Mihia : l’élégance par Natuarai
Le monde de la mode est un univers créatif par définition et la Polynésie est une terre fertile. Parmi ses talents : Mihia. Elle marie tradition et modernité avec goût et élégance dans son domaine de cœur : le stylisme. Sa griffe ? Elle habille tout le monde. Femmes de Polynésie est tombé sous le charme de la dernière collection de sa marque « Natuarai ». Mais avant de la découvrir le 18 octobre prochain, levons le voile sur un pan de sa vie !
Une voie pas toute tracée !
Mihia a 31 ans. Elle est née à Tahiti, où elle passe son enfance, et ses vacances – aux Australes, à Tubuai, dans sa famille maternelle.
« Quand j’ai eu mon bac, mes parents étaient en plein divorce, et dans ce contexte je ne pouvais pas faire les études d’art dont je rêvais. Alors j’ai pris une année sabbatique pour trouver ma voie. »
Elle enchaine les petits boulots : barmaid, serveuse, femme de ménage, nounou… mais réalise rapidement que ce n’est pas pour elle.
« Un jour mes parents m’ont dit : « Ma fille, il va falloir que tu fasses quelque chose de ta vie. » »
Alors ils l’inscrivent à tous les concours possibles. Sa mère l’encourage à devenir hôtesse de l’air. Mihia réussit le concours, mais ne se voit pas dans ce métier. Son père, enseignant, l’inscrit de son côté aux concours de l’Ecole Normale et de la Gendarmerie, qu’elle réussit. Elle opte pour la voie de son papa, et depuis 11 ans, exerce le métier d’institutrice.
Mais un rêve de petite fille, enfoui depuis longtemps, commence à refaire surface.
Une enfance à confectionner !
« En CM1 déjà, quand on me demandait ce que je voulais faire plus tard, je répondais « styliste » ».
Mihia était une petite fille très coquette, très robes, très princesse et déjà très sensible à la mode.
« Maman m’emmenait souvent chez la couturière, qui nous cousait des robes. Je ne les aimais pas toujours, mais ça m’a initiée à cet univers. »
Elle s’essaie à la couture pour les vêtements de ses poupées. « Heureusement qu’elles ne pouvaient pas parler ! » Plus tard, pour sa première mutation aux Marquises, elle s’offre une machine à coudre et à ses heures perdues refait sa garde-robe. Deuxième mutation – Tubuai ! Retour aux sources et rapprochement de sa maman, qui devient son cobaye et la première à porter ses créations.
« – Ma fille, tu sais, c’est joli, mais c’est bizarre…
– Non maman, c’est avant-gardiste ! »
Sans s’en rendre compte, Mihia est en train de tracer sa propre voie vers la création.
L’erreur de style !
Mihia consacre de plus en plus de temps à sa passion, et en 2015 Natuarai voit le jour. Elle commence par créer des modèles assortis père/fils, et 2 ans plus tard lance des chemisiers pour femmes. Elle puise son inspiration dans tout ce qui l’entoure, les formes, les couleurs, mais également dans ses voyages.
« Mes meilleurs modèles sont nés d’une erreur. Au moment de coudre, je réalise que je n’ai pas assez de tissus, alors je « bricole » différemment et finalement, je trouve ça pas mal, et plutôt original ! »
Sa nouvelle collection se compose d’une 50-aine de modèles. Dans les matières qu’elle utilise, on trouve le lin ou le chanvre. Les imprimés sont locaux, « je n’en ai pas trouvé d’aussi beaux ailleurs ». Toutes ses créations sont Made in Fenua, avec l’aide de sa couturière qui œuvre à temps plein.
Les coupes sont élégantes et fluides, les détails sont soignés avec beaucoup de finesse et le dosage entre la modernité des coupes et les motifs traditionnels est parfait.
Instit’ le matin, créatrice l’après-midi, maman le soir
Mihia jongle entre ses classes et son atelier, sans négliger sa vie de famille et de mère.
« J’ai dû apprendre à m’organiser, à me recentrer, à anticiper, pour arriver à tout placer et à consacrer du temps rien qu’à mon fils. »
Cette polyvalence organisée est à l’image de « sa » Femme de Polynésie : « Polyvalente, bien dans sa peau, naturelle et qui assume ce qu’elle est, ses choix et sa vie. »
Son message à toutes celles qui se cherchent encore : « Trouvez votre voie, faites en sorte d’être contentes de vous et de votre journée, et aimez ce que vous faites pour ne jamais rien regretter.»
La pensée finale s’adresse à son fils, Natuarai, à qui la marque doit son nom. « C’est l’énergie qui me permet d’avancer, et tout ce que je fais, c’est pour lui. »
Plus d’informations
Page Facebook: www.facebook.com/NatuaraiCreation
Propos recueillis par Jeanne Phanariotis
Article rédigé par Lubomira Ratzova
© Photos : Cyril Pallière pour Femmes de Polynésie, Affiche : Natuarai