Isabelle : pour former les futurs éco-citoyens
Responsable de nombreux ateliers de sensibilisation auprès des enfants, cette amoureuse de la nature se construit, au fil de ses actions, une réputation de « femme engagée » auprès des associations locales de défense de l’environnement. Elle partage avec Femmes de Polynésie son investissement dans cette cause.
UNE ENFANCE AU COEUR DE LA NATURE
Isabelle est d’origine marseillaise. Entre la nature et elle, c’est une histoire qui remonte à son enfance. Son père, passionné de la mer, lui faisait découvrir Les Calanques et le camping sauvage, à une époque où il était encore facile de planter sa tente où l’on voulait. Le respect, l’altruisme, l’écologie, la protection et la préservation de l’environnement complètent son éducation.
« Quel que soit le paysage, montagnard, campagnard ou maritime, j’aime la nature sous toutes ses formes. Elle est pour moi une source d’admiration de tous les instants … »
LE TRAVAIL LA CONDUIT EN POLYNESIE
En 2012, une opportunité professionnelle emmène sa famille jusqu’en Polynésie.
« Là aussi, je découvrais la gentillesse des Polynésiens et un cadre d’une nature exceptionnelle. Sur un petit périmètre on pouvait passer d’une randonnée en montagne à une baignade et une plongée dans le lagon en fin de journée, j’ai tout de suite adoré ! »
En métropole, à Toulouse, Isabelle était chargée de diffusion et de production dans une compagnie de théâtre et de spectacle vivant, « La compagnie du 4 ». Cette troupe engagée a été pionnière dans la création de spectacles environnementaux tous publics, mais également pour les plus jeunes.
« Cela a été une merveilleuse aventure de 8 ans. Des valeurs fortes, humanistes et éco-citoyennes, étaient transmises par le biais du théâtre d’une manière ludique, poétique, sensible et humoristique, qui touchaient le cœur des petits et grands … »
Ils ne devaient rester qu’un an… sept ans se sont déjà écoulés. Malgré le fait qu’elle ait été piquée au tiare, Isabelle a besoin d’être active.
« Peu de temps après mon arrivée, je me mets en quête d’associations locales qui s’occupent de protection de la nature. »
Isabelle découvre un réseau de gens formidables regroupés en associations, comme la Société d’Ornithologie de Polynésie « SOP Manu », l’association « Pae Pae No Te Ora » ou encore « Les Amis du Musée de Tahiti et des Iles », pour ne citer qu’elles. L’une des premières associations pour qui elle travaille est «Tamarii Pointe des pêcheurs » (1), « sa famille adoptive de Tahiti » comme elle l’appelle.
« Je suis avide de connaissances. J’ai eu la chance de rencontrer de belles personnes, et me nourris du savoir des passionnés qui constituent ces associations, des biologistes, des botanistes, des anciens ou de simples amoureux de leur fenua. »
LA TRANSMISSION PÉDAGOGIQUE
L’association « Tamarii Pointe des Pêcheurs » lui propose de devenir responsable des journées éco-citoyennes auprès d’établissements scolaires. Désormais patentée, elle effectue des prestations sous forme d’ateliers, qui vont de l’observation des cétacés au bouturage du corail, au rahui ou à la préservation des ressources marines et d’eau douce, jusqu’au tri des déchets.
Elle travaillera ensuite pour l’association « Pa’e Pa’e No Te Ora », où elle devient responsable des sorties du sentier sous-marin au PK18. Objectif : sensibiliser à l’environnement marin.
« Les petits Tahitiens sont émerveillés en observant les poissons dans le lagon. Certains n’avaient jamais porté ne serait-ce qu’un masque de leur vie… »
A ce panel d’activités elle ajoute un volet culturel, se rapprochant de l’association « Les Amis du Musée de Tahiti et des Îles ». Elle propose des stages vacances « cœur planète » entre nature et culture au Musée, appuyés par du théâtre en collaboration avec une autre animatrice. Mais en 2018, la fermeture d’une partie du Musée pour réfection met un terme à ces stages.
UNE SITUATION ENVIRONNEMENTALE ALARMANTE AU NIVEAU MONDIAL
« La nature était autrefois respectée par nos ancêtres. Puis il y a eu une sorte de vide, d’inaction, correspondant en Polynésie, selon moi, à la manne nucléaire et à un nouveau mode de vie impliquant une modification des habitudes de consommation. Aujourd’hui on en voit les résultats alarmants, mais je reste optimiste. »
Optimiste est en effet l’un des traits de caractère d’Isabelle. Elle constate que les mentalités changent, et que les enfants retiennent les messages et les mettent en pratique. Elle se souvient par exemple d’une petite fille qui reprenait constamment son père lorsqu’il se trompait de poubelle, ou encore lui rappelait de faire attention à la taille des poissons qu’il pêchait.
« J’ai confiance en la jeunesse, il faut que chacun agisse à son niveau. Les gestes éco-citoyens sont à la portée de tous. Certes, l’éducation fait beaucoup. Chacun doit apporter sa pierre à l’édifice, protéger l’environnement c’est protéger l’humanité ! »
1 Lire le portrait de Tilda, Présidente de l’Association Tamarii Pointe des Pêcheurs
Laurent Lachiver
Rédacteur web
© Photos : Laurent Lachiver