Flora Aurima Devatine, conscience polynésienne pour une « Océanienne d’exception »
L’Association UFFO (Union des Femmes Francophones d’Océanie) en partenariat avec Femmes de Polynésie, organise pour la 3e année consécutive les “Poerava”. Nous sommes fiers de vous présenter aujourd’hui Flora AURIMA DEVATINE et son parcours.
Entre son enfance au Fenua ‘Aihere à Tautira dans une famille fortement imprégnée de sa culture originelle, et la reconnaissance en 2017 de la qualité de son œuvre poétique par l’Académie française, Flora Aurima Devatine a réalisé un parcours rare et inspirant.
Assoiffée de connaissances
Entrée tardivement à l’école, Flora apprend à parler et écrire en français, s’ouvre à la connaissance. Elle réussit sa scolarité, mais l’interrompt en Première pour gagner sa vie.
Une bourse de l’Eglise Protestante lui permet de faire des études supérieures après une classe Terminale à Montpellier.
De retour au fenua, elle enseigne l’espagnol, le tahitien au Collège Pomare IV, et la poésie tahitienne en tant que chargée d’enseignement vacataire à l’Université française du Pacifique, tout en exerçant son goût pour l’écriture.
Etudiante, deux professeurs lui font prendre conscience du caractère unique de la culture et de la langue de sa terre d’origine. Une culture basée sur l’oralité, puisque l’écriture arrive avec la bible. Issue d’une famille d’orateurs qui assuraient la transmission des savoirs par la parole et la mémoire, elle s’attache à la prolonger dans la modernité : recueillir les savoirs des anciens, écrire en reo tahiti et en français, jongler avec les mots et les sonorités, mais aussi organiser, construire des bases de la reconnaissance culturelle polynésienne.
La littérature pour passion
Son œuvre littéraire commence dès 1970 par la composition de pariparifenua, rauti, pata’uta’u. Elle gagne des concours de chants et poèmes traditionnels. L’affirmation de ses talents vient avec sa désignation en 1972 en tant que membre, la benjamine, de l’Académie tahitienne, dont elle est la première directrice depuis 2017, et avec des œuvres de poèmes libres en français, Humeurs (1980), Tergiversations et Rêveries de l’Ecriture Orale-Te Pahu a Hono’ura étudiées de par le monde, et Au vent de la piroguière-Tifaifai (2016) qui lui vaut le Prix Heredia de l’Académie française en 2017.
En 2002 Flora fonde avec six auteurs Littérama’ohi, première revue littéraire polynésienne. Elle est invitée à intervenir dans des universités en France, Europe, États-Unis, Polynésie, sur des questions de culture, mémoire, oralité, écriture, littérature, poésie … et de femmes, car le rôle de la femme dans la société est également un thème qui lui est cher.
Un engagement pour la femme
En 1979, nommée Déléguée à la Condition féminine, elle s’engage et contribue à convaincre les autorités de la Commission du Pacifique Sud (actuellement « Communauté ») d’élargir le champ de réflexion des conférences régionales à la place de la femme dans le développement des pays océaniens.
Il s’en suivra la première Conférence des femmes du Pacifique à Tahiti, (juillet 1981), la création du Bureau technique des femmes à Nouméa, la création du Conseil des Femmes de Polynésie française (1982). Parallèlement Flora s’est impliquée dans l’action en faveur des femmes du Soroptimist International Club de Tahiti Papeete.
L’humilité pour moteur
Sa grand-mère maternelle, sa mère, son époux, comme ses six enfants lui ont permis d’être ce qu’elle est. Elle a aussi rencontré, travaillé avec des chercheurs, professeurs en dialectologie, philologie, linguistique, art, poésie, littérature, archéologie, ethnologie, sociologie, économie, qui l’ont fait avancer.
L’humilité, un trait de sa personnalité qui a pu parfois la freiner pour oser avancer, a aussi été un avantage pour apprendre. Flora est une femme sage : son parcours et sa personnalité font d’elle une femme respectée et admirée. La reconnaissance est également venue de la Communauté du Pacifique Sud, qui l’a retenue comme une des 70 Océaniennes d’exception, à l’occasion de ses 50 ans d’existence.
Flora Aurima Devatine a consacré sa longue carrière à la reconnaissance d’une « conscience polynésienne ».
“La culture, c’est la base, ce qui fait que l’on est un peuple doté d’une identité et d’une vision du monde. Ce sont des choses visibles et invisibles .”
Plus d'informations
Armelle Merceron, avec la collaboration des membres de l’UFFO
Rédactrice Web
©Photos : Vaea Devatine, R-J Devatine, Vainui Moreno