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Tiare Teuira Roopina, apprendre en vacances

Publié le 21 août 2024

 Si certains profitent du mois de juillet pour prendre des vacances, Tiare Teuira Roopina, quant à elle, est ravie de passer ses journées à l’école: elle est directrice du centre de vacances « Mon univers polynésien », installé dans l’école élémentaire Tuterai Tane à Pirae. Femmes de Polynésie a souhaité rencontrer cette femme engagée pour la jeunesse à travers son travail au sein de la ligue F.O.L. [1]

Il faut surtout aimer les enfants

Tiare Teuira Roopina a commencé à travailler dans les camps de vacances dès la classe de seconde pour être avec ses amies. Après un bac général en SMS (sciences médico-sociales), elle obtient une licence en reo mā΄ohi à l’UPF. Elle travaille dans un cabinet dentaire pour payer ses études, mais s’épanouit vraiment durant les vacances scolaires, lorsqu’elle retrouve les centres de vacances et les enfants.

« J’ai fait beaucoup de centres de vacances comme enfant, puis aide animatrice et enfin en tant qu’animatrice, j’ai continué les formations pour avoir le BAFA[2].
Avant le Covid, j’ai fait un centre avec une directrice de camp qui m’a donné envie de découvrir ce poste. Donc je me suis lancée, c’était un challenge, j’ai réussi mes différents examens, jusqu’au D4 où j’ai été inspectée par Steve Raoulx inspecteur au sein de la DJS.
Pour être directrice, il faut avoir la tête sur les épaules, être ordonnée, être réactive. Savoir manager une équipe, être à l’écoute de son équipe, travailler avec les différents acteurs, les différents prestataires, la F.O.L., les parents. Il faut aimer être entouré d’enfants, il faut être pédagogue et patient. Il faut surtout aimer les enfants. »

Ainsi, Tiare est directrice de centre en cours de titularisation depuis 2019. En 2022, elle a rejoint la F.O.L. en tant que membre permanent au poste de secrétaire de direction sous la tutelle de la Secrétaire Générale de la Ligue de l’Enseignement, Daliana Tchen Lam. Elle continue, pendant les vacances scolaires, à animer des centres.

« Mon univers polynésien »

Le centre basé sur la thématique « Mon univers polynésien » est né d’une demande du Ministère de la Jeunesse et des Sports ainsi que du président de la ligue de la FOL Monsieur Pépin Mou Kam Tse.

« On m’a demandé d’organiser un centre autour des traditions et coutumes polynésiennes. C’est un défi que j’ai relevé.
Le premier camp a eu lieu en décembre : on a pris Tahiti et ses îles et quand j’ai recruté mon équipe d’encadrement, j’ai sélectionné des animateurs des cinq archipels. Ils viennent des îles, parlent les langues, vivent là-bas et partagent le savoir des anciens. »

Des vacances culturelles pour les enfants à Pirae.

En décembre, puis en juillet, les enfants, âgés de 3 à 13 ans, ont ainsi été plongés dans la culture polynésienne. Le travail sur la langue est primordial :

« Tout le long du séjour, dès le premier jour, les enfants sont immergés, on a des activités où on parle tahitien ou bien les différents dialectes des archipels. On commence par parler tahitien ; si les enfants ne comprennent pas, on passe par le français pour expliquer et on revient ensuite au tahitien. On répète, on apprend avec des chants et jeux.
Aussi, nous avons fait des échanges intergénérationnels avec les aïeux de la commune. Ce lien pour ma part était important car nos aînés sont des livres ouverts qui relatent les contes et légendes de la commune de Piraè, cela reflète la tradition orale et surtout ce respect des aînés.»

Tiare met également en place des ateliers pour approfondir les traditions : tapa, mono΄i, couronnes de fleurs… Les animateurs culturels enseignent ce qu’ils ont appris de leurs ainés et participent eux-mêmes activement :

« Une semaine avant l’ouverture du centre, on va dans la vallée avec les animateurs pour chercher le matériel dont on a besoin, pour les activités et la décoration du centre. On crée ainsi une cohésion d’équipe et ça permet aussi aux animateurs d’apprendre. Par exemple, pour la fabrication du mono΄i il faut ramasser le coco, le râper pour faire l’huile. Ça demande du travail, mais c’est formateur : l’animateur apprend d’abord, pour pouvoir enseigner à l’enfant. »

Les enfants apprennent les langues des cinq archipels.

L’engagement de l’équipe de « Mon univers polynésien » est impressionnant mais surtout il est porté avec passion. Quand Tiare évoque son atelier d’΄ōrero, l’art oratoire, elle ne peut que nous captiver :

« Le΄ōrero, c’est déclamer ta terre. On transmet notre savoir de l’art oratoire dans nos langues, en français, en marquisien, en reo raivavae, en paùmotu ou en tahitien.
Les enfants ont déclamé leur terre. Quand on joint tous les textes des enfants, des cinq archipels, on obtient un magnifique texte qui clame : Enfant lève-toi, ta terre t’appartient, et il faut le déclamer, avec amour. »

Apprendre en s’amusant

L’apprentissage est omniprésent dans cette association. Elle se donne pour objectif de transmettre savoir-être,  savoir-vivre et  savoir-faire pour favoriser l’autonomie, l’épanouissement et la socialisation de l’enfant, dans une démarche démocratique et laïque.

« Dans toutes les activités menées par la F.O.L., centres de vacances ou périscolaires, formations BAFA-BAFD, on partage les valeurs de la ligue, mais aussi on répond au grand thème :  »Tahiti mon fenua ».
Le but est de développer les connaissances sur l’endroit où l’on vit en utilisant des activités ludiques et culturelles (langue, art, travaux manuels, cuisine, grands jeux et sorties). Par exemple, pour faire le
tapa, on utilise des jeux autour de la fabrication pour montrer aux enfants les qu’il y a différents arbres utilisés pour le tapa, leur nom.
On veut aussi donner des repères aux enfants. C’est important car de nos jours on vit un véritable fléau : les enfants n’ont plus le respect qu’ils avaient avant. On essaie de transmettre des valeurs et des outils qui puissent les aider dans leur vie. »

Les ateliers accueillent notamment des enfants issus des quartiers prioritaires. Le rôle des animateurs est d’établir un cadre de confiance pour les accompagner, et ils reviennent souvent d’année en année. C’est là la preuve que les projets de la ligue sont prometteurs et que la passion, la douceur et l’engagement de Tiare portent leurs fruits.

[1] Fédération des œuvres laïques de Polynésie française 

[2] Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur

Marie Lecrosnier–Wittkowsky

Rédactrice

©Photos : Marie Lecrosnier–Wittkowsky pour Femmes de Polynésie

Directeur des Publications : Yvon BARDES

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