Natacha, les émotions du palais par le vin
À première vue, rien ne destinait Natacha à devenir fine connaisseuse et amatrice de vin. Ne faisant pas partie de sa culture, c’était pour elle « une boisson qui a mauvais goût, qui ne se boit pas à table, mais à la messe du dimanche, par les prêtres, et encore ! ». Femmes de Polynésie vous raconte une histoire d’amour, de passion et d’émotion, entre une Polynésienne et l’œnologie.
Une enfant fa’a'amu
Natacha Temauri a 44 ans. Enfant « fa’a’amu », elle est la dernière d’une fratrie de 10 enfants.
“J’ai deux papas et deux mamans, que je considère tous quatre comme mes parents. Mes grands-parents du côté de ma mère biologique ont adopté ma maman fa’amu, qui est la sœur de lait de ma mère. Mon père fa’amu est demi-Chinois demi-Tahitien. ”
Elle grandit à Tahiti, suit sa scolarité dans des établissements catholiques, passe toutes ses vacances à Raiatea, et s’inscrit à l’UPF.
“Si ça ne tenait qu’à moi, j’aurais fait des études de langues ou de lettres. Mais j’ai voulu changer un peu en faisant du droit.”
Après 2 ans à l’université, elle intègre la vie active.
“À 20 ans je voulais une voiture, et ma mère m’a dit : ‘Tu auras ta voiture quand tu l’achèteras toi-même’.”
L’éducation du palais
Après quelques expériences dans la vente, Natacha entre à la BRAPAC1 comme facturière. Elle a alors 23 ans. Fabrice, son directeur, remarque son aisance relationnelle et lui propose de l’initier au vin.
“Chez les Tahitiens, on ne boit pas de vin à table : c’est de l’eau ou de la limonade.”
Il la prend sous son aile et éduque son palais. À chaque nouvel arrivage, il lui fait déguster les différents vins, que Natacha rejette d’un « Je n’aime pas », ou « c’est trop fort ». Jusqu’au jour où…
“Je suis tombée sur un Château Notton, produit dans la région de Margaux par la Famille Lurton. Il était rond, doux, pas trop tanique. Un vrai coup de cœur !”
La passion du vin par le terroir
Mais ce n’est que 3-4 ans plus tard, lors d’un voyage en France, que Natacha se connecte vraiment avec l’univers du Vin.
“J’ai rencontré des vignerons dans leur élément, ils m’ont raconté leur histoire, et leur passion pour le vin a amplifié la mienne.”
Natacha y découvre aussi la notion de terroir, griottes, mures, cassis… Elle y fait aussi l’expérience du vin à table – indissociable d’un bon repas. D’autres voyages suivront et développeront son palais, ses connaissances et sa technicité.
“Pour être à l’aise au niveau du vocabulaire, il m’a fallu 2 ans. Quand on parle de vin doux, en France ça désigne un vin sucré, tandis qu’ici c’est plutôt un vin rouge pas tanique.”
Millésime
En 2010, la BRAPAC ouvre au sein de son siège à Arue un corner dédié aux particuliers, puis une première boutique Millésime à Papeete, au centre Vaima. Natacha y entre comme conseillère commerciale, avant de passer responsable deux ans plus tard.
“J’ai appris à décrypter les goûts des clients. Nos palais sont tous différents. Celui des femmes est plus fin, et les hommes en général aiment le vin plus charpenté.”
Face à une demande croissante et particulièrement concentrée sur la côté Ouest, une deuxième boutique ouvre quatre ans plus tard au « Lotus », à Punaauia.
“Nous n’avons pas la même clientèle. À Papeete, c’est plus de conseil, car l’achat est impulsif et de dernière minute, en sortant du bureau, pour un anniversaire, un apéro, un dîner. À Punaauia les clients savent mieux ce qu’ils veulent.”
Nouveau look pour la boutique du centre Vaima
Depuis mi-mai, Millésime Papeete accueille sa clientèle dans une boutique intégralement rénovée, où bois et métal créent avec style une ambiance cosy.
“Nous avons une clientèle féminine de plus en plus importante, qui est en demande de produits raffinés.”
A l’instar de sa grande sœur de Punaauia, la boutique du centre Vaima dispose désormais d’un espace épicerie fine, proposant fromage, charcuterie, foie gras, saumon, produits autour de la truffe, pâtes italiennes, huile de noisettes ou encore confitures !
“Notre clientèle masculine compte de grands amateurs de whisky. Nous avons donc aménagé un coin qui leur est dédié, offrant une belle gamme de whisky écossais, français ou japonais.”
Les produits de la marque BiBoViNo font également leur entrée, proposant des vins haut de gamme dans des BIB (Bag In Box, système de poche sous vide optimisé par des polymères).
“Les gens croient que la qualité est moindre, alors que c’est tout le contraire ! Non seulement le vin n’entre pas en contact avec l’air, mais le format est beaucoup plus pratique.”
Transmission d’une passion
En parallèle, Natacha organise des animations autour du vin, du whisky ou de la bière, en fonction aussi des demandes des clients. Une belle manière de transmettre son savoir et sa passion.
“Nous leur apprenons à analyser et décortiquer le vin, pour savoir notamment comment accompagner tel ou tel plat.”
Et toi, Natacha, après 17 ans de métier, quel est ton vin préféré?
“C’est compliqué de répondre à cette question, car chaque vin à sa personnalité. Mais mon coup de cœur du moment est un grand cru de la Côte Rôtie, fait par Stéphane Ogier en l’honneur de sa maman : La Belle Hélène.”
1 Brasserie du Pacifique
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Sponsorisé par MILLÉSIME
Propos recueillis par Vainui Moreno
Rédactrice Web : Lubomira Ratzova
©Photos : Millésime, Vainui Moreno pour Femmes de Polynésie