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Culture

Heipuanui, tatoueuse : « j’ai trouvé ma place »

Publié le 24 juin 2024

Elle est l’une des rares femmes qui tatouent en Polynésie Française, qui plus est, des motifs particuliers à l’Archipel de la Société, dont elle est issue. C’est en suivant la mélodie de son rire si communicatif que Femmes de Polynésie s’installe dans le salon Tatau Legacy pour rencontrer Heipuanui, tatoueuse professionnelle.

UNE LIGNÉE ARTISTIQUE

Heipuanui Denouel est une enfant de Tahiti. À Paea puis Afaahiti, où elle grandit avec ses cinq frères et sœurs, elle baigne tout de suite dans un environnement propice à la réflexion et la représentation. Son père et sa grand-mère sont peintres, ce qui lui offre dès le plus jeune âge, l’amour de l’art, des couleurs et des traits.

«Je suis issue d’une famille d’artistes, chaque génération à son lot d’artistes. Ma grand-mère, qui est peintre, m’a beaucoup poussée.  »

Dans la pratique

À 26 ans, elle décide de cultiver ce côté de sa personnalité en se professionnalisant et rejoint le Centre des Métiers d’Art. Là-bas, elle s’applique à se construire une identité créative et obtient son diplôme en sculpture sur bois.

«Je suis allée au Centre pour faire de la sculpture sur bois et apprendre un peu plus la peinture. Au bout de deux ans là-bas j’ai commencé à toucher un peu à tout. Sortir du CMA, c’est un gage de qualité

TROUVER SA PLACE

 

Après obtention de son diplôme, Heipua, bien que peu sociale, choisit de faire du tatouage son domaine de prédilection. Elle obtient des stages dans les prestigieux salons de Efraïma Huuti et Tattoo by Patu. L’apprentie y apprend tout ce qu’elle doit savoir sur la manière de piquer, l’origine et la signification des symboles mais bientôt, forte de ses acquis, elle décide de se lancer à son compte.

« J’ai ma propre clientèle. Ça s’est fait tout seul. Des femmes ont commencé à me contacter, peut-être parce que ça les mettait plus à l’aise, plus en confiance. Au début je tatouais majoritairement à domicile. C’est une question de feeling, mes clientes préféraient vivre ce moment dans le confort de leur maison.  »

Lorsque son conjoint, également tattoo artist, se résoue à intégrer le salon Tatau Legacy, elle accepte de l’y rejoindre. Mais le chemin n’est pas sans obstacles, les femmes se font rares dans ce milieu majoritairement masculin. Même si Heipua ne se sent pas rejetée par ses collègues, c’est parfois les clients qui renâclent à se faire tatouer par elle.

« Ce n’est pas toujours simple de se faire sa place en tant que femme dans un monde de garçons. Je crois que la meilleure manière d’y arriver c’est d’y venir sans appréhension.
Aujourd’hui je peux dire que j’ai trouvé ma place. J’incite les femmes à tatouer. J’en vois beaucoup commencer mais pas forcément continuer. »

Dans la pratique

Elle garde la tête haute et à force de persévérance, elle sait prouver sa valeur en tant qu’artiste. Néanmoins Heipuanui garde une clientèle majoritairement féminine.

LE TATOUAGE AU SERVICE DU BIEN ÊTRE

Cela s’est fait sans qu’elle y réfléchisse, comme si la jeune femme avait l’aura d’une guérisseuse d’antan. Les femmes viennent à elle, pour se réapproprier leur corps, pour orner leur peau de ses dessins fins et emplis de messages. Dans le salon, Heipua a mis ses conditions : elle désire que ses clientes aient une intimité spécifique. Cachées derrière un paravent, leur pudeur protégée par les bons soins de l’artiste, c’est un instant hors du temps qui leur est octroyé.

« Ma priorité c’est le bien-être de mes clientes, qu’elles soient à l’aise. J’ai créé un espace où elles sont coupées du regard des gens. Je les chouchoute. »

Bien sûr, elle ne réserve pas cet espace aux femmes, chacun et chacune sera traité de la même manière, avec considération et estime. Dans ce havre conçu particulièrement pour leur confort, la tatoueuse concède à chaque personne qui passe sous ses aiguilles le temps qu’il leur faut à tous les deux pour être satisfaits du résultat final.

« Je prends mon temps pour réaliser une pièce, je ne me presse pas. »

LE RESPECT DES TRADITIONS

Si en Polynésie la parole est un outil de transmission des savoirs culturels, le tatouage joue également un rôle dans la conservation des connaissances. Permettant de reconstituer la généalogie d’une famille et de représenter les étapes importantes de la vie de celui qui les porte, les tatouage sont restés des pièces maîtresses des us et coutumes en Polynésie Française. C’est dans ce respect de la tradition que Heipua œuvre.

«Ce que signifient les motifs des tatouages que je fais, c’est entre le client et moi. Il faut que la personne soit sûre de ce qu’elle souhaite inscrire dans sa peau. Des fois je demande l’autorisation des ancêtres de la personne avant de tatouer des motifs de famille. La personne porte ton énergie sur sa peau, c’est important de rester respectueux et de ne pas lui transmettre de mauvaises choses à travers ton dessin.  »

Dans la pratique

Ainsi, la jeune femme évolue dans cet art traditionnel, sans jamais oublier les valeurs qui lui sont chères.

Cartouche

Rédacteur

©Photos : Cartouche et Heipuanui Denouel pour Femmes de Polynésie

Directeur des Publications : Yvon BARDES

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