Aurélie, le théâtre dans le sang !
C’est l’histoire d’une fille qui a grandi avec un père comédien. L’univers de la télé, du cinéma et du théâtre ont très vite fait partie de sa vie. Si elle s’est vue assez rapidement derrière les caméras, elle n’aurait jamais envisagé l’idée de jouer. Une Femme entrepreneuse qui aime mener à bien ses projets, et dont la prochaine production « Le bal des crapules » se tiendra les 17, 18, 24 et 25 mai 2019 au Teata Comedy Cub (Paradise). Femmes de Polynésie a rencontré cette élève d’Alain Deviègre devenue comédienne.
Aurélie Vigouroux
Si elle manque de souplesse par moments, « c’est parce que j’ai un caractère de cochon » dit Aurélie. Née de mère Charentaise secrétaire-comptable et de père comédien né à Alger, Aurélie a comme tout un chacun aujourd’hui, un peu de toutes les cultures qui coulent dans ses veines, et se définit simplement comme une enfant de la terre.
« Pas une fête, un événement important sans eux. On se voit peu mais on sait que l’on est là les uns pour les autres et on s’aime profondément. »
Une enfance heureuse, pas parfaite, mais entourée de sa « smala », sa grande famille. Elle lui a permis d’avoir cette force en elle pour être ce qu’elle est aujourd’hui. La vie en général, les rencontres, les joies et les difficultés ont leur part dans le tracé de ce parcours. Et surtout : « il ne faut pas avoir peur d’essayer, quitte à complètement se foirer, mais au moins ne pas avoir de regrets ».
Combien de fois a-t-elle déménagé ? De nombreuses fois, mais cela a été une chance, dit-elle, d’apprendre à ne pas avoir peur de devoir changer sa vie. Elle a fait un enfant par amour, a peur de perdre ce qui fait son bonheur et rêve par-dessus tout d’avoir une maison avec un potager et des poules. En attendant, sa dernière folie en date est la création de son costume de scène.
Le théâtre, un milieu éclectique
Apeurée et excitée comme avant chaque production, Aurélie n’a pourtant pas toujours été comédienne. Un diplôme de maquilleuse professionnelle spécialisée en cinéma, c‘est à ce titre qu’elle officie sur les différents plateaux de télévisions du Fenua. Quant au théâtre… elle a appris sur le tas.
« Ma toute première pièce remonte à il y a 7 ans avec « Ne votez pas pour ma femme », une pièce écrite par le père de mon fils et mise en scène par Alain Deviègre »
Alain Deviègre est son mentor : du théâtre classique, à l’ancienne, certes, mais qui lui a tellement apporté. « Un grand homme de scène et de cœur » souffle t’elle…La scène devient passion. Un milieu qui l’enrichit en permanence au gré des projets et des rencontres. Un univers éclectique qu’elle aime éperdument. C’est un travail quotidien qui se greffe entre le temps qu’elle doit consacrer à son métier de maquilleuse et son fils.
« Il faut aimer se plonger dans un univers autre que celui qui est le nôtre, il faut aimer les gens, aimer les divertir, leur faire découvrir des situations, des personnages, les faire rire, pleurer ou réfléchir. Il faut s’oublier pour pouvoir intégrer de la manière la plus juste le personnage que l’on représente et qui souvent ne nous ressemble pas. Il faut aimer le travail d’équipe. »
Elle a continué un temps avec Alain Deviègre, puis a interprété le personnage de Belle dans un spectacle pour enfants de la Compagnie ChanPaGne, des idées qui pétillent (1). Elle a également joué dans des pièces pour Zip Prod comme « Ma femme s’appelle Maurice », « Attache-moi au radiateur » ou encore « Pepsie ». Depuis 2018 elle a intégré la troupe Didascalies, crée par Nicolas Arnould (2), qui a présenté sa première pièce « Ma femme est folle » en août dernier. Aujourd’hui elle l’aide dans la mise en place de ses projets de théâtre.
Pour cette nouvelle production, Aurélie endosse donc une fonction supplémentaire, celle de productrice. Pour évoluer au théâtre en tant que producteur, elle insiste sur le fait qu’il est important de savoir être à l’écoute, faire preuve de patience et d’organisation, et avoir un sens aigu de l’anticipation. Elle souhaite montrer qu’à Tahiti, on est tout aussi capable de monter des pièces de théâtre de qualité, avec des comédiens qui n’ont rien à envier aux professionnels venus de l’extérieur. A ses yeux, il y a un excellent potentiel artistique théâtral en Polynésie.
« Entendre rire une salle, voir les gens sortir heureux d’avoir passé un bon moment, ça n’a pas de prix. »
Une vie après la passion
Dire qu’elle n’a pas traversé des moments difficiles serait mentir. Que l’on soit simple comédien ou que l’on produise, chaque pièce est un défi. On ne sait jamais si l’histoire choisie et la manière de la traiter vont plaire. Aurélie est claire : « Il ne faut pas oublier que c’est avant tout une aventure humaine ». Les comédiens ne doivent pas perdre de vue qu’il faut savoir composer avec les tempéraments de chacun, les vies de chacun. Les moments de doute sont permanents, tant que l’on ne s’est pas confronté au public.
« Le plus important au final, c’est définitivement le public. Et on n’est pas obligé de s’aimer les uns les autres dans la vie pour monter ensemble sur scène. »
Car le milieu du théâtre c’est beaucoup de répétitions, de préparation technique du spectacle, de promotion. Tout cela demande beaucoup de temps et d’énergie pour peu d’heures de représentations, ce qui est, il faut l’admettre, frustrant. Et ça l’est surtout pour Aurélie, qui doit faire face au nombre grandissant de spectacles importés, qui ne laissent que très peu de place pour les productions locales.
« Tu es chiante, mais tu es une belle personne, ne change rien tu es sur la bonne voie »
C’est le conseil qu’elle aurait aimé recevoir à 20 ans. Elle aurait aussi aimé qu’on lui dise qu’il est important de prendre autant soin d’elle qu’elle prend soin des autres , et de laisser parler les personnes mal intentionnées.
Que fera-t-elle l’année prochaine ? « L’année prochaine c’est demain ! C’est difficile à dire, il faut laisser aussi la vie voir ce qu’elle réserve. Mais j’officierai toujours sur les plateaux de télé et de cinéma ». Et dans 10 ans ? « Toujours maquilleuse car j’aime plus que tout l’univers dans lequel j’évolue depuis maintenant 15 ans, et pourquoi pas, de temps en temps, sur les planches.».
L’empathie, la curiosité, l’ouverture d’esprit… des valeurs puisées au cœur d’une Polynésie à qui elle voue un attachement profond. 20 ans déjà qu’elle l’a accueillie et lui a fait découvrir une culture et des gens qu’elle respecte sincèrement, et un endroit où elle a décidé de continuer sa vie.
« Une envie sincère de partager, une acceptation de l’autre, rire d’un rien… c’est ça pour moi être Polynésien. Continuez à rêver, à faire vivre l’enfant au fond de vous que vous avez transformé en adulte. N’ayez de comptes à rendre qu’à vous-même. »
- Compagnie ChanPaGne, des idées qui pétillent : Lire portrait Femmes de Polynésie
- Nicolas Arnould :
Plus d’informations
Où ? TEATA COMEDY CLUB
Quand ? Du 17 au 25 mai 2019
Pour qui ? Tout public mais déconseillé au moins de 12 ans
Jeanne Phanariotis
Rédactrice web
© Photos : Femmes de Polynésie, Aurélie Vigouroux