Kimberley Cowan, une pâtissière de la cosmétique naturelle
Kimberley Cowan est une véritable fée de la pâtisserie comestible et surtout cosmétique. La jeune femme a fondé Druidesse, une marque de cosmétiques gourmands fabriqués localement et artisanalement à base d’ingrédients naturels. Sur Femmes de Polynésie
Si on lui avait dit qu’un jour, elle se retrouverait à fabriquer du savon, Kimberley n’y aurait pas cru. Et pourtant, aujourd’hui, à 31 ans, la jeune femme originaire de Moorea, vend bien plus que des savons, mais tous types de produits cosmétiques naturels, respectueux de notre environnement et de notre peau.
Comme beaucoup de jeunes, Kimberley ne savait pas quoi faire à 16 ans. Son père prit la décision de l’envoyer étudier à Gisborne en Nouvelle-Zélande, où vivait sa sœur, afin qu’elle passe un diplôme en business et management en vue d’être cheffe d’entreprise : “j’idolâtrais mon père. C’était un grand chef d’entreprise connu localement, passionné par la navigation dans la culture polynésienne avec le radeau Hawaiki nui”. Malheureusement, le parcours étudiant de Kimberley fut interrompu au bout de trois ans : “je suis revenue à Tahiti pour être au chevet de mon père qui était gravement malade”. Elle cumule alors les petits boulots alimentaires, et vit une période chaotique, surtout après le décès de son père.
Kimberley connaît des années sombres, avec des difficultés financières et des relations houleuses avec sa famille. Mais à 25 ans, la jeune femme décide de rebondir et elle retrouve sa rage de vivre enfouie depuis bien trop d’années : “Tous mes petits boulots me rendaient très malheureuse. Je m’étais toujours dit que je ne travaillerai pour personne. Et je voulais vivre de ma passion”. Sa passion ? La pâtisserie. “Depuis mon enfance, mon rêve était d’ouvrir une pâtisserie”. Avec l’aide de son entourage, elle fait des petits gâteaux qu’elle vend au centre-ville afin d’arrondir ses fins de mois.
Mais Kimberley déchante quand elle réalise qu’il lui faut passer un CAP si elle souhaite ouvrir une pâtisserie, mais aussi beaucoup de finances …. Elle ne se décourage pas pour autant. Sans s’en rendre réellement compte au départ, et plus par souci d’économie, elle se dirige vers un autre type de pâtisserie : “j’ai commencé à me poser des questions. Je me disais qu’on devait pouvoir trouver un moyen de se laver sans avoir à aller au magasin acheter du savon, du dentifrice… J’ai fait des recherches, j’ai lu des livres… Et je me suis amusée à la maison à faire des petites formulations basiques”. Elle crée des savons pour elle et ses amis qui lui servent de “cobayes” -au lieu de les tester sur des animaux. Charmé par ses produits, son entourage l’invite à percer dans cette voie.
“J’ai commencé à utiliser les plantes de mon jardin. Je faisais mon huile de coco vierge etc. Mon optique était de fabriquer autant la matière première que le produit fini, à ma petite échelle. Dès que j’arrivais à avoir un peu de sous de côté, je les mettais dans les ingrédients, dans les moules…” explique-t-elle. Pendant trois ans, elle se forme toute seule et développe son activité doucement mais sûrement : “j’ai commencé avec des savons, puis j’ai développé les shampoings et enfin les dentifrices. De fil en aiguille, je me suis davantage investie”.
En parallèle, elle commercialise des sacs à dos solaires : “j’étais toujours dans une démarche écolo, mais j’achetais un produit tout fait que je revendais… Mon âme ne vibrait pas, alors que quand je crée un savon, j’ai les yeux qui brillent, je suis heureuse, JE SUIS MOI, je suis la vraie moi”. Avant de lancer pour de bon sa marque, et avec le soutien du Haut-commissariat, Kimberley part faire une formation qualifiante dans le domaine des cosmétiques naturels et bio en France : “c’est une chose de lire des livres, de se renseigner etc. mais s’en est une autre d’avoir du recul, de tester tous ses produits etc. J’ai donc économisé pendant des mois pour pouvoir faire cette formation qui m’a confortée et m’a permis de combler mes lacunes”.
C’est à l’issue de sa formation, que Druidesse née officiellement : “mon papa était Écossais et Tahitien. Ce sont ses origines celtiques qui ont donné le nom de la marque. Et j’ai toujours admiré les druides. Une druidesse, c’est un mélange entre une sorcière et un médecin des plantes. C’est une philosophie qui parle à mon âme, à mon esprit. J’adorerai suivre un cursus de druide !”. Car Kimberley l’assure, Druidesse n’est pas qu’une marque de cosmétiques, c’est une philosophie de vie qui se veut “fraîchement authentique” : “il y a de l’ésotérisme derrière. Pour mes macérats, je travaille avec les pierres, les cristaux”.
Kimberley revendique des cosmétiques frais, sans conservateurs, et faits à la main “avec amour et passion” : “je rêve et je dors savon !”. Elle fait de la pâtisserie comme elle a toujours voulu le faire, mais qui ne se mange pas : “je suis une pâtissière dans l’âme qui fait des gâteaux lavants” plaisante-t-elle. “Je suis contente heureuse de fabriquer un produit que l’on peut consommer sans modération, un produit gourmand et coloré”. Parmi ses cosmétiques, on retrouve, en outre, du shampoing et de l’après-shampoing solides, des savons, de la crème solaire respectueuse des coraux, du dentifrice solide, du déodorant, et même de la wax pour le surf : “elle est 100% locale à base d’huile de coco et de cire d’abeille du fenua. Il n’y a aucune importation, l’impression est faite main et la main d’œuvre est locale”.
Afin de l’aider à développer Druidesse, Kimberley est aidée par une deuxième personne qui a un bac+5 en chimie verte : “la philosophie de Druidesse se doit d’être partagée. J’ai envie de créer de l’emploi (…) Et j’étais essoufflée, je commençais à m’auto-exploiter” confie-t-elle.
Une chose est sûre, les années sombres de Kimberley sont loin derrière elle désormais : “depuis que j’ai commencé à me reconnecter avec la nature, ma vie se porte mieux, mon esprit se porte mieux… Je me sens épanouie aujourd’hui. Je prends tellement de plaisir à faire plaisir”.
Dans un futur proche, Kimberley aimerait fabriquer elle-même toutes ses matières premières, sans importer de packaging, “pour qu’il y ait un impact moins important au niveau du carbone, des transports”. Elle espère aussi que cet engouement des Polynésiens pour les cosmétiques naturels va durer afin qu’elle puisse animer des ateliers, où, elle leur apprendra à fabriquer eux-mêmes leurs cosmétiques naturels et gourmands.
Plus d’informations
Page Facebook : https://www.facebook.com/DruidesseTahiti/
Instagram : https://www.instagram.com/druidessetahiti/
Point de vente : boutique Moemoea & Co au centre ville de Papeete, passage Cardella (la petite ruelle entre la boutique Hinano et la chocolaterie Leonidas).
Noémie Schetrit
Rédactrice web
© Photos : Noémie Schetrit