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Culture

Léticia Sclabas : « Le ‘ori tahiti, c’est toute ma vie » (1/2)

Publié le 8 juillet 2024

Formée dès la plus tendre enfance par sa tante Moeata Laughlin, Léticia Sclabas possède une riche expérience dans le ‘ori tahiti après avoir évolué dans de troupes de Raiatea, de Tahiti et de Moorea. Elle s’est notamment distinguée au fenua en gagnant le titre de vice-championne du monde de ‘ori tahiti en 2016 et en se classant à la troisième place du concours de la meilleure danseuse à To’ata en 2019. La vahine  se confie à Femmes de Polynésie pour retracer son parcours de danseuse polynésienne et partager sa passion. 

Ses premiers pas dans la danse

Née d’un père d’origine italienne et d’une mère polynésienne, Léticia passe son enfance entre Tahiti, où elle fait sa scolarité, Maupiti, l’île natale de sa mère et Moorea, où vivait son grand-père. C’est à l’âge de 3 ans qu’elle rejoint l’école de danse de Moeata Laughlin, qui n’est autre que sa tante. 

« Ma maman me disait que j’aimais bien danser quand j’étais toute petite. Elle m’a donc inscrite à l’école de tatie Moeata à l’âge de 3 ans. J’ai fait mon premier spectacle à 5 ans. Je me rappelle bien de ma première scène avec les lumières, les costumes. J’ai appris comment faire le fa’arapu, sourire sur scène, me changer dans les coulisses, confectionner les costumes, etc … Son apprentissage du fa’arapu est vraiment particulier. Je retiens aussi de Moeata son amour pour la culture, sa gentillesse et sa douceur. Elle aime bien les gens. Je n’ai d’ailleurs jamais arrêté de danser pour elle. »

Léticia et sa tante Moeata Laughlin

Du groupe Kei Tawhiti à Tahiti Ora

Après ses sa scolarité, elle se produit dans les hôtels avec le groupe Kei Twhiti, puis part s’installer à Raiatea en 2010. Elle intègre rapidement puis Tamarii Tahina pour des représentations dans les hôtels de l’île. C’est d’ailleurs avec Tamarii Tahina qu’elle gagne le titre de meilleure danseuse du Heiva i Uturoa en 2011. Après avoir gagné tous les prix de ce même heiva l’année suivante, le groupe participe au Heiva de Tahiti à To’ata en 2013 et obtient le deuxième prix du concours de danse en catégorie Hura Ava Tau. Léticia était alors l’une des chorégraphes du groupe. En 2014, la vahine revient à Tahiti et intègre cette fois-ci le groupe Tahiti Ora de Tumata Robinson, pour lequel elle dansera deux ans. Elle gagne notamment le premier prix du Heiva i Tahiti en catégorie Ura Tau en 2014 et fait une tournée d’un mois en France en 2015. Son passage à Tahiti Ora est l’un des moments forts de sa carrière. 

« Ce qui m’a poussée à rejoindre ce groupe de Tahiti Ora, c’est la qualité de son ‘ori tahiti. Je parle de la technique, de la discipline, de la rigueur,… C’est vraiment un groupe professionnel. Tout est bien fait : les costumes, le maquillage,… La tournée de 2015 en France a été fatigante, mais formatrice puisqu’on apprend à vivre les uns avec les autres. On vit avec et pour le ‘Ori Tahiti à fond durant le temps de la tournée. »

En plus de sa tante Moeata Laughlin, la cheffe de troupe Tumata Robinson fut également un modèle d’inspiration dans le monde du ‘ori tahiti.

« C’est une personne organisée, généreuse et pointilleuse. Elle est soucieuse du moindre détail jusqu’à ce qu’il soit bien réalisé. Je prends l’exemple des costumes en coquillages. Beaucoup de groupes aujourd’hui se contente de coller les coquillages alors que Tumata exige que tous les costumes soient cousus et au final, qu’ils soient tous identiques. Idem pour les horaires, tout le monde doit arriver à l’heure quoi qu’il arrive. »

Vice-championne du monde de ‘Ori tahiti en 2016

Après son passage dans la fameuse troupe, Léticia décide de prendre du recul avec le ‘ori tahiti pour des raisons professionnelles. Elle se fait connaitre sur le fenua en tant que journaliste et présentatrice à la chaine de télévision locale TNTV. Elle décide tout de même de participer, après avoir constaté le peu d’engouement des danseuses polynésiennes, aux championnats du monde de ‘ori tahiti en 2016 (La « Tahiti World Cup » organisée par Matani Kainuku), à l’issue desquels elle se classe à la deuxième place, derrière la gagnante Matatini Mou . Un sentiment de fierté, mais aussi des questionnements sur le devenir de la danse polynésienne animent la nouvelle vice-championne du monde. 

« C’est là qu’on s’est rendu compte que le mā’ohi reste sur ses acquis par apport aux étrangers. Je vais peut-être fâcher certains en disant cela parce que le ‘ori tahiti nous appartient. Quand tu regardes une tahitienne danser, même si elle n’a pas de technique, elle est très gracieuse. Elle dégage beaucoup plus d’éléments qu’une danseuse étrangère. Mais aujourd’hui, les concours sont organisés selon des critères techniques. Les étrangers ont justement de la technique, même si ce ne sont pas des techniques de base. Ils ont su créer des variantes. Ce n’est toutefois pas le ‘ori tahiti de Madeleine Moua1 et de Coco Hotahota2»

Gagnante du heiva i Aimeho Nui 2018

En 2017, Lécitica s’installe à Moorea pour travailler à la commune de Moorea-Maiao en tant que chargé de communication. Elle en profite pour rejoindre le groupe de danse Moorea Swing Boys avec lequel elle gagne le grand prix de danse du Heiva i Aimeho Nui en 2018. Son expérience sur l’ile sœur lui donne forcément une idée de la différence entre le monde de la danse à Tahiti et à Moorea.

« Ce n’est pas comparable, vu qu’il y a une mentalité différente. Je prends l’exemple de la rigueur. Concernant les horaires et la ponctualité, c’est le hora mā’ohi  (l’heure polynésienne) qu’on a sur l’île sœur. A Tahiti par contre, l’heure, c’est l’heure. C’est beaucoup moins stressant quand on se prépare à Moorea pour les shows dans les hôtels. Cela ne veut pas dire qu’on a n’a pas de bons éléments sur l’île. Bien au contraire, il y a un bon niveau aussi. Ils n’ont rien à envier à ceux de Tahiti. »

1 Cheffe de troupe et chorégraphe majeure de la danse tahitienne, fondatrice de la troupe Heiva.

2 Chorégraphe, danseur, auteur et musicien, il fonde la troupe Temaeva en 1962. Il est également considéré comme l’un des chorégraphe majeur du ‘Ori Tahiti.

Toatane Rurua

Rédacteur

©Photos : Nini Photographie, Léticia Sclabas pour Femmes de Polynésie

Directeur des Publications : Yvon BARDES

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