Véronique Lardillier de VeryUnique Creations : upcycling, transmission et patchwork
Dans une servitude perpendiculaire à la plage de Lafayette à Arue, Véronique Lardillier coud, brode, crée, recycle et surtout partage ses savoirs et sa passion grâce à des ateliers de couture. Femmes de Polynésie part à la rencontre de cette vahine pleine de vie et de douceur, qui s’épanouit dans l’artisanat et la création de patchwork avec son entreprise VeryUnique Creations.
Passion et transmission
Arrivée à Tahiti à l’âge de 11 ans, Véronique Lardillier n’est jamais repartie : elle a enseigné l’anglais pendant vingt ans dans plusieurs collèges, avant de se lancer pleinement dans son projet : VeryUnique Creations.
« Je suis complètement autodidacte : j’ai commencé la couture à la naissance de mon premier enfant, il y a 17 ans. Deux amies couturières m’ont montré quelques trucs sur la machine, et ensuite je me suis lancée. C’est devenu une passion. »
La couture devient rapidement son exutoire. Au départ, Véronique coud pour ses enfants, pour ses copines, puis elle commence à vendre ses produits : couvertures pour bébé, cadeaux de naissance…, avant de partager sa passion par le biais d’ateliers de couture :
« À l’époque, ma fille de 8 ans et sa copine ont été mes cobayes. J’ai testé sur elles les projets, les méthodes d’enseignement et ça leur a plu. Ensuite, j’ai ouvert assez vite aux autres enfants, puis aux adultes. »
Forte de son expérience dans l’enseignement, Véronique dispense à la fois des cours de couture et création pour enfants et adultes, ainsi que des formations en anglais pour les artisans :
« J’interviens via le Service de l’Artisanat traditionnel de Polynésie française et les artisans adorent. Ce sont des adultes, donc ils savent à quoi ça va leur servir concrètement. Et moi, j’ai la double casquette de prof et d’artisane, donc je connais leurs problématiques. C’est vraiment très gratifiant et enrichissant, pour moi comme pour eux. »
En passant d’un métier intellectuel à manuel, Véronique souligne la difficulté d’être artisan à son compte.
« Maintenant, j’ai ma carte d’artisan traditionnel, mais même avec les ateliers, c’est compliqué ! Beaucoup de gens voient le produit et disent : “C’est cher pour ce que c’est !”, notamment pour le patchwork. Je les invite à venir voir à l’atelier pour se rendre compte du travail que c’est ! il faut être précis, minutieux, patient… »
Aujourd’hui, donc, avec VeryUnique Creations, notre prof-couturière dispense des stages au sein de son atelier à Arue et intervient aussi auprès des scolaires ou encore d’adultes, notamment pour l’UFFO1. Ainsi, elle offre la possibilité de découvrir l’univers de la couture et ses multiples façettes : patchwork, broderie, confection de sacs…, le tout dans une démarche écologique.
Créer de l’unité à partir du divers : du patchwork aux ateliers
La créativité et la passion de Véronique s’expriment dans sa technique et son goût pour le patchwork, sa spécialité :
« Je ne jette rien, aucune chute de tissus. Ça va dans le sens de ma démarche zéro déchet. Je trouve ça magique de donner vie à ces petits morceaux qu’on aurait tendance à mettre à la poubelle sous prétexte qu’ils ne serviraient à rien… Ce sont des tissus que tu ne mettrais jamais ensemble dans un projet. Mais en patchwork, ça donne une unité, de la vie. Du divers surgit l’unité. »
Et Véronique Lardillier n’hésite pas à partager ses machines à coudre, permettant à d’autres de s’exprimer à travers cette pratique :
« En atelier, ce que je préfère, c’est quand les élèves finissent leur projet et disent : “Oh, c’est moi qui ai fait ça ! C’est trop beau !” Je suis très contente, les enfants montrent à leurs parents, ils sont fiers. Je leur apprends aussi à ne pas chercher la perfection, accepter les petites erreurs qui font partie de l’apprentissage. »
La couturière d’Arue propose des stages de couture pour les vacances : par exemple, en avril, elle développera des activités créatives et manuelles autour du thème de Pâques. Chaque élève, petit ou grand, trouve sa place et développe de nouvelles compétences grâce à la couture et à VeryUnique Creations :
« La couture, c’est les machines à coudre mais aussi la broderie, la couture à la main, le tricotin… C’est une activité extraordinaire pour stimuler la créativité, la motricité fine : choix des couleurs, notions de mathématiques, dessin du patron, développement du langage… Les gens sont curieux d’apprendre, de commencer à fabriquer plutôt que d’acheter tout prêt ! »
Écologie, économie et couture
« Cet engagement écologique me tient à cœur depuis longtemps : l’écologie va avec l’économie. Le fait de recycler, de réutiliser, de remplacer le plastique par des tissus réutilisables permet de moins dépenser ailleurs. C’est intéressant à la fois pour ça et pour la protection de l’environnement. »
Et notre couturière parvient à transmettre ces engagements par le biais de ses produits et de ses ateliers :
« Bien sûr, je fais du zéro déchet pendant les ateliers, et enfants comme adultes sont réceptifs. J’apprends surtout aux enfants à ne pas gaspiller le tissu. Je leur montre par quoi remplacer le plastique, ils sont attentifs à ça. Au lieu d’acheter un cadeau pour le copain, on fabrique un cadeau unique, qui vient de soi. Ça fait partie de la démarche zéro déchet : faire plutôt que d’acheter. On les voit mettre en pratique ! J’aimerais bien voir la couture se développer, car c’est une activité vraiment valorisante. Elle peut aider tout le monde à avoir un impact positif sur les finances mais aussi sur la planète. Plutôt que d’acheter, d’importer tout le temps du plastique et des objets à usage unique, on peut créer. Il y a tellement de choses réutilisables qu’on peut fabriquer. L’écologie, ce n’est pas ennuyeux, c’est plein de couleurs ! »
1 Union des Femmes Francophones d’Océanie
Rédactrice
©Photos : Marie Lecrosnier-Wittkowsky pour Femmes de Polynésie
Directeur des Publications : Yvon Bardes
