Hinatea, la passion de transmettre
Hinatea Colombani est à la tête du Centre ‘Arioi situé à Papara. Cette jeune femme de 32 ans, active, dynamique, tout sourire, a créé ce centre avec son compagnon Moe. Leur objectif ? La transmission des savoirs traditionnels et culturels aux plus jeunes. Femmes de Polynésie vous invite à découvrir cette jeune femme engagée.
Tout a commencé avec la danse
Des yeux brillants, un grand sourire, des cheveux soyeux et un visage rayonnant, Hinatea respire la vie et l’enthousiasme. Elle qui se considère comme une « outsider » a été bercée par la danse tahitienne dès son plus jeune âge. Elle apprend ses premiers pas avec Makau Foster et part en tour d’Europe à 13 ans avec la troupe Toa Reva de Manouche Lehartel.
« J’ai eu la chance de voyager ailleurs très vite. »
La vie étudiante la rattrape, elle abandonne la danse pour passer son bac et faire ses études.
« J’ai coupé mes cheveux à la garçonne. Ceux qui m’ont connu à cette époque-là, seraient surpris de me voir à la tête d’une école de danse ! »
Pendant cette période, Hinatea cherche à se former. Elle fait du droit en métropole et retourne à Tahiti avant de finir sa licence.
« Sur le moment, j’ai eu l’impression de louper trois ans de ma vie… Avec le recul, j’ai compris que j’ai « loupé » trois ans de ma vie au bon endroit et au bon moment. »
Avec cette expérience, Hinatea apprend les outils qui l’aideront monter son projet : enseigner la danse traditionnelle tahitienne.
Un chemin pavé d’étoiles
« Je suis rentrée durant les vacances d’été et Makau m’a parlé d’enseigner la danse. J’ai ri et j’ai refusé… Elle a attendu. »
Quelques mois plus tard, le poste de professeur assistant se libère.
« Je me suis dit pourquoi pas, c’est ma passion et je vais économiser pour repartir terminer mes études… J’y suis allée pour le fun. Le premier jour Makau arrive en retard. Je suis restée seule avec des enfants de trois ans pendant 45 minutes ! Elle est venue avec un grand sourire pour me dire « et alors ? ». Mon cheminement a commencé. »
Hinatea se révèle. Elle comprend l’importance de la pédagogie.
« Il est essentiel de savoir mettre en avant chaque élève. »
Elle devient la tatie qui conseille. Riche de ses voyages, elle nourrit l’idée de créer un centre « qui ne résume pas la culture à la danse et inversement. »
Une aventure à deux, à trois, à plusieurs
« Je ne peux pas parler du centre sans parler de Moe, ma moitié. Le centre, c’est notre bébé. »
Le Centre ‘Arioi, c’est l’histoire d’un couple amoureux depuis plus de 15 ans. Moe est piqué à la terre, il aime cultiver et pour le centre, il a su recréer un F’a’a’pu ma’ohi1.
« Il y a quelques jours, on a récolté près de 36 kilos de patates douces plantées en mai dernier avec les enfants. »
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Dans cet esprit, le couple a voulu ouvrir des cours sur l’ensemble des savoirs traditionnels polynésiens : danse, voile, culture de la terre, langue tahitienne… Ces apprentissages qui font un ‘Arioi2.
« On partage des moments « miracles ». Un jour, Moe et moi, on était dans une salle du centre culturel. On a entendu les adolescents… Ils s’étaient mis à donner des cours aux plus jeunes. Là, on s’est dit qu’on avait réussi. »
Son succès, Hinatea le doit aussi à sa maman, son premier soutien.
Un projet, des projets pour l’avenir du fenua
Hinatea et Moe ont réussi à convaincre de nombreux acteurs clés du fenua. En 2017, Hinatea intègre l’incubateur de projets PRISM sous l’égide de la CCISM qui lui permet de lancer une SARL. Elle vise à ouvrir les portes du Centre aux touristes pour leur donner une fenêtre sincère et authentique sur la culture polynésienne.
Hinatea reçoit un prix de la DGEN pour son projet « The Arioi Experience », un site internet et des applications mobiles pour la publication de contenus de formations sur différentes facettes de la culture polynésienne.
Elle et Moe reçoivent également un prix du Ministère du Tourisme qui encourage le projet de Moe, celui d’un écolodge destiné à accueillir locaux et touristes pour se former.
Hinatea vibre de bonheur et de gratitude. Elle est convaincue que l’ouverture à l’autre permet de déplacer des montagnes :
« Plus tu apportes quelque chose à l’édifice, plus tu donnes l’exemple et plus tu t’enrichis en partageant avec les autres… Plus tu connais le succès. »
Plus d’informations
Sur la page Facebook Arioi Centre Culturel et Artistique
1 F’a’a’pu ma’ohi : potager.
2 Arioi : un initié aux arts traditionnels ma’ohi.
Céline Hervé Bazin
Rédactrice web
© Photos : Céline Hervé Bazin