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Dans l’œil de Doris Ramseyer : mettre l’humain en lumière

Publié le 10 octobre 2024

À l’ombre d’un tamarin dans les jardins de la cathédrale Notre Dame à Papeete, Femmes de Polynésie rencontre Doris Ramseyer, photographe engagée qui apporte un autre regard sur le sans-abrisme.

SE TROUVER DANS LE SOIN

Doris est originaire d’Alsace. Lorsqu’elle atteint l’âge de 18 ans, elle quitte sa région natale pour la Suisse, où elle entreprend des études d’infirmière.

« J’ai toujours été attirée par l’humain, par le soin. »

C’est à Lausanne que la jeune femme exerce plusieurs années et qu’elle est confrontée quotidiennement à la précarité.  

« Quand j’habitais à Lausanne, je passais tous les jours devant une soupe populaire et j’ai eu envie de faire quelque chose. »

Crédit : Doris Ramseyer - extrait de l'exposition "Regards"

Avec son mari, également infirmier, ils parcourent le monde. Les pieds de Doris foulent moults pays et différentes îles. Ces voyages la confortent dans sa vision d’humanité, façonnent sa passion pour les dissemblances d’autrui.

« La culture des autres me fascine, je suis très attirée par ce qui est différent de moi. »

UN CHARME POUR L’ÉCRIT ET L’IMAGE

Au-delà de son attraction pour le prendre soin, Doris écrit, partout.

« Depuis que je suis gamine, j’écris tous les jours. »

Elle tient un journal, qu’elle transporte avec elle comme un trésor de souvenirs. Pendant ses explorations autour du globe, elle tient un blog. Mais surtout, elle se passionne pour la photographie.

« Depuis l’adolescence, je découpais toutes les photos que je voyais, j’allais dans des expositions, des musées. J’ai toujours été attirée par l’image. »

Au premier abord, elle ne prend pas de portraits. Elle qui pourtant est portée sur l’humain, cantonne sa pratique à l’inanimé.

« J’étais très timide, alors je n’osais pas photographier les gens, je faisais mes armes sur les paysages, l’architecture. »

Puis des rencontres, des visages qui lui parlent lui permettent de prendre confiance en son travail et en sa capacité à capturer le vivant.

« Ce qui m’attire, c’est la vie, le mouvement, l’authenticité, figer l’instant présent. »

LA NAISSANCE D’UN PROJET

En 2011, Doris et son mari déposent leurs valises en Polynésie française. C’est aux Marquises qu’ils atterrissent en premier, alors qu’elle est enceinte. Son fils voit le jour à Tahiti. Tombés amoureux des îles, ils s’installent. Cette artiste qui porte son cœur sur la main, se joint à l’association Te Torea1 et commence à les accompagner en 2023 pour des maraudes2.

« Pour moi, ce n’est pas normal d’être dans la rue, c’est une idée à laquelle je ne me suis jamais faite. »

Dans son esprit, fleurit une pensée : elle veut partager les récits des personnes sans-abris.

« Pour ce projet-là, c’est plus de la photo sociale. Toujours dans le courant de la photo humaniste, en servant une cause. Ce dont j’ai envie, c’est de changer les regards car ce sont des personnes qui ont un parcours dur.  »

Crédit : Doris Ramseyer - extrait de l'exposition "Regards"

Elle débute en interviewant les sans-abris qu’elles côtoie lors de ses missions aux côtés de Te Torea, gagne leur confiance par sa bienveillance et propose alors son projet fin 2023 : celui de créer une exposition, mettant en lumière l’humanité de chacun d’entre eux.

« Au début, j’avais la trouille. On ne photographie pas la misère comme ça. »

Finalement, elle se rapproche des centres de jour et d’hébergement de l’association, tout en  poursuivant les mauraudes. Ainsi commence la naissance d’une série de photographies.

« J’ai été très étonnée car j’ai été hyper bien accueillie. »

L’EXPOSITION « REGARDS »

Avançant dans son idée, elle se rend vite compte qu’elle aura besoin de financements pour le mener à bien. 

« Je partais comme ça, je n’avais pas réellement réfléchi à l’aboutissement de mon projet. »

Mais les mois passent, les besoins monétaires sont toujours présents malgré une demande à divers organismes et Doris craint que l’exposition n’émerge jamais.

« Grosse période de découragement, j’ai failli tout laisser tomber. »

Crédit : Doris Ramseyer - extrait de l'exposition "Regards"

Presque à bout, elle décide d’abandonner, ou de remettre cela à plus tard. Jusqu’à ce qu’elle reçoive un coup de fil de la Vice-Présidente Mme Chantal Galenon4. Celle-ci la reçoit avec sa directrice de cabinet et entend la portée de son message.

« Elles m’ont écoutée, elles étaient sensibles à ce projet. »

Ainsi, l’exposition « Regards » prend forme.

« Les photos en noir et blanc, c’est vraiment pour faire passer les émotions. Les regards traversent l’image. J’ai choisi un grain brut, comme la brutalité de la vie. »

Doris choisit de la dévoiler à la Brasserie Hoa, qui accepte de l’accueillir. Composée de 42 portraits et de quatre témoignages retranscrits par l’artiste, elle se décrit comme un événement caritatif. En effet, les œuvres sont mises à la vente et les fonds seront reversés à Te Torea, l’association Emauta pour redonner l’espoir et le centre d’accueil du Père Christophe. 

« La majorité des personnes m’ont laissé un message à partager et donc les regards sont accompagnés d’une phrase, issue d’un témoignage. Elles sont belles ces personnes, elles ne font pas pitié. »

« Regards » se tiendra du 2 octobre au 2 novembre, et nous avons la certitude que cette expérience permettra d’apporter un renouveau dans les questions de solidarité, d’équité et de générosité.

« Le questionnement est positif pour chacun. Je suis ravie d’avoir pu mener ce projet à bout. »

Affiche de l'exposition "Regards"

1 : Te Torea œuvre au quotidien à la (ré)insertion sociale et professionnelle des personnes sans-abris.

2 : Une tournée de rue qui consiste à aller rencontrer les personnes sans domicile fixe (SDF) et sans-abri qui ont besoin d’aide.

3 : Structure d’hébergement permettant une mise à l’abri immédiate et offrant des prestations assurant le gîte, le couvert et l’hygiène, une première évaluation médicale, psychique et sociale et une orientation vers un professionnel ou une structure susceptible d’apporter à la personne l’aide.

4 : Minarii Galenon-Taupua, aussi connue sous le nom de Chantal Galenon, est une femme politique française de Polynésie, Vice-Présidente, ministre des Solidarités, du Logement, chargée des Familles et des Personnes non autonomes au sein du gouvernement Brotherson 2023.

Cartouche

Rédacteur

©Photos : Doris Ramseyer & Cartouche pour Femmes de Polynésie

Directeur des Publications : Yvon BARDES

Pour plus de renseignements

ÉVÉNEMENT

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Instagram

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