Nicole, l’eau avant tout
Nicole Spitz gère un restaurant à Maupiti, elle est assise au Conseil Municipal de la Commune de Maupiti où elle travaille depuis plus de 20 ans. Active et engagée, elle est connue pour défendre la cause de l’eau, un combat que Femmes de Polynésie vous invite à découvrir.
L’eau, un lien sacré
Nicole a travaillé plus de 20 ans à la mairie de Maupiti et près de 15 ans sur le dossier de l’eau.
« L’eau est rare à Maupiti, de par la morphologie de l’île car c’est un rocher.»
Nicole a appris au cours de toutes ces années à comprendre les enjeux de l’accès à l’eau, mais aussi, à défendre les valeurs de la population pour l’eau… « L’eau, c’est sacré, c’est un lien sacré qu’il nous tient, à nous, de conserver. »
Nicole a grandi entre Tahiti et Maupiti. Après le bac, pas très convaincue par les études, elle part sur l’Aranui travailler pendant un an sur le bateau symbole des Marquises, « une expérience humaine incroyable ». Quand ses grands-parents décident d’ouvrir une pension à Maupiti, elle rentre dans son île. Un an après, elle passe les concours de la mairie et commence son parcours au service de « sa population ». Un engagement qu’elle concrétise en ayant la charge des affaires environnementales et le dossier de l’eau de la commune.
Des solutions durables au service de l’île et ses habitants
« Il faut que ça change. Il faut trouver des solutions en écoutant les problèmes des gens. C’est souvent tout simple, à portée de main. »
Très engagée pour cette ressource, elle passe son temps à interroger et à discuter avec les habitants de l’île. Nicole est convaincue que Maupiti pourrait redevenir le paradis d’autrefois car les valeurs s’y perdent. Et ces valeurs, c’est dans la relation à l’eau qu’elles pourraient revivre.
« L’eau, c’est la vie, la vie, la vie ! Historiquement, l’eau a des sources sacrées avec des usages dédiés… Ce lien avec le sacré, nous l’avons un peu perdu. »
Nicole m’explique que l’île de Maupiti a toujours essayé de préserver son identité. Pour développer l’accès à l’eau notamment, ils ont étudié l’idée d’avoir l’eau osmosée, l’eau potable qui vient du traitement de l’eau salée…
« Cela aurait voulu dire augmenter les besoins de la population, ce n’est pas viable ni une bonne approche. »
Il fallait décider entre changer les habitudes ou demander à la population de mieux gérer son eau, la seconde option l’a emportée…
« Nous voulions garder notre lien à l’eau, savoir qu’elle est un bien précieux. »
Rester proches de la nature et fidèles à nos valeurs
Cette jeune femme engagée regarde le lagon turquoise à la fois sereine et préoccupée par l’avenir des ressources naturelles. Si elle avait un rêve pour l’eau, ça serait qu’elle soit gratuite ! Elle sait bien que le service de l’eau a un coût mais « les gens veulent bien payer les déchets, les transports… Pas l’eau ! Ça serait plus facile si elle était gratuite ! Je sais que c’est impossible, c’est bien pour ça que c’est un rêve ! »
Aujourd’hui, Nicole sait qu’il va falloir trouver des solutions car l’eau manque à Maupiti en période sèche. Pour elle, il faut chercher du côté des énergies renouvelables. Ces énergies sont pensées pour respecter la nature, cela semble mieux correspondre à la vie de Maupiti, à ce qui fait son patrimoine.
« On est dans une île proche de la nature, où les gens sont proches de la nature. C’est ça mon engagement, trouver des solutions qui respectent ce qui constitue notre île : la nature, l’eau, le respect des anciens et le partage… »
Céline Hervé Bazin
Rédactrice web
© Photo de couverture : Céline Hervé Bazin