs facettes : danseuse de hip-hop, voyageuse et aventurière mais aussi créatrice de PITAYA, agence spécialisée en communication digitale. Femmes de Polynésie s’est entretenue avec une femme libre et épanouie, bien décidée à apporter sa pierre à la construction du Fenua de demain.
Une femme aux milles visages
Fille du Fenua, Marie, âgée aujourd’hui de 26 ans, a grandi à Moorea avec sa mère et sa petite sœur Pauline, où les journées étaient rythmées entre école, danse et jeux dans le lagon. Après l’obtention de son baccalauréat, elle débarque sur les bords de la Méditerranée et obtient deux diplômes en communication, marketing et commerce international. Tout de suite, Marie se distingue par sa soif de voyages et d’aventures…
« Passionnée par les voyages, je décide de terminer mes études par correspondance afin de travailler pour financer mes études et de voyager librement. Prônant le « Aloha Spirit », je termine mon cursus à Hawaii pour parfaire mon anglais et mes connaissances en stratégie internationale. »
Marie débute sa carrière à Tahiti, à 22 ans, dans l’évènementiel pour le groupe Média Polynésie (NRJ, Fenua Orama, La Dépêche…) mais c’est en travaillant en agence de communication puis au sein de la Présidence en tant que chargée de communication qu’elle se passionne pour le « digital » et attrape le virus du « nomadisme digital » tout en pensant à se mettre à son compte.
« Après quelques temps, de remises en questions, de nuits blanches et beaucoup de réflexion, je me suis lancée à mon compte en montant la structure « PITAYA » : une petite entreprise de communication digitale et surtout, de community management (gestion des réseau sociaux). Le mot d’ordre et la clef de la réussite je crois, c’est l’organisation. Il faut tout prévoir en avance ! »
Marie éprouve soudainement un besoin irrépressible de liberté. Pour elle, il est important de préserver un équilibre sain entre sa vie professionnelle et ses passions. Travailler devant son ordinateur non-stop dans un carcan professionnel strict n’est pas pour elle. Elle choisit d’inventer sa vie afin de prendre le temps de vivre ses passions (danse, mer, voyages…). Elle travaille aujourd’hui en free-lance avec des prestataires qualifiés (graphistes, photographes, vidéastes…).
« J’ai commencé à me poser la question : « qu’est-ce que je pourrais faire avec mes compétences, qui me permettraient de vivre la vie dont je rêve ? ». Je pense que si on demandait à mes proches, ils diraient que je suis pleine de ressources. J’ai pensé au community management sur-mesure en tissant une relation de confiance avec mes clients. Un point qui me tient à cœur est d’avoir recours à des jeunes free-lances eux aussi à fort potentiel, c’est important de donner sa chance à chacun ! »
Une vahine du futur, à la fois nomade digitale et passionnée par sa culture
Marie a été plusieurs fois traversé par le doute au cours de ces dernières années, notamment qu’elle s’est lancée à son compte.
« J’ai dû gérer mes craintes mais également celles de mon entourage qui peuvent être très décourageantes : la peur de l’instabilité financière, le doute de ne pas réussir, les remises en questions sur les compétences et la question toute bête « est-ce que je vais y arriver ? « . Puis un jour, un ami m’a dit « Ce n’est que en affrontant tes peurs que tu te rendras compte que tu en es capable ». Mais une fois lancée, il a fallu se faire une place sur le marché. Les premiers mois étaient difficiles. Et puis j’ai été recommandée par mes premiers clients, et là, la magie de Tahiti : le bouche à oreille ! Parce que le travail fini toujours pas payer. »
Aujourd’hui, si sa structure se développe comme elle le souhaite, elle souhaite embaucher, notamment un graphiste et un rédacteur pour l’aider à ses côtés. Elle ne se voit pas travailler ailleurs qu’à Tahiti et de Moorea.
« A partir du moment où l’on est créatif, Tahiti et la Polynésie en général offrent des opportunités magnifiques ! Il faut juste savoir faire preuve d’humilité en accumulant un peu d’expérience avant de faire le grand saut et de se lancer tout seul. »
Grâce à son sens de l’organisation, Marie arrive à se dégager des périodes de voyage dans les confins du Monde qui lui apportent toute son inspiration. Elle revient tout juste d’un roadtrip de cinq semaines avec sa sœur Pauline en Europe, lors duquel elles se sont rendues en France, en Espagne, au Portugal ou encore en Hongrie. Elle repense aussi à un séjour au Brésil qui l’a vraiment marqué, et qui l’a transformé littéralement.
« Pour apprécier là où on vit, il est important de voyager et de voir ce qu’il se fait ailleurs. Cela permet aussi de s’échapper à son quotidien, de la routine et d’apporter un vent de liberté. J’essaie en permanence de rester ancré à une forme d’authenticité quand je voyage, d’échanger avec les locaux. Et je me sens tellement bien quand je voyage avec ma sœur, on a envie des mêmes choses, et on arrive surtout à rendre drôles des situations où l’on se retrouve un peu en galère ! »
Passionnée de danse avant même de savoir marcher, elle a commencé par la danse tahitienne avec Tiare Trompette et c’est quelques années plus tard qu’elle s’est prise de passion pour le Hip-Hop, qui correspondait plus à son expression artistique.
« Le Hip-Hop est un art dans lequel je me suis perfectionnée en entrant dans le groupe X-Boys en 2005 avec lequel nous avons gagné plusieurs prix comme le premier prix Upa Nui en 2009 et le RedBull Contest en 2009, et en solo j’ai gagné des prix comme le Floor Master en 2006, le Orangina Hip–Hop challenge en 2007 et le Ragga Contest en 2013. Aujourd’hui, je repend doucement la danse avec le groupe All In One, champion du Hip-Hop International France en 2017. »
Marie est confiante dans la nouvelle génération pour changer les choses et protéger le Fenua. Attachée à l’Océan et à son île Moorea, elle est très sensible aux questions environnementales. Pour elle, le digital a un grand rôle à jouer dans la transition écologique, et à son échelle, elle compte aussi faire sa part. Elle se souvient notamment, lors d’un voyage au Portugal, avoir nettoyé une plage polluée dans une crique magnifique avec deux couples autour d’elles qui les ont aidées à transporter leur butin de plastique et de mégots de cigarettes vers une poubelle avoisinante.
« Quand je vois des jeunes de 20 ans comme les Coral Gardeners à Moorea qui se battent pour la préservation des coraux, je me dis que quelque chose est en train de changer. Une prise de conscience globale va éclore. Et le digital a un grand rôle à jouer dans la transition écologique. Adieu les flyers qui finissent dans la rue ! C’est à nous les jeunes du Fenua d’agir au quotidien pour changer le monde. »
G. C.
Rédacteur web
© Photos : G. C. et Marie Sillinger