Kiani, espoir féminin du football français
Kiani WONG a 18 ans. Elle se forme depuis 3 ans à devenir footballeuse professionnelle. En parallèle, elle est en première année de Licence de l’Histoire de l’Art à l’Université de Strasbourg et joue avec les u19 Nationaux. Femmes de Polynésie vous brosse le portrait de cette enfant du fenua.
Une lignée de footballeurs
D’origine Chinoise par son père et Tahitienne par sa mère, Kiani est issue d’une famille de 4 enfants dont un grand frère de 19 ans actuellement au Pays de Galles à Cardiff où il a intégré une Académie, la Cardiff Football Class Academy, après avoir été détecté à Strasbourg en 2018.
« Mon grand frère fera partie de l’effectif de l’équipe Tahitienne des moins de 20 ans qui participera à la coupe du monde en Pologne, en mai 2019. Et un petit frère de 8 ans et une petite sœur de 5 ans tous deux pratiquent également le football. »
Vous l’aurez compris dans la famille Wong on est footballeurs.
« On suivait mon père tout le temps lorsqu’il avait des matchs ou des entraînements, on était mon grand frère et moi en grande partie sur un terrain de foot. »
Son père a participé aux éliminatoires de la coupe du monde en 1990/1991 lors de la première participation de Tahiti à cet évènement. Son grand-père paternel fait partie des membres fondateurs de l’AS Phenix Club. Du côté de sa mère tout le monde joue ou a joué au football.
« Tous deux ont pris en charge l’équipe Féminine de L’AS Tefana U23. »
Ils lui ont inculqué différentes valeurs de la vie, comme avoir la foi, ne jamais oublier d’où l’on vient, toujours croire en ses rêves, ne jamais abandonner, profiter de ce que l’on a aujourd’hui, on ne sait jamais de quoi sera fait demain ou encore vivre au maximum.
« Mes parents m’ont toujours soutenu, ils ont contribué à ma réussite, bien que cela n’a pas toujours été facile. Ma mère m’a toujours dit qu’il faut rêver, en plus c’est gratuit, que c’est important d’avoir des rêves, sans oublier de redescendre de son nuage bien sûr. »
Elle a donc quitté le Fenua à l’âge de 15 ans et demi et depuis 3 ans elle a intégré le club de Vendenheim.
« J’ai été la première Polynésienne a avoir intégré un pôle espoir football féminin de France, j’ai choisi celui de Strasbourg. »
PARTIR POUR RéUSSIR
Air Tahiti Nui a misé sur cette graine de championne. Ambassadrice pour la compagnie au Tiare, elle jongle entre le fenua et la métropole où elle poursuit ses études. Après avoir fait une 1ére puis une Terminale STMG à Strasbourg au Lycée Jean Monnet, elle achève actuellement sa première année de Licence de l’Histoire de l’Art à l’Université de Strasbourg.
Quitter sa famille, être loin de ses proches, découvrir d’autres techniques d’apprentissages du football, et améliorer ce qu’on lui a appris à Tahiti…tout ça a un prix.
« Être prête à affronter le froid, la neige, une nouvelle vie, de nouvelles personnes, une nouvelle façon de vivre. Un changement. »
Côté finances il existe des aides comme la bourse sports/études, « cependant la bourse n’est pas attribuée de suite lorsque nous arrivons en France, elle nous est donnée 3 à 4 mois après notre installation en France ou à l’étranger ». Une situation qui s’applique à l’ensemble des étudiants. Et si par chance ils sont bénéficiaires d’une bourse d’études supérieures, ils ne peuvent pas prétendre à une aide sportive, c’est soit l’un soit l’autre mais pas les deux.
« En ce qui concerne la bourse sports/études, à tes 18 ans tu ne peux plus prétendre à cette aide et ceux qui partent après le BAC pour faire sports/études ne peuvent également pas y prétendre. On a des aides c’est bien, mais cela reste insuffisant par rapport aux coûts de la vie, il y a un déséquilibre réel. Je fais avec. »
A dire vrai, aux yeux de Kiani, Il n’y a pas de métier idéal si ce n’est celui de « footballeuse professionnelle ». Cela dit, elle souligne l’importance d’avoir un métier qui nous permet de vivre et non de survivre or c’est le constat qu’elle établit aujourd’hui pour une grande majorité des femmes.
« Si cet idéal existe j’aimerais que ce soit un métier qui pourrait allier vie de famille pour profiter au maximum d’eux, et ma passion le football. On vient toutes de milieux, d’origines, de cultures, d’éducations différentes cependant dans les difficultés on doit continuer à aller de l’avant, se battre pour ses objectifs, pour ce que l’on veut, construire sa vie, réaliser ses rêves. Essayer c’est bien, réussir c’est mieux. »
A ce jour Kiani s’entraîne avec l’équipe une et joue avec les u19 Nationaux. A son niveau elle souhaiterait attirer l’attention sur le fait que le football féminin tend à se développer. Elle propose de cibler la formation des jeunes filles dans les écoles de football, dans chaque club, comme pour les garçons. Commencer par la base est primordiale et pourquoi pas organiser un championnat uniquement pour les filles.
« L’essentiel est de détecter les talents le plus tôt possible, de les faire partir pour leur faire gagner en expérience et ne surtout pas les freiner dans leur apprentissage. »
Kiani est Bienveillante, humble, courageuse, persévérante, respectueuse et solidaire à l’image de Lionel Messi son modèle footballistique.
« C’est un joueur très humble, il a une technique, une vision du jeu que j’aime beaucoup, un jeu de dribble que j’aime également, il s’entraîne beaucoup pour réussir, c’est un joueur qui est parti de rien pour réussir et maintenant il est le meilleur joueur du monde. »
On en n’oublierait presque que Kiani est une adolescente et que comme la plupart d’entre elles, elle aime sortir avec ses amies, croquer dans des dragibus, regarder des séries sur netflix ou des documentaires. Il faut beaucoup de mental, beaucoup de travail et sans oublier les sacrifices à faire pour réaliser ses rêves : « toujours rester positive même dans les moments les plus difficiles. »
Pour Kiani la femme de Polynésie est une femme exemplaire, humble, avec ses faiblesses, ses sentiments, qui a des valeurs, du caractère, qui se bat pour ses convictions, qui donne du bonheur autour d’elle.
« J’aimerais dire à nos lectrices qu’il est important de bien profiter de la vie qu’on nous donne. De toujours persévérer malgré les difficultés. De préserver notre nature, notre planète, nos ressources naturelles. Car si nous la détruisons, que nous restera-t-il, qu’allons-nous laisser à nos futures générations. Il est essentiel de s’entourer des personnes qui nous aident.»
Jeanne Phanariotis
Rédactrice web
© Photos : Guy Tetuamaru