Dominique Jézégou : auteure, tout un métier !
Les 26 et 27 octobre prochains se tiendra le Festival du Livre en Bretagne, à Carhaix. Et à l’espace romanciers, Dominique Jézégou présentera son dernier roman, « Le secret derrière le mur ». Journaliste à la Dépêche de Tahiti, puis rédactrice en chef adjointe du quotidien et correspondante pour la région Pacifique Sud pour TV5 Monde, Dominique se confie aujourd’hui à Femmes de Polynésie sur son métier d’auteure.
La plume dans le sang
Native de Bretagne, Dominique Jézégou est la petite-fille du peintre Jean Guénégan, membre de la société des artistes indépendants. Elle a toujours eu la bougeotte, et navigue entre l’Europe, les Antilles, l’Afrique et la Polynésie française… Elle évolue d’abord dans la presse écrite, en métropole et à Tahiti, puis s’oriente vers les relations publiques et la communication, notamment pour le Domaine du Vin de Tahiti, sur l’atoll de Rangiroa – expérience qui donnera naissance à l’ouvrage « Vin de Tahiti, Jusqu’au bout du rêve ».
« J’ai créé mon agence de contenu éditorial il y a trois ans, mais je l’ai mise progressivement en sommeil, afin de me consacrer pleinement à mon activité d’auteure. »
Dominique vous dirait que pour écrire, il faut aimer raconter des histoires, avoir un style à soi et des qualités rédactionnelles ; mais avant tout il faut savoir ressentir les choses, et être sensible à ce qui nous entoure, les êtres comme les événements.
« Quand je pense aux peuples du Pacifique Sud, il me revient cette phrase navajo 1 qui dit : « Un jour, l’homme blanc demandera à l’homme rouge de l’aider à se souvenir comment revivre en harmonie avec la nature. ».»
Pour elle, l’Occident est ancré dans un système de valeurs très différent, rationnel et cartésien, qui a perdu de sa spiritualité, son univers ésotérique et mythologique, ses coutumes ancestrales, ce « mana » qui habite les Polynésiens qui en fait des peuples « racines » pleins de richesses.
« Le secret derrière le mur »
Dominique présente son manuscrit au Prix du Livre Romantique 2019 des Éditions Charleston. Il est sélectionné avec quatre autres, sur presque 300 en compétition, et se voit décerner la seconde place.
« Le secret derrière le mur » est une grande histoire d’amour sur fond d’histoire et d’aventure. Le roman explore les sentiments sous toutes leurs formes, et montre l’impact de l’amour sur notre destinée. Hone, son héros maori, est un marin hors pair qui navigue grâce aux étoiles et à cette spiritualité ancestrale en lui. Il vient d’une île lointaine, Staten Landt 2, dont le nom maori est Aotearoa, le Pays du Long Nuage Blanc.
« Lorsque je vivais à Tahiti, j’ai eu la chance d’aller plusieurs fois en Nouvelle-Zélande et l’histoire commune entre les maohi et les maori m’a fascinée. »
Pourquoi avoir choisi un maori plutôt qu’un maohi ? Tout simplement parce que Tahiti n’avait pas encore été découverte au moment où elle plante son récit ….
« Imaginer un héros maori était une façon de rendre hommage aux habitants des îles du Pacifique Sud, aux endroits magiques que j’ai aimés, lorsque j’y vivais, et à ces Polynésiens que j’ai connus, qui me manquent, leur humanité, leur gentillesse, leur sagesse et leur humilité, leur capacité à apprécier l’autre sans le juger. »
L’écriture : une construction organisée
Dominique a commencé ce roman il y a très longtemps et ne trouvait jamais le temps de le terminer, jusqu’au jour où elle a eu peur qu’il ne finisse inachevé, au fond d’un tiroir.
« J’ai donc décidé de poursuivre l’écriture de ce manuscrit et je n’ai plus arrêté… Cela m’a demandé un gros travail de recherches, notamment historiques et j’y ai passé presque deux ans. »
Pour elle, un livre se construit sans cesse, sur plusieurs chapitres à la fois, et souvent en parallèle sur le début et la fin. C’est comme un puzzle dont les pièces sont d’abord brutes, éparses, souvent floues, parfois manquantes, qu’il faut rassembler une à une, placer au bon endroit, et dont, petit à petit, on parfait les couleurs, la taille, la forme, avant de polir les contours.
« Il y a un moment où il faut mettre le point final. »
Mais au point final se succèdent les corrections, l’édition, l’impression, puis la promotion, comme pour Dominique en ce moment. Elle est en contact quotidien avec sa maison d’édition, mais aussi avec les libraires, la presse, les médias, les réseaux sociaux. Elle se doit également de participer aux différents salons et festivals littéraires pour rencontrer ses lecteurs.
Après avoir longtemps travaillé en équipe, Dominique œuvre à présent seule, en harmonie avec sa nature solitaire. Elle est à l’opposé de l’image d’artiste désorganisé que l’on se fait du romancier : son passé professionnel a gravé en elle un sens aigu de la rigueur et de l’organisation, et elle s’imposte une discipline de travail, avec des horaires fixes, ce qui lui permet de garder un équilibre dans sa vie.
La Polynésie – une société matriarcale ?
Pour notre auteure, la Polynésie est une société très matriarcale et cela reste un modèle de référence.
« À Tahiti, une entreprise sur deux est créée par une femme, je trouve cela formidable ».
La femme polynésienne est une femme comme toutes les autres, avec des aspirations familiales, professionnelles et personnelles, tout en étant bien différente d’une métropolitaine ou d’une américaine.
« Je trouve que beaucoup de Polynésiennes assument ce qu’elles sont. Mais qu’on arrête avec le concept de la vahine, cette utopie occidentale, cette surinterprétation métropolitaine ! Une polynésienne aujourd’hui, c’est un savant mélange de Titaua Peu, Chantal Spitz, Terainui Hamblin-Ellacott, Tiare Trompette, Poerani Albert, Angie Pambrun, Sandrine Tupai Turquem, Agnès Chantre, Christiane Chaine, Vaimalama Chaves… Qu’elles me pardonnent si j’en oublie. »
1 Navajo : peuple amérindien d’Amérique du Nord
2 Staaten Landt a été baptisée ainsi en 1642, par le néerlandais Abel Tasman qui l’a découverte. Aujourd’hui, elle porte le nom de Nouvelle-Zélande.
Plus d’informations
« Le Secret derrière le mur » est en vente en librairie, à la Fnac et sur toutes les plateformes de vente en ligne. Il peut être acheté depuis la Polynésie en contactant la maison d’édition « 5 Sens ».
Jeanne Phanariotis
Rédactrice web
© Photos : Dominique Jézégou