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Carrière

Sydélia, le scénario de sa vie !

Publié le 11 juillet 2019

C’est une profession de l’ombre que nous vous présentons aujourd’hui avec Sydélia Guirao : celle de scénariste. Cette jeune femme passion-née livre à Femmes de Polynésie son parcours et son travail.

Les grands-parents de Sydélia sont venus s’installer en Polynésie après la Guerre d’Algérie, pour élever leur fils, le papa de Sydélia1. Une fois grand, ce dernier part en métropole pour ses études, et y ren-contre sa femme. Devenus parents, ils rentrent à leur tour à Tahiti avec la petite Sydélia, qui a alors deux ans.

« C’ETAIT DANS LES GENES ! »

Sa vocation, Sydélia la doit sans doute à son grand-père, qui tenait une revue littéraire en Algérie, à son père, parolier et romancier, et à une tante auteure de livres pour enfants.

« Au départ je voulais que mon grand-père soit fier de moi, et j’ai commencé par écrire des poèmes… »

Après une licence en lettres, Sydélia passe le concours et intègre le Conservatoire Européen d’Écriture Audio-Visuelle – une école presti-gieuse située dans le 5ème arrondissement de Paris, dans l’ancienne maison de Guy de Maupassant.

« J’arrivais dans une école un peu particulière qui ne prenait que 12 élèves tous les deux ans, et qui avait un statut moitié privé, moitié public, financée par les chaînes de télévision et le SACD 2 »

UN COUP DE FOUDRE POUR LE THÉÂTRE

C’est à 13 ans que Sydelia voit pour la première fois une pièce de théâtre – un véritable coup de foudre !

« J’ai su à ce moment-là que c’est ce que je voulais faire dans ma vie. Écrire, jouer… peu importe, c’est dans cet univers que je voulais être. »

La passion pour la mise en scène et l’écriture se met à germer. Elle commence à écrire des pièces de théâtre, dont trois qui verront le jour sur les planches de l’actuelle Maison de la Culture.

LE DESSIN ANIMÉ

Mais que faire après ses études ? Sydélia était un peu dans le flou. Après un essai dans le théâtre à Paris resté sans suite, elle décide de se tourner vers le dessin animé, et y va au culot :

« J’ai adressé plusieurs lettres à des producteurs de dessins animés qui m’ont presque tous répondu négativement, voire mé-chamment. Sauf un : le plus gros producteur de la place, à qui l’on doit des succès comme Kirikou la sorcière ou Les triplettes de Bel-leville. »

Elle y restera pendant 10 ans, mais l’univers parisien commence à lui peser. Elle décide alors de s’installer en Nouvelle-Calédonie, où elle monte une société d’évènements scénarisés : des safaris féeriques, des escapes live ou encore des chasses aux fantômes.

LES DIFFICULTÉS DU MÉTIER DE SCÉNARISTE

Sydélia se remet à écrire. Parmi ses œuvres, on compte des épisodes des séries Bali, Tchoupi ou Tara Duncan… soit 300 scénarios en tout. Mais au fil du temps, elle prend conscience de certains aspects du métier qui commencent à lui peser.

« Il y a énormément de contraintes notamment industrielles, puisque le coût a beaucoup d’impact. Il faut aussi composer avec de nombreux intervenants qui s’immiscent dans votre écriture, surtout dans des projets cinématographiques, où l’on doit parfois adapter notre histoire à des impératifs culturels propres à chaque pays, ce qui peut dénaturer notre travail, sans parler de l’aspect financier. »

Les délais sont aussi un obstacle à la création, lorsque par exemple il ne reste quelques jours pour livrer 11 scénarios… Pour Sydelia, quand on choisit ce métier, c’est que l’on a des choses à dire, des messages à faire passer, et c’est douloureux de devoir faire des concessions.

« Je suis sollicitée pour faire des corrections, notamment pour la télé, mais ce qui est frustrant, c’est de ne pas avoir le retour du public. »

Et c’est à travers le théâtre qu’elle réussit à avoir la satisfaction de cette interaction avec le public. Récemment on l’a vue sur la scène du Teata Comedy Club, dans la pièce « Le Bal Des Crapules », avec son complice Nicolas Arnould 3, Aurélie Vigouroux4, Laurent Villanova et Eric Chalôns5.

Cette jeune artiste a désormais définitivement posé ses valises en Po-lynésie pour être entourée de sa famille. La richesse de son parcours lui a permis d’ajouter plein de cordes à son arc, comme productrice de séries et de documentaires, ou encore journaliste politique !

Sydélia déborde d’idées et de projets, et rêverait par exemple d’ouvrir une école de théâtre burlesque – un espace d’expression pour les femmes. Et c’est sur ce pouvoir de l’expression que se portent ses mots de la fin.

« S’exprimer c’est aujourd’hui un moyen de faire autre chose, comme voyager, pour des gens qui n’ont jamais quitté le fenua, en ayant le désir d’être meilleur avec tout le rêve que ça peut apporter. Ce n’est pas la célébrité qui est recherchée mais plutôt une envie de voyage, d’évasion ».

1 Patrice Guirao

2 Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques

3 Lire l’article Nicolas Arnould, la scène pour passion!

4 Lire l’article Aurélie, le théâtre dans le sang !

5 Lire l’article Eric Châlons, un ch’ti qui vous veut du bien

  Laurent Lachiver
  Rédacteur web

  © Photos : Laurent Lachiver

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