Orama, « notre culture d’aujourd’hui sera notre patrimoine de demain »
À tout juste 20 ans, Orama, originaire de Raiatea, a déjà eu plusieurs vies : créatrice-couturière de robes à base de cheveux humains à la Tahiti Fashion Week 2018, à l’initiative du projet d’échanges de livres « Te Puta Fa’amu » et étudiante au Centre des Métiers d’Art à Papeete. Alors qu’elle s’apprête à poursuivre ses études en métropole, Femmes de Polynésie l’a rencontré afin d’échanger avec elle sur sa vision de la culture polynésienne et ses projets futurs.
Créer et innover afin de mettre en mouvement notre culture Mao’hi
« Ma scolarité au CMA était fantastique, j’ai appris tellement de choses et j’ai noué des relations qui m’ont marqué et que je garderai avec des professeurs et des amis. Cela m’a permis de m’imprégner encore davantage de notre patrimoine culturel. »
Orama s’est distinguée à la Tahiti Fashion Week 2018 en créant des robes à base de cheveux humains. Pour la jeune créatrice, les cheveux ont une particularité pour les Polynésiens, et il est nécessaire de les mettre en valeur.
« Je ne comprends pas pourquoi les cheveux nous dégoûtent dès qu’ils ont été coupés. Je voulais prouver qu’on pouvait en faire quelque chose avec ces robes. Surtout pour nous, Polynésiens, les cheveux ont un certain mana. Beaucoup de légendes comme celle du cocotier ou de la création de la journée insistent sur le rôle des cheveux ! »
Your browser does not support the video tag.
Le projet d’Orama est de suivre une scolarité de trois ans à l’école Raymond LOEWY dans la Creuse. Une école spécialisée dans la production de fibre textile responsable. L’établissement minimise l’impact sur l’environnement en favorisant le recyclage et la lutte contre le gaspillage.
« J’ai choisi la Creuse pour retrouver une ambiance de village, un peu comme à Raiatea ! La vision de l’école m’a beaucoup plu aussi avec la production de matière responsable. Mon but est de revenir créer au Fenua un tissu modelable en reprenant des motifs traditionnels (tissus imprimés, tapas) tout en innovant. »
Redonner l’envie de lire et de faire
Orama est une artiste, une créatrice. Elle aime innover, surprendre et essayer de nouvelles choses.
« Pour moi, il ne faut pas fixer la culture et la cantonner à une image nostalgique d’un temps passé qui ne reviendra pas. Notre culture d’aujourd’hui sera notre patrimoine de demain, mêlé à celui d’hier. Donc c’est à nous, les jeunes, de réinventer notre culture, de la faire vivre, de la mettre en mouvement. »
Dans cette perspective, Orama souligne l’apport du Festival international de Graffiti Ono’u ou des artistes contemporains. De son côté, elle danse beaucoup et envisage de donner des cours de danse lorsqu’elle sera en France.
« Je voudrai donner des cours de danse pour partager un bout de notre culture. L’idée étant de partager notre culture de façon authentique afin de ne pas véhiculer seulement les clichés réducteurs de la vahine. »
Orama, passionnée de lecture et fan entre autres d’Amélie Nothomb et de Pierre Botero, s’est récemment illustrée par le projet Te Puta Fa’amu développé avec son ami Choco. Le concept est de donner envie aux jeunes de lire grâce à un système d’échanges ludiques.
« J’étais déjà très investie dans l’association Littera’ mao’hi qui se donne pour but de promouvoir la littérature polynésienne. Avec ce projet, j’espère apporter ma pierre à l’édifice pour donner envie aux jeunes de poser le portable et de prendre un livre en main ! Depuis le lancement de l’initiative, le bilan est très positif, nous n’avons eu que des retours positifs. Encore une preuve qu’il existe mille et une façons de diffuser sa culture, à chacun de trouver la sienne ! »
G. C.
Rédacteur web
© Photos : G. C., Orama, Micka M