Reina : « Je suis partie vivre et travailler en Nouvelle-Zélande »
Reina Cheng est une jeune femme de 33 ans, née en Polynésie Française, de parents issus de la communauté chinoise de Tahiti. Première dauphine de miss Dragon en 2009, elle est aujourd’hui diplômée d’une Licence en Marketing obtenue à la Auckland University of Technology – AUT. Elle vit en Nouvelle-Zélande avec son compagnon polynésien et leurs deux petites filles de 5 ans et 15 mois, qui ont vu le jour à Auckland. Femmes de Polynésie a voulu en savoir plus sur sa vie et ce qui l’a poussé à vivre à l’étranger.
Le choix de la Nouvelle-Zélande
« Comme beaucoup de Polynésiens qui ont la possibilité de faire des études après le Bac, je suis partie vers la Nouvelle-Zélande. C’est un pays que j’ai connu lors de plusieurs séjours linguistiques durant mes années au Lycée La Mennais. »
Reina se constitue un réseau d’amis Néo-zélandais et Polynésiens dans le pays des kiwis et s’y installe en 2004 pour préparer son International English Language Testing System – IELTS, puis un Certificat en Business auprès de la Crown Institute, avant d’intégrer un cursus universitaire à Auckland University qu’elle termine en 2007.
La vie qui suit son cours au gré des expériences professionnelles
Par la force des choses, Reina choisit de rester dans son nouveau pays d’accueil.
« Durant mes études de Marketing, j’ai été amenée à faire des stages en entreprises. Je me suis donc retrouvée d’abord chez un transitaire, puis dans une compagnie maritime et actuellement chez un exportateur de fruits. »
Son plurilinguisme (français, anglais et chinois) et toute son expérience dans le domaine de l’import/export lui permettent d’accéder au poste de Responsable des ventes et des exportations (pommes et cerises néo-zélandaises) vers la région Asie-Pacifique/USA, et notamment la Polynésie française par le biais d’un sous-traitant.
« Quelque part, le Fenua est toujours présent dans ma vie, et pour cause ! »
Ce qu’elle aime en Nouvelle-Zélande
Malgré le fait que « l’hiver kiwi est assez rude pour un Polynésien gorgé de soleil », il y a quatre raisons qui poussent Reina à vivre dans ce pays.
- Les gens, leur hospitalité et leur solidarité ;
- Le niveau et la qualité de vie plus élevés qu’en Polynésie française, ce qui rend le coût de celle-ci plus agréable et confortable ;
- La légendaire politique environnementale et de préservation de l’espace et des ressources néo-zélandais ;
- La politique et la justice sociale dans le domaine de l’humain, de l’humanité et de l’humanisme.
« Quelque part, il y a une similitude entre la Nouvelle-Zélande et Tahiti : ce sont tous les deux des Pays cosmopolites et multiculturels. Peu importent les caractéristiques physiques que l’on a, les Kiwis et les Tahitiens portent leur Pays dans le cœur. »
Un exil malgré tout
S’il n’est pas toujours facile de jongler avec les casquettes de maman, de femme et de business woman, Reina, loin de sa famille en Polynésie, puise sa force dans la famille qu’elle a fondé :
« L’exil n’est pas facile pour une femme. Rien n’est facile en fait pour une femme, et ce sont mes petites filles qui m’inspirent et me motivent à me battre toujours et encore plus fort sans jamais baisser les bras, jour après jour, échec après échec. »
Mais Reina, qui a fait le choix de partir, garde en tête cette phrase d’un poème d’Edmond Haraucourt : « Partir, c’est mourir un peu ».
« S’il est de bon augure de dire aux Polynésiens de partir et de mourir un peu, qu’ils sachent avec une intime conviction que chaque retour au Fenua est une résurrection ! »
Parce que, comme elle l’explique, « chaque retour est enrichi d’expériences qui font de nous de nouveaux Polynésiens plus éclairés et prêts à servir et à construire notre Fenua. »
Des liens forts avec son fenua
« J’aime bien l’image de l’artiste Bobby Holcomb quand il dit qu’un arbre pour atteindre le ciel a besoin de racines fortes et profondes. »
Si Reina a eu un temps l’envie de revenir au Fenua pour que ses filles grandissent dans la culture polynésienne, celle dans laquelle elle a grandi et été élevée, elle sait aussi que ce n’est pas une mince affaire.
« Le marché de l’emploi à Tahiti est plus restreint et les compétences que j’aie ne pourront que difficilement être exploitées à leur potentiel maximum. »
Pour l’heure, Reina essaye de revenir le plus souvent possible en vacances au fenua pour passer du temps avec sa famille et ses amis, et pour qu’ils puissent voir grandir ses enfants autrement que derrière un écran d’ordinateur ou de celui d’une tablette.
« Je m’efforce de promouvoir et de faire connaître la Polynésie française à l’international grâce à mes origines culturelles auprès de chacun de mes contacts professionnels à l’étranger. »
C’est un projet ambitieux quand on sait que certaines personnes ne savent même pas que Tahiti existe ou bien qu’elles confondent Tahiti avec Haïti.
« Ne jamais prendre de raccourcis, ne jamais choisir la facilité, car ni l’un, ni l’autre n’ont la saveur de la réussite! »
Si le choix de vie amène de nombreux enfants du fenua à s’expatrier, nul doute que leur Cœur, comme celui de Reina, n’est jamais loin de leur pays qu’ils retrouveront un jour ou l’autre.
Tehina de la Motte
Rédactrice web
© Photos : Reina Cheng