Hereata Toti, œuvrer pour la réussite d’autrui
Hereata Toti est avant tout connue pour avoir créé l’association Te Rima o Te Here, qui vient en aide aux patients polynésiens expatriés pour soins. Mais cette femme de 34 ans porte plus d’une casquette. Pour les employés de l’APRP, une entreprise adaptée aux travailleurs handicapés, elle est avant tout une oreille, un soutien et une aide précieuse. Femmes de Polynésie part à sa rencontre, avec l’envie d’en savoir plus sur son parcours et les missions qui lui incombent.
UNE DÉTERMINATION EXEMPLAIRE
Hereata Toti nait à Papeete. Alors qu’elle est âgée de deux ans, son médecin détecte qu’un AVC serait survenu lorsqu’elle était bébé. Le résultat est sans appel, Hereata vivra avec une faiblesse sur tout le côté droit du corps.
« Dans mon enfance, j’ai subi beaucoup de moqueries. Forcément, ça a construit mon identité, mais ça n’a jamais été un sujet de plainte. »
Lorsqu’elle a 9 ans, sa famille déménage à Bordeaux, afin que sa mère puisse y poursuivre ses études. Ils rentrent trois ans plus tard. Hereata passe le bac au fenua avant d’entreprendre une licence en administration économique et sociale à Montpellier. Elle poursuit sur un master en relations humaines.
« Finalement, j’ai toujours baigné dans le social. »
LA CRÉATION DE TE RIMA O TE HERE
Alors qu’elle suit un stage en région parisienne, Hereata côtoie des Polynésiens expatriés dans les différents hôpitaux où elle intervient. Elle remarque qu’ils manquent de moyens pour rester en contact avec leur famille et s’adapter à la vie dans l’Hexagone.
« J’ai été touchée par la détresse de notre peuple. »
Elle se décide à agir en faveur de ceux et celles qu’elle considère comme sa famille et en 2016, elle crée l’association Te Rima o Te Here, en parallèle de son poste en tant que RH à Radio France. Sa mission : soutenir les patients polynésiens, leurs familles et les accompagnateurs face à la maladie et à l’éloignement.
AU SEIN DE L’APRP
De retour en Polynésie en 2021, la jeune femme rejoint l’entreprise APRP1, dans laquelle elle exerce le rôle de formatrice.
« L’APRP est une entreprise adaptée aux travailleurs handicapés. On est tous différents, il faut juste savoir s’adapter aux différences de chacun. »
Hereata trouve sa place dans ce lieu où se mêlent entraide, bienveillance et motivation. Elle aide les employés en réinsertion dans leurs projets respectifs, tant professionnels que personnels. Grâce à des méthodes qui lui sont propres, elle leur offre, au cœur de son bureau, un espace de confiance où l’on peut apprendre et se détendre.
« Personne ne nait en sachant se présenter. Ma mission, c’est de pouvoir intervenir pour leur permettre d’avoir les clés. Lorsqu’ils ont acquis les compétences, je leur permets de pouvoir les présenter. Tous les matins, on fait cinq minutes de méditation pour se relâcher. Je leur fais lire des textes positifs qui les motivent, ensuite ils doivent les écrire jusqu’à ce qu’ils ne fassent plus de fautes. Je crois au pouvoir de la répétition. Quand ils ont des projets, je vais jusqu’au bout dans le soutien. »
Au bout de quelques mois ou d’une année à l’APRP, les personnes bénéficiaires rejoignent des entreprises et peuvent alors mettre en pratique ce qu’ils ont appris.
« Mon objectif final, c’est de travailler sur leur estime de soi. Toutes leurs réussites sont notre satisfaction. Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir. Je suis reconnaissante d’avoir cette marge de manœuvre. »
CERNER DES BESOINS
Hereata est ce type d’esprit aux allures d’électron libre, qui a toujours plus de projets et de désirs d’action. Pour notre bienfaitrice, de nombreuses initiatives peuvent être proposées pour le bien du peuple polynésien.
« Le projet, c’est d’aller dans les quartiers avec un ordinateur et d’apprendre les bases de l’informatique aux enfants et aux plus âgés. Si on investit assez de temps et d’amour, on peut insuffler l’envie aux jeunes de connaitre et de partager leurs connaissances par la suite. »
Il suffit de regarder autour de soi pour constater les nécessités de chaque personne, le manque de moyens que nous pouvons pallier grâce à notre persévérance.
« Il faut parfois montrer un peu d’attention pour que la personne réalise sa valeur et que tout s’enchaine. »
Avec de la volonté, on peut bouger des montagnes. Voici ce que nous inspire Hereata Toti, une femme de Polynésie au grand cœur.
- Créée sur fonds personnels par Michel Gay, l’APRP, association devenue entreprise de droit privé, a pour but d’apporter une formation aux personnes handicapées et de leur permettre de s’insérer dans le monde du travail. Il faudrait expliquer le sigle APRP
Rédacteur
©Photos : Cartouche pour Femmes de Polynésie et Te Rima o Te Here
Directeur des Publications : Yvon BARDES