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Culture

Sylvie : L’art de composer avec la nature

Publié le 25 août 2023

Le chemin est escarpé. Difficile à trouver, réservé aux initiés. Sylvie vit au cœur d’une vallée luxuriante comme la presqu’île en abrite encore. Abondante, la végétation ruisselle sous une averse matinale.

Au détour d’un massif de bougainvilliers, Sylvie évoque son métier de psychologue, qui la passionne toujours après plus de 30 années d’exercice. Mais ce qu’elle souhaite partager aujourd’hui avec Femmes de Polynésie, est une activité « plus solitaire » : depuis quelques années, Sylvie crée des compositions végétales flottantes.

L’univers artistique et floral de Sylvie a vu le jour il y a 7 ans, dans un petit saladier rempli d’eau à la surface duquel la psychologue avait déposé quelques fleurs. Petit à petit, elle a exploré des contenants plus gros, a tenté des créations plus complexes. Jusqu’à se lancer en eau libre, dans son bassin d’eau de source.

Sylvie donne alors un nom à ses créations : les Folichromies sont nées. Elle en imagine sans cesse de nouvelles, à base des végétaux qu’elle trouve dans son jardin au gré des saisons.

« Je m’intéresse beaucoup aux formes, aux graphismes : certaines feuilles sont très striées, avec des couleurs différentes, ou des taches. D’autres sont mangées par des chenilles, et composent une dentelle.  »

« Je me sers de tout ce que produit la nature. Une feuille vieillie qui devient orangée, rousse, brune, peut m’attirer tout autant qu’une feuille qui vient d’éclore, qui est bien verte et vigoureuse.  »

Sylvie parle des plantes, et à travers ses mots celles-ci semblent prendre vie. Selon elle, les plantes ont elles aussi une personnalité, un caractère.

« Elles ne sont pas toujours dociles. Elles peuvent même être assez capricieuses. Certaines coulent à pic, d’autres se fripent : être posées sur l’eau ne leur plaît pas.  »

Parfois, la psychologue leur parle.

« Je dis à une feuille rebelle : « Allez, viens, ne va pas aussi loin, qu’est-ce que tu fais, mets-toi par là… Tu ne veux pas ?! Ouhhh, tu m’embêtes. » Mais je respecte sa rébellion, et je finis par aller en chercher une autre. »

Partager la simplicité

Une paire de ciseaux, un panier sous le bras. Il n’en faut pas plus à Sylvie pour créer. Cette simplicité, elle la partage désormais au travers d’ateliers avec celles et ceux qui souhaitent découvrir sa pratique.

« Je suis toujours surprise par la façon qu’ont les personnes de s’emparer de l’activité, le côté unique de leurs compositions, avec parfois de belles trouvailles. Et j’ai grand plaisir à recroiser des personnes qui me disent ‘’maintenant on en fait beaucoup à la maison’’. »

Car selon Sylvie, l’art peut résider dans le quotidien de tout un chacun.

« C’est important que la fibre artistique soit éveillée et stimulée en chacun de nous. Je pense que je fais œuvre utile en montrant qu’on est tous capables de créer, et d’être heureux en vivant des moments créatifs.  »

La psychologue se souvient de sa famille, qui ne comptait pas d’artistes mais qui faisait rimer art et nature dans la vie de tous les jours. Elle évoque sa grand-mère maraîchère, qui aimait par-dessus tout orner chaque pièce de sa maison avec des fleurs fraîchement cueillies. Mais aussi son père, un homme connecté à la nature.

« Il entretenait le jardin familial avec joie, et il nous emmenait en promenade dans des vallées, dans des montagnes, au bord des rivières… »

Cette transmission familiale revêt aujourd’hui une importance particulière aux yeux de Sylvie.

« J’aime beaucoup les ateliers intergénérationnels. Quand une famille me demande de faire un atelier, et qu’il y a la grand-mère, la fille, les mo’otua¹… C’est un moment de grand partage où plusieurs générations vont faire la même chose, parler de la même chose, s’entraider, produire de la beauté. Après l’atelier je m’éclipse, mais je sais que la journée continuera sans moi, qu’il y aura un repas partagé en famille.  »

Faire voyager l’éphémère

Sylvie aime à souligner la dimension éphémère des folichromies. Et pourtant, elle partage depuis peu son univers floral par le biais de la photographie :

« Je travaille avec des photographes dans un processus de double création. Je crée une composition éphémère, et le photographe capte cet éphémère, avec son œil à lui. Son regard va à certains détails, manie la lumière, joue avec l’ombre. »

Une trentaine de tirages et deux expositions photos plus tard, les folichromies s’exportent désormais sur toile. Mais Sylvie aspire aussi à les faire véritablement voyager. Elle rêve de parcourir de beaux jardins à travers le monde, et d’y faire des compositions. Car Sylvie prend aujourd’hui goût à créer dans des lieux publics.

« Les promeneurs s’arrêtent, leur regard accroche. Il émane de ces compositions quelque chose qui doit entrer en connexion directe avec notre sens de l’esthétique.  »

Et Sylvie de nous résumer l’une de ses plus belles rencontres :

« Un enfant m’a dit un jour : « Madame, c’est tellement joli que ça pique les yeux. » »

1 Enfant du fils ou de la fille par rapport au grand-père, à la grand-mère ou enfant du neveu ou de la nièce par rapport au grand-père, à la grand-mère (source Fare Vanaa. Académie Tahitienne)

Ariane Carreira

Rédactrice

©Photos : Ariane Carreira pour Femmes de Polynésie

Directeur des Publications : Yvon BARDES

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