
Hokunui Clover, alias Pererau’Iti, l’art comme boussole de vie
À 26 ans, dans son atelier à l’ombre des manguiers et des litchis, Hokunui Clover sculpte le bois et peint les couleurs comme on éclaire ses émotions. Après sa méditation matinale, son art devient un cheminement vibrant d’énergies vitales et de partage. Rencontre avec Femmes de Polynésie.

L’art comme exutoire
Hokunui Clover a 16 ans quand l’art devient son refuge.
« Je ne parlais pas beaucoup… Alors j’ai commencé à mettre des couleurs sur ce que je ressentais. »
Dix ans plus tard, sous le nom de Pererau’Iti, “petite plume”, son art a maturé et son geste s’est affirmé.
« Aujourd’hui, je fais de la céramique, de la sculpture sur bois et sur pierre, je peins, je dessine et j’aime beaucoup ce qui est montage numérique. »


L’Amérique comme déclencheur
Adolescente, celle qui est tahitienne par sa maman et américaine par son papa, décide de partir habiter chez son oncle dans l’État de Washington.
« Là-bas, tu choisis tes cours. J’ai pris dessin et céramique. Moi qui n’aimais pas l’école, j’ai kiffé ! C’est là que j’ai compris que l’art ne servait pas juste à cracher ce que tu avais à l’intérieur. »
Deux années de lycée, un bac américain, puis direction la Californie pour suivre des cours de psycho et d’art à l’université. Jusqu’à ce que le Covid stoppe tout.
Se recentrer et croire en sa bonne étoile
En 2021, en vacances à Tahiti, Hokunui choisit de rester.
« À cette période, psychologiquement, je n’étais pas trop bien. J’ai trouvé la méditation, je me suis recentrée. Puis, avec beaucoup de foi en l’univers et en moi, j’ai trouvé ce que je voulais faire plus tard.»
Elle intègre le Centre des Métiers d’Art dans la section sculpture.

« Au bout d’un an et demi, j’ai démissionné, mais là, je vais y retourner pour finir le diplôme. Ensuite… pourquoi pas une licence ? »
Aujourd’hui, les études ne lui font plus peur.
« J’aimerais bien être prof, partager mon amour pour l’art et transmettre la créativité ! »

Les couleurs et la matière
« Ce que j’aime le plus, ce sont les couleurs. J’ajoute souvent de la peinture métallique : ça crée un effet iridescent que j’adore. Le bois a aussi de la couleur. »

L’inspiration ? Elle remplit des carnets de croquis.
« Je fais beaucoup de dessins. Je teste des formes, je cherche, puis je choisis… »
Des expositions comme des bénédictions
« En 2024, j’avais exposé à la salle Muriavai pour l’exposition Te Moana Nui avec des copains : Asano, Orama… En avril, Reva Teitei, a été ma toute première exposition de peinture en solo. Mon thème, c’était l’espace sidéral. Puis, en juin, j’ai également exposé avec l’association Tama no Te Tairoto à l’hôtel InterContinental sur le thème de l’océan puis à la salle Muriavai, avec le collectif Te Anuhe, “Résilence en couleur : qui suis-je ?”. Toutes ces expos, ce sont des bénédictions du ciel ! »
Deux autres expositions sont également d’ores et déjà prévues : une à la fin de l’année et une en 2027.
« Je n’ai pas l’habitude de me mettre en avant. Je crée avec amour, juste pour partager. Je trouve qu’il manque tellement d’amour dans ce monde. Les couleurs, la joie de vivre, les émotions, tout ça devrait être partagé. »
Nature et énergie vitale
Hokunui Clover grandit entre rivière, arbres à Faaone et marae à Paea.
« Petite déjà, je trouvais ce monde trop rapide, trop bruyant. Du coup, je me réfugiais dans la nature. Quand je peins, il faut que je voie la montagne. »
Chaque matin, méditation et prière à l’univers l’accompagnent.
« Je crois en l’énergie. La connexion à la nature, ça fait partie de la culture. Autrefois, la nature, les océans, les étoiles, c’étaient la force, la vie des Polynésiens. Mes motifs, tout comme mes tatouages, c’est ma force vitale. »


Ses influences : Ravello, Bobby, Frida Kahlo… pour le trait, les couleurs et l’imagination.
« Prendre un petit bout d’ici et le mettre là, et créer son propre monde… Ça m’a toujours fasciné. »

Rédacteur
©Photos : Cl Augereau et Pererau’iti pour Femmes de Polynésie
Directeur des Publications : Yvon Bardes




