Tehani Emeline, une vahine au grand cœur pour les enfants de Rangiroa
Depuis le mois d’octobre dernier, Tehani Emeline mène avec son association ‘’Tamarii de Polynésie’’ des actions de solidarité au profit des écoliers de Rangiroa afin de leur permettre d’avoir de meilleures chances de réussite scolaire. Cette vahine au grand cœur se confie à Femmes de Polynésie pour expliquer son geste et pour dévoiler ses futurs projets.
Création de l’association Tamarii de Polynésie
Née d’une mère originaire de Rangiroa et d’un père suisse, Tehani Emeline a grandi en Espagne avant de s’installer à 18 ans en Suisse. Après plusieurs métiers, elle décide de rejoindre en 2002 son mari au Pays basque pour y vivre pendant une quinzaine d’années. Puis voilà 4 ans, le couple part vivre à San Francisco avec leurs trois enfants.
Régulièrement, Tehani vient passer ses vacances à Rangiroa pour rendre visite à sa famille. C’est pendant ces séjours au Fenua qu’elle a l’idée de créer l’association ‘’Tamarii de Polynésie’’ afin de venir en aide aux enfants de cette île.
« À chaque fois que je me rendais à Rangiroa, j’étais choquée par l’état des infrastructures des écoles, autant pour la maternelle que pour le primaire ou le collège. Les murs, les paniers de basket ou les terrains de sport sont en très mauvais état. Après avoir discuté avec des habitants de Tiputa et de Avatoru, j’ai pris la décision de créer l’association ‘’Tamarii de Polynésie’’ au mois de septembre 2022. »
Appel aux dons
Tehani commence alors à récolter des fonds auprès de son réseau d’amis qui résident à l’étranger avec l’aide de son fils Pablo-Taaroa qui est actuellement en formation académique au Barça Academy en Arizona.
« On a réussi à collecter jusqu’à 6000 euros. Tout le monde a versé de l’argent pour l’association. Je leur ai offert en échange la possibilité de suivre les achats que l’on faisait pour les enfants de Rangiroa via notre site des donations. »
« Jai vu des enfants tellement heureux »
Avec cette somme d’argent, Tehani achète, pour les écoles de Tiputa et de Avatoru, du matériel informatique à Tahiti, des ballons, du matériel de sport, mais aussi des jeux pour la saison des pluies.
« J’ai vu des enfants tellement heureux en recevant rien qu’un Frisbee. J’ai demandé aux écoles de me fournir la liste de matériel dont elles avaient besoin. Ces enfants ont besoin de notre soutien pour faire des études et travailler plus tard. C’est injuste que la perspective d’avoir un nouveau métier ou un nouvel horizon ne soit pas possible dans les îles éloignées. Les enfants ont aussi le droit d’apprendre des métiers autres que la pêche ou le coprah même si ce sont des activités nobles et nécessaires. »
Soutien scolaire et échanges culturels
Après l’aide en matériel scolaire, Tehani prévoit de faire venir au mois de juin prochain une dizaine de jeunes enfants de Californie pour proposer des séances de soutien scolaire ainsi que des échanges culturels et sportifs.
« Ces jeunes franco-américains pourront donner par exemple des cours d’initiation à l’anglais ou des séances de lecture. On prévoit aussi d’organiser des activités sportives et nos enfants pourront apprendre les jeux de récréation de Rangiroa et de Californie. Et par exemple, au niveau culinaire on pourra parler de ce qu’on mange aux Etats-Unis, en Espagne, en Suisse ou en France. »
Pour de meilleures chances de réussite
L’idée pour l’association « Tamarii de Polynésie » est de donner la possibilité aux enfants de Rangiroa de s’ouvrir l’esprit et d’avoir de meilleures chances de réussite.
« Les enfants de Rangiroa ont besoin de soutien. Je vais leur apporter le matériel nécessaire pour leur permettre d’effectuer des recherches sur internet avec la surveillance des maîtres, dès la maternelle. En ce qui concerne les métiers ou les formations possibles, on va les aider à éveiller leur curiosité et de la motivation pour réussir dans leur vie professionnelle. Je pense que c’est plus au collège que les élèves ont tendance à subir le décrochage scolaire par manque d’intérêt. Si on leur explique qu’ils peuvent faire autre chose en leur montrant des documentaires ou en leur partageant ce que l’on peut voir ailleurs, ce serait une manière de les stimuler. »
Pour de meilleures chances de réussite
Autre projet prévu par l’association : mener avec les enfants de Californie et une surfeuse professionnelle française, des actions de sensibilisation de protection à l’environnement et nettoyer les plages de l’île.
« A chaque fois que je rentre à Rangiroa, je suis choquée par les déchets non triés et souvent abandonnés par terre ou sur le bord de la route. On constate aussi la présence de carcasses de voitures et des batteries abandonnées tout autour de l’île également, mais ceci est un réel problème en Polynésie. Il serait génial d’avoir un endroit bien précis où l’on pourrait y déposer ses déchets pour faire du recyclage. On va donc nettoyer les plages avec les enfants au mois de juin prochain tout en menant des actions de sensibilisation. »
étendre ses actions dans toute la Polynésie fFrançaise
Tehani nous rassure : elle compte étendre ses actions dans les autres îles.
« J’ai eu la chance d’avoir beaucoup voyagé. J’ai travaillé dur depuis mes 18 ans et cela m’a permis d’économiser pour venir pendant toutes ces années en Polynésie et ailleurs. J’aimerais maintenant que chaque enfant de Rangiroa ait un petit coup de pouce pour avancer et aider plus tard les enfants des Tuamotu et de la Polynésie. »
Toatane Rurua
Rédacteur
© Photos : Tehani Emeline pour Femmes de Polynésie
