La double vie de Mathilde Laffont, analyste financière et pierceuse
À Mystery Machine Tattoo Tahiti, situé dans le quartier Hamuta à Pirae, estampes japonaises, aiguilles et encre fricotent ! Mathilde Laffont nous ouvre la porte du shop pour nous parler de sa double vie : responsable financière et pierceuse. Femmes de Polynésie dresse le portrait d’une vahine dynamique, qui n’a pas eu peur de se réinventer pour s’épanouir.
Piquée par la reconversion
Mathilde Laffont découvre le Pacifique d’abord avec le Vanuatu, puis avec Tahiti où elle s’est installée il y a plus de 4 ans. Diplômée en finance, elle y travaille depuis 10 ans. Son arrivée ici marque le début d’une remise en question professionnelle. En en riant aujourd’hui, Mathilde parle de “crise de la trentaine”, mais évoque aussi et surtout un cheminement réfléchi.
« Pendant l’audit, je me cherchais. J’ai changé de taff pour intégrer une entreprise de grossiste médical. Ça allait mieux, mais les questions revenaient sans arrêt. Je me disais que je n’allais pas faire ça toute ma vie. Je n’avais pas eu la motivation de reprendre des études, surtout avec un poste intéressant et confortable… »
Dans sa quête, elle pense d’abord à gérer un shop de tatouage, un vieux rêve qui semble difficilement viable :
« Je n’étais pas sûre que cela suffise pour en vivre. Il a donc fallu que je trouve autre chose. Pas tatoueuse, non plus ! Et puis, l’idée du piercing m’est venue. Ça me plaisait et puis je me plaignais de ne pas trouver de bijoux de piercing à Tahiti. Alors, pourquoi ne pas essayer ? »
Elle trouve une formatrice, part un mois dans l’Hexagone pour tout apprendre puis revient au fenua, prête à lancer son activité et à percer avec son entreprise : Pimp My Skin.
Des bijoux plein le corps
« J’ai d’abord commencé sur les copains puis j’en ai parlé autour de moi. Je passais déjà beaucoup de temps à Mystery Machine Tattoo Tahiti avec les copains, et ils m’ont dit : ‘’On va s’organiser, te faire une place dans le shop !’’ J’ai pris un poste, ouvert ma patente, commencé à avoir des clients. Cela fait maintenant un peu plus d’un an que je suis là ! »
Aujourd’hui, elle partage son temps entre ses deux métiers : 80 % en finance et 20 % au piercing.
« Jongler entre les deux m’a redynamisée. Je commençais à tourner en rond. Je sais que je ne suis pas forcément faite pour rester derrière un ordinateur toute la journée. Pendant 10 ans, ça m’a convenu mais plus maintenant. Là, c’est un rythme différent, et il faut que je sois plus concentrée ! »
Mathilde s’épanouit pleinement dans ce nouveau domaine, avec un faible pour la réalisation de piercings moins courants. Elle propose également de jolis bijoux pour embellir les corps, mais ce qu’elle aime avant tout, c’est le lien humain.
« Ce qui me plaît, c’est de rencontrer plein de personnes : chacune est différente et vient avec son projet. Et quand elles repartent, elles ont le sourire et c’est hyper gratifiant ! »
On parle même parfois de piercing-thérapie.
« Certains se confient un peu, expliquent pourquoi ils veulent marquer leur corps avec le piercing. Je ne m’attendais pas à cette dimension émotionnelle ! C’est plus profond que ce que j’imaginais. »
Elle recommande le piercing pour se réapproprier son corps et se faire plaisir. Elle propose aussi des consultations pour discuter d’un projet, rassurer ou simplement changer un bijou.
Un épanouissement personnel et des projets plein la tête
Mathilde Laffont continue d’évoluer entre ses deux métiers :
« Pour l’instant, c’est rassurant d’avoir les deux. À terme, si je me rends compte que je peux ne vivre que du piercing, j’arrêterais l’autre. »
Son expérience en finance est un vrai atout pour ses futurs projets :
« Je ne regrette rien. J’ai appris tellement de choses et ça me servira si j’ouvre mon propre shop. J’ai toutes les bases : finance, comptabilité, etc. Cela me permettra de rebondir. »
Ainsi, aujourd’hui, sa formation prend tout son sens et lui permet de se projeter.
Mathilde prône une vision assumée des reconversions professionnelles, vitales pour un bon épanouissement personnel.
« Se lancer dans des projets, c’est important ! Ça prend du temps, beaucoup de réflexion. Mais j’ai trouvé mon équilibre. Ce n’est pas facile, mais ça vaut le coup d’aller au bout. J’ai eu de la chance d’avoir des bonnes personnes autour de moi qui m’ont conseillée et qui m’ont dit : Vas-y ! »
Rédactrice
©Photos : Marie Lecrosnier–Wittkowsky pour Femmes de Polynésie
Directeur des Publications : Yvon Bardes
