Michèle de Chazeaux, femme de cultures et de partages
Lors de la journée « Vahine, tu as des talents » qui s’est déroulée le 20 mai 2022, l’Union des Femmes Francophones d’Océanie (UFFO-Polynésie) a souhaité mettre en avant 8 Poerava. Ces Polynésiennes ont été distinguées parce qu’elles sont inspirantes pour les autres par leur personnalité, leur engagement. Femmes de Polynésie vous invite à découvrir leur portrait.
Chacun d’entre nous connait Michèle de Chazeaux. Par ses qualités humaines, l’étonnante diversité de ses activités toutes liées à la vie polynésienne et à sa vie ici depuis plus de 50 ans, Michèle est unanimement appréciée et elle a conquis l’affection de tous.
Avant d’arriver en 1966 comme professeur de lettres au Lycée Paul Gauguin, elle a été institutrice, puis professeur en collège tout en reprenant des études universitaires à Bordeaux. Aussi mère élevant seule ses deux enfants, le courage ne lui a pas manqué. Son caractère a été forgé par une éducation familiale qui lui a inculqué des valeurs et des principes comme, ne pas se plaindre, s’adapter aux situations difficiles, aller de l’avant et être indépendante.
Elle a aimé tout de suite l’accueil que lui a réservé Tahiti, la qualité des rapports humains, naturels et sans préjugés. Et elle y est restée bien au-delà du séjour administratif habituel des fonctionnaires. Michèle a aimé son métier d’enseignante prolongé à partir de 1975, et pendant 20 ans, au Collège Pomare. Les élèves polynésiens sont pour elle très attachants et donnent envie de transmettre des connaissances et de développer leur esprit critique.
Ses rencontres notamment dans le milieu artistique, culturel et des médias lui ont ouvert d’autres occasions de s’immerger encore plus dans la société polynésienne : participation aux prémices de la télévision scolaire, puis comme speakerine, animatrice de jeux scolaires inter-établissements comme le célèbre « Tahi, Rua, Toru ». Michèle a aussi trouvé le temps de contribuer à la littérature pour enfants avec la série des légendes comme « La légende de Tuivao » ou « La légende du cocotier ». Rappelons-nous aussi du bel ouvrage sur le Tifaifai auquel elle a collaboré et qui contribue à la conservation du patrimoine artisanal.
Ses rencontres radiophoniques, dialogues autour de récits de vie, constituent un patrimoine oral extraordinaire grâce auquel les Polynésiens d’aujourd’hui et de demain pourront mieux connaître la vie d’avant ! Elle-même est une mémoire qui sait rappeler à bon escient l’histoire des familles et des lieux et faire le lien entre les faits et les personnes.
Son investissement, dès le départ, dans la préparation et l’organisation du FIFO a étendu son intérêt pour les autres pays océaniens et son goût de la transmission l’a conduite à prendre une part active dans le FIFO hors les murs dans les établissements scolaires des îles hors de Tahiti.
Michèle a aussi participé aux actions du CIDFF et du Conseil des Femmes. Si elle n’est pas féministe au sens militant du terme, son parcours de vie illustre la possibilité pour une femme indépendante de s’épanouir, de s’ouvrir aux autres, tout en construisant une vie de famille avec ses enfants.
« Être une femme qui conduit sa vie seule peut paraître l’apogée de la liberté, il faut rester conscient que cela présente aussi des difficultés, en particulier pour les enfants. J’encourage les Polynésiens à garder leur âme, ce que j’ai fait d’autres peuvent le faire. »
Pour sa gentillesse, ses qualités d’écoute, son goût du partage et son ouverture aux autres, Michèle a eu un parcours exceptionnel qui font d’elle une Polynésienne vraiment adoptée par tous. Elle aime la Polynésie et les Polynésiens le lui rendent bien.
En raison de son parcours de vie tout à fait atypique, Michèle mérite d’être distinguée en tant que Poerava 2022.
Pendentif remis à chaque Poerava, réalisé par l’atelier Prokop.
Armelle Merceron
Rédactrice pour l’UFFO
©Photos : Michèle de Chazeaux et l’UFFO pour Femmes de Polynésie