
Linda Fong, sensibiliser à la santé mentale
Chaque année, le 10 octobre est une journée consacrée à l’éducation à la santé mentale. À cette occasion, Femmes de Polynésie a rencontré Linda Fong, qui fait de ce sujet un cheval de bataille, avec écoute, vulnérabilité et bienveillance.
« Je suis une citoyenne qui souhaite sensibiliser à la santé mentale parce qu’au cours de ma vie, j’ai été présente pour des personnes qui ont été victimes de violences familiales, tentatives de suicides ou de détresse psychologique. Je me suis rendu compte que moi aussi, j’ai traversé des épisodes pas très joyeux.”
DEVENIR FORMATRICE PSSM
Après une carrière dans les ressources humaines, Linda Fong est confrontée à un événement personnel qui va bouleverser son propre chemin de vie.
« Un jour, un membre de ma famille a fait un burn-out. C’est comme ça que je me suis intéressée à la santé mentale. »
Elle s’instruit, se documente… jusqu’à découvrir la formation Premiers Secours en Santé Mentale (PSSM), qu’elle décide de suivre. Cette expérience concrétise les savoirs qu’elle avait acquis en tâtonnant. Linda décide de devenir, à son tour, formatrice dans ce domaine.

DÉCONSTRUIRE LES À PRIORI
« Je donne des formations dans des services publics, comme l’État ou le centre pénitentiaire et aussi auprès d’entreprises privées, comme l’OPT ou ATN. Progressivement, j’interviens également auprès du personnel d’établissements scolaires. »
Son objectif : démanteler les préconceptions qui nuisent à la bonne prise en charge de ceux qui souffrent en silence, apprendre à reconnaître les signaux d’alerte avant qu’il ne soit trop tard, et inviter à oser aller vers l’autre.

« En tant que formatrice, je sensibilise à la santé mentale afin de lever les préjugés et croyances limitantes, et pour mieux appréhender ce que peuvent vivre les personnes en fragilité psychique. Je forme à un plan d’action qui permet d’aider quelqu’un qui ne va pas bien, à être le lien entre cette personne et les professionnels adéquats. On apprend aussi à connaître ses limites dans l’aide pour ne pas soi-même tomber malade. »
Au-delà du cadre professionnel, Linda nous rappelle que chacun d’entre nous est capable de tendre la main.
« Aider, ça peut être juste s’intéresser sincèrement à l’autre, reconnaître qu’il a des émotions, sans avoir de solutions précises à lui donner. Le rassurer de votre soutien. »
L’IMPORTANCE DU LIEN SOCIAL
Pour Linda Fong, il n’existe pas de solution miracle. Cependant, un élan collectif d’empathie peut aider à traverser les épreuves les plus dures.
« Ma mission, c’est de sensibiliser à la santé mentale pour sortir de l’isolement. Favoriser le lien social pour oser aller vers l’autre et le faire sortir de sa grotte. Essayer de se mettre dans les savates de l’autre. Et avant de juger, aller explorer ce qu’il vit, pour pouvoir aider. »

Et si elle forme aux premiers gestes, elle rappelle également l’importance de ne pas chercher à résoudre seul ses tempêtes intérieures.
« On a le droit de demander de l’aide, s’entourer… Ça ne veut pas dire qu’on est faible, bien au contraire, c’est faire preuve de lucidité et de courage que d’oser se confier à quelqu’un. »
LES AIDANTS, INVISIBLES MAIS PAS INVINCIBLES
Forte de ses expériences, Linda sait qu’il faut aussi savoir prendre soin de soi, pour mieux relever les défis.
« En tant qu’aidant, ou bénévole dans des associations, on donne beaucoup, et c’est bien aussi d’apprendre à reconnaître quand on a besoin de se reposer. Prendre soin de soi permet aussi de prendre soin des autres. »
UNE PROGRESSION NÉCESSAIRE
Si la santé mentale peut parfois être un sujet sensible à aborder, Linda Fong est convaincue qu’une des solutions se trouve notamment dans son accessibilité.
« Il faut développer la prévention et la sensibilisation de manière générale est indispensable. Il y a tout un panel de professionnels en Polynésie qu’on ne va pas voir par peur ou par méconnaissance, et j’essaie de lever ces freins. Mais, il faut aussi que progressivement leur accès soit facilité. Une piste serait le remboursement, la prise en charge de ces professionnels, ou le développement des filières en psychologie et en social pour avoir plus de professionnels disponibles . »

Car la santé mentale nous concerne tous.
« C’est normal d’aller voir un psy ! »

Rédactrice
©Photos : Linda Fong pour Femmes de Polynésie
Directeur des Publications : Yvon BARDES






