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Les femmes en politique.

FEMME EN POLITIQUE, POURQUOI S'ENGAGER ?

Publié le 31 mai 2017

 

Tepuaraurii TERIITAHI

Portrait de Tepuaraurii teriitahi

C’est en 2014 que Tepua fait ses premiers pas en politique, lorsque le maire de Paea lui propose d’intégrer sa liste aux élections municipales. Femme de conviction et de défi, elle accepte car elle veut le meilleur pour sa commune. Zoom sur son parcours politique, né de la volonté de faire évoluer la réalité communale.
Éducation et uniforme, préambule à une carrière politique.
Tepuaraurii TERIITAHI est âgée de trente neuf ans aujourd’hui, au mois de décembre elle fêtera ses quarante ans. Cette jeune femme originaire de la commune de Paea est passionnée de vélo et de voyages. Après avoir visité plusieurs pays à l’étranger, elle parcourt désormais les îles de la Polynésie. Elle a notamment beaucoup sillonné les atolls des Tuamotu et récemment l’archipel des Australes. Elle nous confie qu’elle aimerait bien finir sa vie à Taravai, une île située juste à côté de Rikitea aux Gambiers. Une île qu’elle a découverte il y a dix ans et pour qui elle a eu le coup de foudre. Mais en attendant le temps de la retraite qui est encore bien loin pour elle, Tepuaraurii nous parle de son parcours professionnel qui débute par l’enseignement. Après trois années de formation à l’école normale, elle est titularisée en tant qu’institutrice :  » j’adore l’enseignement, la pédagogie c’est quelque chose que j’aime énormément parce que je trouve que la transmission du savoir c’est quelque chose de très gratifiant, parce que l’on voit le résultat à travers l’enfant ». Les choses se passent bien pour Tepuaraurii, jusqu’au jour où l’opportunité de faire carrière au sein des services des douanes se présente à elle. Malgré sa passion profonde pour l’enseignement, elle opte pour le port de l’uniforme : « j’ai dû faire un choix entre deux carrières. J’avoue que j’ai préféré l’uniforme car cela me correspondait peut-être un peu plus, pour le côté cadré et règlementaire, mais j’aime énormément l’enseignement ». Cela fait donc vingt et un an que Tepuaraurii exerce le métier de fonctionnaire des douanes à l’aéroport de Tahti-Faa’a. À aucun moment elle ne s’est douté que le destin allait lui offrir une autre voie, un autre chemin, celui de la politique.
Tout mettre en oeuvre pour faire évoluer la réalité communale.
C’est en 2014 que Tepuaraurii fait ses premiers pas en politique, lorsque le maire de Paea, Jacqui GRAFFE lui propose d’intégrer sa liste aux élections municipales. Femme de conviction et de défi, elle accepte la proposition du tavana de Paea  car elle veut le meilleur pour sa commune : « Je ne m’ennuyais pas dans ma vie, j’avais énormément de choses à faire, j’étais du côté des citoyens et comme tous les administrés je rouspétais beaucoup, sur la fréquence des poubelles, la qualité de l’eau, sur certaines choses de la commune et quand tavana m’a appelé pour intégrer sa liste parce qu’il voulait rajeunir son équipe, intégrer de nouveaux visages autour de lui, j’ai accepté parce que je me suis dit, plutôt que de se plaindre tout le temps et critiquer, j’ai voulu faire le pas et me dire comment, si je suis de l’autre côté, je peux faire pour aider et résoudre ce que je critique d’habitude, en tant qu’ habitante de Paea ». Cette année là, Jacqui GRAFFE et son équipe remportent les élections municipales à Paea. Tepuaraurii devient alors conseillère municipale au sein de sa commune. Cette fonction d’élue, elle ne la connaît pas et elle ne tardera pas à découvrir la réalité communale : « Je ne connaissais rien du tout et j’ai appris à comprendre, à comprendre comment fonctionne un budget, comment on gère une commune, comment c’est difficile parce que lorsque l’on est citoyen de la commune, on a l’impression que c’est facile, que le maire peut tout faire, si ça se passe mal, c’est qu’il fait mal, or ce n’est pas du tout ça. On se rend compte quand on est à l’intérieur que ce n’est pas si facile et qu’il faut beaucoup d’efforts pour arriver à des résultats ». Malgré sa jeunesse et son manque d’expérience en politique, Tepuaraurii s’investit à fond dans son nouveau rôle. Très vite, elle détecte les lacunes du système communal : « En Polynésie, le problème c’est le partage des compétences entre les communes, le pays et l’état bien sûr, mais c’est surtout entre le pays et les communes. Contrairement à la métropole, en Polynésie les communes ne peuvent pas agir dans tous les domaines. C’est un vrai frein puisque l’emploi, le logement ne sont pas de compétences communales, mais pour les administrés, le premier interlocuteur c’est la commue, le tavana. Eux ils ne cherchent pas à comprendre, quand tu vas leur expliquer que ce n’est pas la commune qui est compétente. Donc c’est au politique de faire évoluer les choses, la règlementation, le statut à ce niveau là. Je donne beaucoup de mon temps à la commune, dans les commissions de travail, pour faire évoluer les choses ».
Retour à l’enseignement avec le SPC, le syndicat pour la promotion des communes.
En tant que conseillère municipale, Tepuaraurii n’avait qu’une seule ambition, celle de se consacrer entièrement à sa commune et à sa population de Paea. Avec le maire de sa commune Jacqui GRAFFE, ils privilégient la proximité avec les habitants, même en dehors des périodes électorales. Ils organisent régulièrement des réunions au sein des quartiers pour informer les administrés de ce qui se passe au niveau de la commune. Au cours de ces rencontres de proximité Tepuaraurii apprend auprès du tavana de Paea à maîtriser les stratégies et les armes de longévité pour se maintenir en politique. Pourtant, le destin lui réserve bien autre chose, d’autres horizons qui vont lui être révélés progressivement. Le tavana de Paea lui demande de prendre sa place et de siéger au sein du SPC, le syndicat pour la promotion des communes, afin de représenter la commune de Paea. Elle se retrouve dès lors propulsée au milieu des maires de toute la Polynésie. Elle est vite repérée pour ses compétences. Le SPC lui propose d’intégrer son pôle formation auprès des élus, c’est l’occasion pour elle de renouer avec sa passion première, l’enseignement. En 2016, elle va plus loin, puisqu’elle va marquer de son empreinte la sphère politique du fenua, en prenant la défense des tavanas : « je suis revenue à mes premiers amours, on m’a proposé de devenir formateur d’élus au sein de la branche du SPC qui forme les élus des différentes communes. J’ai accepté et je fais donc régulièrement de la formation auprès de conseillers municipaux, des maires, je fais des séminaires à Tahiti et dans les îles. Durant trois années au sein du SPC, je vois les problèmes règlementaires, les spécificités dont on ne tient pas compte.  L’année dernière j’ai animé la table ronde du congrès des communes qui s’est déroulé à taiarapu-est, cela avait fait grand bruit parce que j’avais dit des choses que personne n’avait osé dire, déjà à l’époque. J’avais activement participé à la fameuse résolution qui a donné suite à une vraie révolution, puisqu’on a envoyé un message très très fort au gouvernement par rapport à l’implication des tavanas, puisque bien souvent dans les projets du pays, on n’implique pas assez les tavanas ou alors ils ne le sont qu’à la fin, quand les projets sont terminés. Donc on avait lancé un appel au pays de nous impliquer davantage pour plus d’efficacité, pour éviter les gaspillages que l’on peut voir, ou les échecs. Cela passe par la consultation de la base et pour nous la base, ce sont les tavanas ».
Compter sur un mentor en politique, c’est une chance.
Trois ans après son entrée au conseil municipal de Paea, Tepuaraurii TERIITAHI n’en est qu’à l’aube de sa carrière politique. L’année dernière le tavana de Paea lui demande de se présenter aux législatives, elle accepte ce nouveau défi, malgré vents et marées. Le tavana de Paea joue un rôle essentiel depuis qu’elle s’est engagée en politique. Elle lui est reconnaissante, car si elle en est là aujourd’hui, c’est grâce à lui. Tous les deux ont une relation particulière, un peu comme un père avec sa fille, mais aussi, une relation intergénérationnelle où la transmission du savoir en est le centre primordial :  » J’ai la chance d’avoir tavana à mes côtés, parce que en politique, en tout cas si tu veux percer, il faut avoir une base solide, il faut avoir un vivier et on peut dire aujourd’hui que c’est tavana qui m’offre ce vivier là. Si tavana n’étais pas derrière moi, je ne serais pas là où je suis aujourd’hui, pour moi c’est une évidence. Après on se complète beaucoup, c’est d’ailleurs le symbole du mouvement qu’on a créé, Porinetia to’u ai’a, puisqu’on n’a pas de parti politique, notre seul parti c’est la Polynésie et notre symbole, qui est depuis longtemps celui de tavana, c’est le flambeau. Cette passation, cette transmission en fait, entre quelqu’un d’expérience, de mûr et quelqu’un de plus jeune, de nouveau. Il y a donc cette transmission, cette préparation de l’avenir. C’est quelque chose qui me plait beaucoup et par rapport à ça, tavana est un précurseur, même au sein du conseil municipal il prépare sa suite contrairement à d’autres. J’apprends beaucoup avec lui, bon, j’ai aussi mon caractère mais il est pour moi comme un « metua », un père, on arrive à communiquer à trouver un équilibre, on se comprend. Il est bienveillant, il essaie toujours de me protéger et moi comme je suis quelqu’un qui aime bien contrôler les choses, qui aime bien tout savoir, il m’apprend aussi à accepter de ne pas comprendre certaines choses, grâce à son expérience. Il essaie beaucoup de me préserver et surtout de me préparer au mieux, face à la dure réalité de la politique, car moi je suis naïve, quand je dis que je ne fais pas de politique politicienne, on est entouré de gens qui ne font que de la politique politicienne et c’est ce qui casse tout, parce que ce sont des personnes qui n’ont pas pour objectif l’intérêt général mais leur propre intérêt personnel et là ça clash ».
Thierry Teamo
Rédacteur web

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