“Tatie Chantal”, une vie dans le don de soi
Chantal Tavanae est une enfant du Pacifique, qui a consacré sa vie à aider son prochain. Avec l’Association Tumuhiva, elle se dévoue aux enfants et partage ses précieuses valeurs qui donnent un sens à la vie. Chez Femmes de Polynésie, c’est avec émotion que nous vous présentons celle qui se fait tendrement appeler “Tatie Chantal”.
Le Caillou dans le cœur
Chantal voit le jour au Vanuatu. Elle est la cadette de 7 enfants, d’un père de Huahine et d’une mère vanuataise et calédonienne.
“Je suis un melting-pot à moi toute seule !”
C’est à Poro, sur la côte Est “au fin fond de la brousse calédonienne” qu’elle grandit, dans des valeurs de don de soi : respect, honneur, humilité, partage, tolérance, solidarité. Dans la vie de leur village, le partage et l’entraide sont omniprésents. Le poisson pêché, les œufs des poules et les fruits et légumes du potager sont partagés avec ceux qui ont moins.
“Pendant les fêtes de Noël, on faisait plein de gâteaux pour en offrir à toutes les personnes qui passaient devant la maison.”
En 1983, juste avant les Événements, son père prend à contre cœur la décision de quitter cette terre qui leur est si chère, pour protéger sa famille. Ils s’installent à Tahiti.
Le choix du fenua
Culture différente, langue différente, éducation différente…. Son intégration à cette nouvelle vie s’avère très compliquée, et son cœur vacille. Chantal poursuit ses études entre Nouméa et Papeete avec un DEUG en droit, suivi d’une formation de moniteur éducateur, puis d’éducateur spécialisé.
A 21 ans, elle donne naissance à sa fille, et ensemble repartent s’installer en Nouvelle-Calédonie. Elle y retrouve sa terre, sa vie, son bonheur.
“Puis mon papa est tombé très malade. J’ai donc décidé de revenir ici pour être auprès de lui, jusqu’à la fin.”
C’était en 2000. Chantal refait sa vie en Polynésie. Elle commence à travailler comme monitrice éducatrice au foyer de jeunes filles à Paea.
“Mais il me manquait ce petit truc qui donne envie d’y aller le matin. Je m’en suis rendu compte après, mais ce “ truc ”, c’est d’aider les autres.”
Elle prend alors une patente et propose ses services d’aide aux personnes, pour ceux qui en ont le plus besoin, comme les personnes âgées ou malades.
“Je m’y suis épanouie !”
Le scoutisme
Mais des problèmes de santé l’obligent à lever le pied. En 2007, elle découvre par une de ses petites sœurs le scoutisme, et décide de s’engager en devenant cheftaine du groupe de Nahoata à Pirae.
“Ce qui me plaisait, c’était les valeurs, car ce sont les mêmes que celles que j’ai reçues.”
Elle encadre les 10-12 ans dans les camps d’ados, où ils apprennent à mettre en place des campements, et plus globalement la vie en communauté loin des parents.
“On était là pour leur apprendre des choses, mais eux nous en apprenaient aussi énormément ! C’était des moments très riches avec les enfants.”
En 2013, Chantal démissionne et crée, avec plusieurs autres chefs, l’Association Tumuhiva.
TUMUHIVA
Tumuhiva œuvre auprès des 3 – 17 ans pour le respect de l’environnement, de soi et des autres, autour des valeurs d’honneur, de partage, de solidarité, d’humilité…
“Le matin, on commence par des chants pour se mettre dans le bain, puis on continue avec des animations : tressage, jardinage, peinture… en fonction des envies.”
Avec l’association Tamarii Maere de Pirae, Tumuhiva travaille la main dans la main depuis 3 ans, notamment sur la cohésion sociale.
“Nous avons des enfants de différents milieux sociaux, ce qui fait la richesse de l’association. Les enfants de familles en difficulté ont des choses à apprendre à ceux de familles aisées, et vice versa.”
L’association fonctionne aujourd’hui essentiellement sur les adhésions (2000 F/an par enfant) et les subventions de la commune de Pirae et de la Direction de la Jeunesse et des Sports (DJS). Certaines sociétés font aussi des dons en matériel, ce qui représente une aide non négligeable. Tous les membres sont bénévoles, Chantal y compris. Mais cela ne suffit pas.
“Même si la DJS et la Mairie font le maximum dans l’octroi des subventions, ils ne peuvent pas faire de miracles non plus.”
Son équipe, passionnée et investie, se donne à fond pour faire vivre l’association.
“Pendant le confinement, nous avons pris en charge les enfants du personnel soignant. L’équipe a répondu présent sans hésiter, en mettant de côté sa famille et la peur de la maladie pour aider.”
Chantal a désormais trouvé ce quelque chose qui lui manquait, et continue à œuvrer pour ses convictions et le don de soi.
“Ce n’est pas pour moi que je me bats, c’est pour les enfants. Je suis fière de faire partie de cette grande famille !”
Propos recueillis par Vainui Moreno
Article rédigé par Lubomira Ratzova
©Photos : Chantal Tavanae, Tumuhiva, Vainui Moreno pour Femmes de Polynésie
Pour plus d'informations
Accueil des enfants de 3 à 17 ans, 3 samedis / mois de 8h à 17h