Teinamai Faaruia-Tehatuma : le caractère au contrôle de la sécurité maritime
Teinamai FAARUIA-TEHATUMA, première Femme de Polynésie contrôleur de la sécurité maritime à la DPAM1, nous dévoile comment son caractère bien trempé, sa détermination et sa grande capacité d’écoute lui ont permis de se faire une place dans un monde encore très masculin.
Une fille de la marine
Teinamai est née à Papeete le 1er juillet 1982. Avec un père marin, la mer fait naturellement partie intégrante de sa vie.
“Mon père était mécanicien dans la marine, sur les pétroliers qui partaient à Mururoa, puis sur le Keke2. C’est de la que vient ma passion pour le monde maritime. ”
À chaque retour de son père, Teinamai se nourrit de ses récits et anecdotes.
“Un jour j’ai dit à ma mère que moi aussi, je voulais être mécanicienne sur les bateaux. Elle m’a répondu : “Ce n’est pas un métier de femme”. J’ai pensé : “On verra bien”(Rires). ”
Avec un caractère déjà bien trempé, la jeune fille ne lâche rien, et au fûr et à mesure, se rapproche de la mer.
Une parenthèse
Teinamai commence sa carrière à la Présidence de la Polynésie française en tant qu’hôtesse d’accueil, puis bascule peu de temps après au service de la perliculture, où elle contrôle la qualité des perles.
“Ce n’était pas encore le contrôle comme celui des navires, mais c’était déjà quelque chose qui m’intéressait. ”
Quelques temps plus tard, les aspirations professionnelles de Teinamai s’orientent vers la fonction publique.
“Ce qu’il y a de bien avec l’administration, c’est que tu peux évoluer dans ta carrière et dans tous types de domaines.”
Avec le concours de la fonction publique en poche, Teinamai demande un mutation à la Direction Polynésienne des Affaires Maritimes (DPAM). Elle commence dans le service Immatriculations en 2010.
Le contrôle maritime avec la DPAM
Le mercredi 18 septembre 2019, au Tribunal de première instance de Papeete, Teinamai prête serment et devient la première femme polynésienne contrôleur des affaires maritimes.
“Même si ce n’était qu’une formalité, j’étais fière d’officialiser cela. Avec une longue formation de presque 2 ans, avec beaucoup de mathématiques et de termes techniques et maritimes, j’ai dû m’accrocher. ”
A ce jour, elle effectue les actions de contrôle relevant de la Police de sécurité des navires dans le cadre des procédures d’attribution, de renouvellement et de retrait de titres de navigation des navires. Teinamai recherche et constate les infractions à la règlementation en vigueur, en rapport avec la sécurité de la navigation et de la sécurité de la circulation maritime dans les eaux intérieures.
“Avant chaque contrôle, on fait beaucoup d’administratif pour préparer au maximum le terrain.”
Une femme, un caractère
Dans un monde encore très masculin, Teinamai se doit de faire respecter la sécurité de la navigation coûte que coûte.
“J’aime la pêche et je la pratique avec mon mari quasiment toutes les semaines. C’est en connaissance de cause que je mets encore plus l’accent sur la sécurité, notamment avec les pêcheurs.”
Pour Teinamai la mer ne pardonne rien, elle se doit d’être respectée.
“Pendant mes contrôles, je sensibilise beaucoup sur les danger de la mer, on n’est jamais trop sécurisé. Une sortie en mer doit être prise au sérieux.”
Elle pousse les pêcheurs à l’utilisation de balises de détresse, et avec l’aide de l’ANFR 3, Teinamai sensibilise à la bonne utilisation des fréquences radio.
“L’ANFR vient souvent avec nous pour contrôler les paramètres de la radio communication des Poti Marara, car ils ont souvent du mal à les voir.”
Teinamai se rend compte que la communication avec les professionnels du secteur maritime passe parfois mieux en langue tahitienne.
“En général, les pêcheurs apprécient les conseils de sécurité́ et c’est plus facile de les sensibiliser lorsqu’on peut parler en tahitien avec eux.”
La jeune contrôleur maritime, n’a pas fini d’apprendre du métier et souhaite se professionnaliser toujours plus. En ce qui est de son quotidien, elle reste positive quant à l’amélioration de la sécurité dans le domaine maritime à l’échelle locale.
“Je constate que de plus en plus de professionnels de la mer prennent au sérieux la sécurité. Je tiens à les remercier avant tout, car ils nous écoutent et sont sérieux.”
1 la Direction Polynésienne des Affaires Maritimes
2 Bateaux navette entre Tahiti et Moorea
3 L’Agence nationale des fréquences (ANFR) gère l’ensemble des fréquences radioélectriques en France. Cette ressource rare et stratégique, utilisée pour toutes les communications sans fil, appartient au domaine public de l’Etat qui en a confié la gestion à l’ANFR
Niuhiti Gerbier
Rédacteur Web
©Photos : La DPAM et Niuhiti Gerbier pour Femmes de Polynésie
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