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Société

Vanina femme de loi, greffière au tribunal de Raiatea

Publié le 27 novembre 2020

Au tribunal, le greffier est en contact direct avec le public, qu’il a pour mission d’informer. C’est sa présence qui témoigne de l’authenticité des décisions. Vanina, greffière au petit tribunal de Raiatea, raconte à Femmes de Polynésie son métier et son parcours du combattant, qui lui ont forgé ce charisme.

Jusqu’au tribunal, un parcours très particulier

Juste avant sa naissance, ses parents veulent divorcer. Ils entament une procédure judiciaire visant à leur séparation et se délaissent de la garde de leur enfant. Vanina est reconnue par jugement, deux jours après sa naissance et est confiée à sa grand-mère fa’a’amu, la première femme qui l’inspirera sans le savoir.

“ Plusieurs années plus tard, j’ai appris que la juge chargée du divorce de mes parents avait voulu m’adopter, mais elle n’en avait pas le droit. ”

Au moment où elle devient mère, elle est très jeune, dans une situation précaire. Pour pouvoir nourrir sa fille, elle quitte l’école pour travailler.

J’avais besoin d’assumer et de vivre mon rôle de mère jusqu’au bout et d’être responsable. Je suis donc devenue femme de ménage, puis placée au tribunal.”

Dans son malheur, elle va rencontrer des femmes qui vont bouleverser sa vie.

“J’ai eu de la chance, parce que je suis tombée sur une greffière, chez le juge des enfants. Elle avait beaucoup de jugements en retard, elle ne pouvait pas s’en sortir. Elle venait à 3h du matin et petit à petit… elle m’a appris le métier !

De l'imposture à la reconnaissance de ses pairs

Un matin, le magistrat attrape Vanina, entrain de taper à l’ordinateur des jugements à la place de la greffière absente ce jour-là et la dénonce.

“Je voulais complètement assumer ma faute.”

Et encore une fois, sa bonne étoile adoucit la sentence car… Elle est placée au secrétariat du chef des juridictions et devra travailler gratuitement. Mais pendant ce temps, elle apprendra son métier.

“Et de là, tout s’est ouvert à moi. J’ai passé le concours et je suis allée de l’avant. Jusqu’à aujourd’hui.”

Des années pour découvrir ses vraies valeurs

A ses 4 enfants et un mari belliqueux, s’ajoute une belle-mère très présente, tant dans sa vie personnelle que professionnelle. Elle sera une des femmes clés dans le parcours de Vanina.

“Je n’arrivais pas à quitter son giron, ni décider pour moi-même. ”

C’est grâce aux cas judiciaires qu’elle traite dans son métier et au recul qu’elle doit prendre, qu’elle  commence à remettre en question sa vie personnelle.

“Et au bout de 2 ans, j’ai fait un travail personnel. Où je veux aller ? Où je veux mener ma vie de femme ? Pas que de mère, mais aussi de Femme.”

Besoin de s'accomplir

Elle se rend compte alors qu’elle a des droits, comme les autres femmes.

“Je veux le poste de greffière et le salaire, parce que j’en vaux la peine. ”

Elle décide de passer le concours de greffière, et poursuit sa formation en métropole. Dans l’anonymat de la France et dans la nécessité de se prendre en main, elle s’ouvre aux autres. Elle bouge beaucoup, et de tribunal en tribunal, elle perfore ses acquis du métier et profite pour suivre des formations en développement personnel.

“Ça a été le déclic. Je me suis dit que je pouvais avancer, que j’étais une femme avec des valeurs. ”

Vanina aujourd’hui n’a pas que l’expérience de la vie et de son âge.

“Mes formations me permettent, quand je suis confrontée à une situation compliquée, de me dire au bout de 5 minutes ‘ok, je me pose’. ”

Ses petites voix l'encouragent

Elle apprend à être encourageante et douce avec elle-même.

“Ce n’est pas toujours facile de regarder une situation objectivement, surtout quand je rencontre des cas qui sont le reflet de mon ancienne vie.  ”

Vanina reste positive en général, en faisant appel à des techniques de retour au calme qu’elle a apprises.

“Toutes mes journées commencent à 4h, par une méditation. Je pratique tous les jours, c’est comme une gymnastique. ”

Spécialement fière d'un de ses projets

Voyant la difficulté de certains à entamer des procédures judiciaires pour des questions de finances, elle va se battre aux côtés du président du TPI¹, d’associations et d’avocats pendant 2 ans, pour ouvrir le bureau de l’aide juridictionnelle.

“Au début, ce sont les problèmes de terre qui ont bénéficié de l’aide. Mais ensuite ce sont toutes les femmes qui venaient à Te rama Ora² qui ont pu bénéficier des aides et déposer leurs requêtes devant le procureur. ”

Quant à l’estime de soi, sachez qu’il existe des accompagnements au féminin, même à distance, qui pourront répondre à vos besoins.

1Tribunal de Première Instance

2 Association à l’écoute des femmes victimes de violences

Marie Babinger

 Rédactrice Web

 ©Photos : Marie Babinger pour Femmes de Polynésie

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