Elodie, libérez la route de vos envies
A tout juste 40 ans, Elodie Lansun, Directrice d’Exploitation chez Avis, entame sa 15ème année dans la société. L’heure de faire le bilan a sonné pour cette femme dirigeante, qui a su aligner force et fragilité dans une vie faite de cycles haut et bas. Elle fait partie de la mouvance social-business, avec une forme de management où l’humain est au centre des intérêts de l’entreprise. Femmes de Polynésie s’est rendu à son bureau pour s’imprégner de son parcours…inspirant.
A la tête d’un staff de 45 employés
9 heures du matin au pôle accueil d’Avis, trois équipes s’affairent. Trois duos d’agents qui reçoivent, conseillent, orientent, proposent, informent en tahitien, français ou anglais, le tout dans un concert de sourires, de regards complices et de gestes par eux seuls compréhensibles. Un service digne d’une chaine hôtelière, offrant comme un avant-gout de vacances.
Vous serez en effet surpris par cette équipe dynamique et attentionnée. Il n’en a pas toujours été ainsi. Il y a 15 ans, lorsqu’Elodie, fraîchement sortie d’Ecole de Commerce, se retrouve aux commandes de la société, elle ne s’imaginait pas la transformation qu’elle allait engendrer au sein de l’entreprise.
« Quand tu te retrouves à 25 ans à un poste de direction, on ne t’a pas appris à gérer l’humain, on te dit juste de faire comme on a toujours fait. Et dans les familles chinoises, il faut être derrière, contrôler et mettre la pression – c’est comme ça que l’on obtient des résultats ! »
Graine de commerçant
Elodie a grandi sur la terre de Polynésie, qui a bien voulu accueillir ses parents, et leurs parents avant eux. Une famille d’immigrés chinois venue chercher fortune à Tahiti, à une époque où la famine et les conflits faisaient rage en Chine. Des expatriés avec une culture du commerce très terre à terre, où l’on n’a rien sans rien. Ainsi lui inculque-t-on les valeurs du travail, de la famille et de la communauté.
« Avec toute la tribu de cousins, je me rappelle qu’on vendait des paquets de fruits au bord de la route, 100 francs la carambole. C’était nos premières notions de commerce et de vie de quartier communautaire. »
Elodie a adoré son enfance, et c’est la base de ce qu’elle est aujourd’hui : un mélange de cultures.
« L’autre jour, en accompagnant mes enfants au collège, j’ai eu les larmes aux yeux, parce que pour moi cela fait partie de mes meilleures années. Et quand je rencontre des amis de la primaire, je retrouve toujours cette connexion inter-ethnies. On chantait, on dansait, et j’adorais ces moments-là ! J’ai vraiment eu une enfance heureuse et la chance d’avoir été élevée dans les valeurs polynésienne.»
Eva…
Et puis il y a cinq ans, à l’âge de 35 ans, un événement va bousculer l’univers « type » de cette enfant à qui l’on avait appris que la vie c’est d’abord les études, puis monter son business et enfin fonder une famille. Elodie était dans le « faire et avoir ».
« J’étais même dans le « plus tu as, plus tu veux ». C’était quoi finalement le seuil de satiété ? Et avec ça, je me suis retrouvée face à certaines peurs : et si je n’ai plus ça, qu’est-ce que je fais ?»
Une question qui trouvera sa réponse en 2014, quand Eva, l’enfant d’une de ses meilleures amies, décède des suites d’une maladie. Cela provoquera en elle un vrai déclic. Elodie réalisera que dans sa vie elle n’a pas eu à faire face à de grands challenges qui la prennent aux tripes. Face à la mort, et face à la maladie, elle dit stop et se remet en question.
« Quel est le sens que je donne à ma vie, et finalement, qu’est-ce que je laisse derrière moi ?»
La métamorphose
Ce déclic existentiel arrive au même moment qu’un défi professionnel. Son plus gros concurrent s’est installé sur la place pile au moment du départ à la retraite de son bras droit. Seule et démunie face à toutes ces révolutions, Elodie doute.
« Est-ce que je ne porte pas un masque, parce qu’on m’a toujours appris le côté technique des choses, mais le côté humain, l’inspiration, que sont ces notions au sein de mon entreprise ? Résultat : j’ai été très stressée, parce que la société n’allait pas bien, et je me mettais la pression. La peur contracte et immobilise, alors que la confiance libère et nous oblige à chercher en nous la force pour trouver des solutions et changer notre façon de communiquer ! »
Sa plus grande force a été de réussir à conserver une part de l’enfant en elle, celle qui n’a pas peur de demander de l’aide.
« J’ai rapidement cherché et trouvé Margot chaptal de club Ideo qui m’a accompagnée, en s’inspirant de méthodes canadiennes. »
Cette année-là a été l’année de toutes les transformations, professionnelles comme personnelles. Accompagnée par une coach de vie, Nathalie Denis, elle a entamé un processus d’alignement identitaire.
« Certains me disaient que je partais dans tous les sens. En effet, je me plongeais dans des recherches diverses et variées, du reiki au thème astral en passant par des formations de Communication Bienveillante et ProcessCom, j’ai tout fait, mais j’ai toujours pris ce dont j’avais besoin, ce qui me parlait à moi. Cela m’a fait du bien, je me sens plus centrée et plus alignée avec la Elodie d’aujourd’hui ! »
Alignement et recherche d’équilibre
C’est toujours la Elodie d’avant : la petite fille joyeuse et spontanée de son enfance qui aime partager des expériences alliant plaisir, partage et évolution.
« Il y a tout juste un mois j’ai fêté mes 40 ans et j’ai l’impression que d’autres portes s’ouvrent ! Des concordances d’événements, de gens que je rencontre et qui font que les choses m’amènent à me dévoiler un peu plus. Par mon témoignage j’espère pouvoir en inspirer d’autres. »
Le changement commence par soi, et de l’importance de prendre soin de son corps et de ses émotions pour améliorer sa relation à l’autre et son impact. Grâce à la découverte du Tao avec Fabienne Flamand et la pratique du Tai Chi et Qi Gong, cela lui permet de faire un bilan quotidien sur son alignement corps, cœur et esprit tout en recherchant toujours le point d’équilibre. Un centrage pour agir plus en conscience de son impact et de la façon dont elle communique avec son entourage.
« Surtout dans les défis de femmes que nous vivons toutes. »
Enfin elle voulait finir en disant que :« j’espère qu’avec cet entretien je puisse inspirer des responsables d’entreprise qui ont du personnel à gérer. C’est une grande responsabilité car on est capable de causer beaucoup de souffrance au travail et dans les familles, tout comme on est capable d’inspirer confiance, de mettre en valeur et de libérer les potentiels de chacun. On est responsable de ça. C’est indispensable d’en prendre conscience et de s’interroger sur nos intentions, notre alignement et notre impact ! »
Jeanne Phanariotis
Rédactrice web
© Photos : Femmes de Polynésie