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Marie Geoffroy, protectrice des forêts naturelles de Moorea

Publié le 5 août 2022

Infatigable, Marie Geoffroy parcourt depuis des années les hauteurs de la vallée d’Opunohu pour éradiquer les plantes invasives comme le Miconia. Elle sensibilise également les écoliers sur l’importance de préserver notre biodiversité. Elle se confie à Femmes de Polynésie pour expliquer son engagement en faveur de nos forêts.

La découverte de la biodiversité du Fenua

Née à Paris, Marie Geoffroy grandit en banlieue parisienne puis dans les Alpes. Après des études de Sciences Politiques dans une université de Grenoble, elle crée ses potagers biologiques pour nourrir sa famille et devient une spécialiste en légumes sauvages comestibles. C’est en déménageant à Moorea au début des années 2000 qu’elle s’intéresse à la biodiversité du Fenua, celle de l’île sœur en particulier.

« J’ai commencé à m’intéresser à la nature d’ici que je ne connaissais pas du tout. J’ai appris à reconnaître les arbres, ce qui se cultivait, etc. J’ai donc fait mon petit fa’a’apu avec notamment des fruits locaux, du ‘ūmara ainsi que d’autres tubercules. Je faisais aussi beaucoup de randonnées dans la forêt. C’est à Haapiti en haut du col des trois cocotiers que j’ai découvert le Miconia. Quand on m’a dit que c’était une plante invasive, je me suis dit que l’on ne pouvait pas rester sans rien faire. »

Création de l’association Moorea Biodiversité

Marie crée alors avec d’autres habitants, l’association Moorea Biodiversité en 2016 dont la mission principale est de préserver la biodiversité de l’île.  

« L’ennemi numéro un de la biodiversité de Moorea est le Miconia. On essaie ensuite de transmettre l’importance de cette biodiversité. C’est cela qui permet de préserver les surfaces aquifères1 et donc de préserver les ressources en eau autant pour l’agriculture que pour les usages domestiques. C’est aussi ce qui peut préserver les ressources piscicoles au moment de la saison des pluies quand l’eau dévale et descend jusque dans le lagon pour faire de la boue. Si ce n’est pas maîtrisé, le taux de survie des bébés poissons du lagon s’en retrouve beaucoup trop affaibli. »

300 à 330 hectares de forêts naturelles nettoyées

Les membres font depuis des années quelques interventions par semaine dans la vallée d’Opunohu pour écorcher les Facaltas,pour couper les plantes de Miconia ainsi que les Tulipiers du Gabon.

« On a aujourd’hui 300 à 330 hectares de forêt naturelle qui ont été nettoyés et contrôlés depuis 2016 dans la calera2 d’Opunohu. C’est un travail qui ne sera jamais fini parce que la graine de Miconia survit 15 ans dans la terre. Il faudra toujours la contrôler. Il y a environ 30% de forêt naturelle qui seront envahis et l’on va se limiter à 30% d’invasion. On intervient essentiellement sur le domaine public d’Opunohu vu que c’est facile d’avoir les autorisations. On planifie toutefois d’intervenir plus tard sur des terrains privés autour de l’île. »

L’association intervient aussi dans les établissements scolaires de Moorea pour sensibiliser les enfants à la préservation de la biodiversité. Près de 400 enfants inscrits dans les écoles, les collèges, ainsi qu’au lycée agricole d’Opunohu sont sensibilisés chaque année.

Pas de forêt à Moorea = pas d'eau pour les habitants

« Il est très important que nous nous rendions compte que sans les milieux naturels, nous les êtres humains, on ne peut pas survivre sur l’île de Moorea. C’est donc très important d’aller expliquer dans les écoles pourquoi il est important de préserver ces milieux naturels. Si nous n’avons plus de forêts sur l’île, on n’aura plus d’eau. C’est aussi simple que cela. »

Moorea Biodiversité participe également aux mouvements contre les grands projets immobiliers. Après avoir intégré le collectif Paetou (pour lutter contre le projet Paetou à Teavaro), l’association a rejoint la fédération Tāhei Autī ia Moorea.

Alerter la population, les politiques et les promoteurs

« Nous veillons à protéger la biodiversité et à alerter en fait les habitants ainsi que les promoteurs sur les risques qu’ils font courir à la biodiversité en ne tenant pas compte des problématiques spécifiques de notre île. On est tout à fait entendu par la population. On ne sait pas du tout si on est entendu par le personnel politique communal ou territorial, mais je penses qu’ils ont tout intérêt un jour ou l’autre à écouter les associations ainsi que les habitants. Ce sont ces derniers qui sont sans doute les plus alertés sur ce qui est important de faire pour protéger leur île. Autrement, on va leur reprocher un jour d’avoir gouverné contre leur avis. »

En parallèle de ses sorties en montagne et de ses interventions dans les écoles, l’association Moorea Biodiversité mène également d’autres opérations comme l’organisation du spectacle de clowns « Déchets animés », qui traite la problématique des déchets en plastique auprès des écoliers de Tahiti et de Moorea ou encore la création d’un sentier de randonnée à Opunohu  pour transmettre les connaissances de la biodiversité du Fenua.

¹ Qui contiennent de l’eau ; 

² Cratère volcanique géant pouvant mesurer plusieurs kilomètres de diamètre ;

Toatane Rurua

Rédacteur

©Photos : Toatane Rurua et Moorea Biodiversité pour Femmes de Polynésie

Pour plus de renseignements

Site internet

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