
Assainir pour mieux vivre : l’engagement de Stéphanie Pourlier auprès des communes
Depuis plus de vingt ans, Stéphanie Pourlier met son expertise et son énergie au service des communes de la Polynésie française. Après avoir relevé le défi de l’eau potable à Pirae, elle s’est attaquée à l’assainissement collectif des communes de Pirae et Arue raccordées à la Ville de Papeete, au sein de la communauté des communes Teporionu’u. Rencontre avec une femme passionnée et engagée, qui voit chaque projet comme une avancée pour le bien-être de la collectivité.
Des rêves de mer et d’horizons lointains
La mer et la montagne, Stéphanie Pourlier en rêve depuis son enfance, elle qui a grandi au milieu des champs de Beauce.
« J’ai toujours eu envie de voyager. J’ai passé mon Bac à 17 ans, et je suis partie à Lorient pour mes études. J’avais mon appart, j’ai découvert la vie indépendante. Je suis même partie faire le tour de la France en stop, seule. »
Après son DEUG scientifique1, elle poursuit ses études d’océanographie à Cherbourg et obtient ses niveaux de plongée et son permis hauturier.
« Je me rappelle très bien : je plongeais avec une cagoule, l’eau était tellement froide… Je voulais la mer, plonger. C’était un rêve. »
L’aventure tahitienne
Pour son stage de fin d’étude, elle décroche une opportunité à… Tahiti.
« Je suis arrivée en 1996, j’avais 22 ans. Je n’avais pas de monnaie locale en poche. Une mama, rencontrée dans le truck, une heure après mon atterrissage à l’aéroport, m’a offert mon ticket de bus, puis m’a emmenée au marché et m’a présentée tout le monde. J’ai été fascinée par la générosité et la bienveillance de toutes ces personnes. C’était incroyable ! »
Son stage se passe si bien qu’elle reste deux ans de plus. Puis, elle travaille pour le laboratoire de recherche du musée océanographie de Monaco, avant de repartir à la voile vers la Polynésie pendant un an.
« Je suis arrivée le 11 septembre 2001 aux Marquises. C’était bouleversant de voir l’émotion des gens, comme si c’était leur famille qui était touchée par l’événement. Depuis, je n’ai jamais quitté la Polynésie. »
Son expertise au service des communes
En 2004, elle rejoint le SPCF2 pour accompagner les communes dans le traitement des eaux et l’accès à l’eau potable.
« J’ai eu la chance de voyager dans les îles, et au contact des équipes municipales, j’ai appris à comprendre le fonctionnement communal local. »

En 2008, elle intègre les services de la ville de Pirae pour mettre en place l’eau potable.
« J’avais une équipe de dix personnes. La première semaine, je leur ai demandé de me montrer les ouvrages hydrauliques. Lorsqu’on est arrivés au pied du bassin le plus important, il était envahi par la végétation. On est partis de loin : il y avait tout à faire. »
Six ans plus tard, les administrés de Pirae ont l’eau potable, et tous les compteurs d’eau sont installés.
« Des gens m’appelaient à la mairie pour dire : “Merci ! Parce qu’il pleut et que l’eau du robinet n’est plus couleur chocolat”. »
En parallèle, les équipes techniques sont formées.
« La fonction publique communale, portée par le CGF3, a permis de professionnaliser les équipes et de monter en compétences. En quelques années, l’organisation des communes a énormément évolué. »
Vers une optimisation de l’assainissement collectif
Par la suite, responsable du bureau environnemental de Pirae, Stéphanie Pourlier se voit confier la gestion des déchets. Rapidement, l’assainissement collectif des eaux devient une priorité. En 2011, les villes de Pirae et d’Arue s’associent pour étudier la question via un syndicat intercommunal à vocation unique, le SIVU.
« Très vite, on s’est rendu compte qu’implanter une station d’épuration en bord de mer était compliqué, parce qu’il n’y a pas de foncier. Alors, on s’est rapproché de la ville de Papeete, qui avait une station d’épuration sous-exploitée. L’idée était de construire un projet qui soit gagnant/gagnant. »
Structurer et professionnaliser

Avec peu de personnel, il lui faut cinq ans pour sortir un schéma directeur.
« On m’a demandé de “passer la seconde”. Il fallait un personnel dédié et un bureau propre afin de mener des études financières et de faisabilité pour notre gros projet qui est d’étendre le réseau d’assainissement collectif du centre-ville de Papeete sur le territoire de Pirae et d’Arue, jusqu’au rond-point d’Erima. »
En octobre 2023, les trois communes mutualisent leurs compétences pour créer la communauté de communes appelée Teporionu’u, avec une prise de compétence au 1er janvier 2024.
« C’est un acte politique fort. Les trois communes se dessaisissent de la compétence de l’assainissement pour la transférer à la nouvelle collectivité, Teporionu’u, dans une logique d’intérêt communautaire. »


Les grands travaux, un défi majeur pour trois agglomérations
Aujourd’hui, Stéphanie Pourlier annonce fièrement le lancement des travaux.
« Nous allons raccorder les plus gros usagers, avec un réseau en colonne vertébrale. Nous démarrerons les travaux en septembre avec 4 fronts de chantiers simultanés, puis 6 en octobre. En mai 2026, 8 fronts de chantiers seront en activité. Ce qui rend ce projet particulièrement intéressant, c’est la dimension intercommunale : travailler avec les tāvana, favoriser la coordination entre communes et s’accorder sur les priorités collectives. »

Et Stéphanie de conclure :
« C’est un projet qui me porte parce qu’il est concret et va changer les choses : la vie des habitants, l’aménagement des communes et l’état de notre environnement. »
1 Ancien diplôme national de l’enseignement supérieur français
2 Établissement public chargé de défendre les intérêts de ses 46 communes adhérentes, de la formation de leurs élus et, optionnellement, les accompagne dans des missions techniques : adduction en eau potable, restauration communale, et numérique.
3 Établissement public local au service des communes et de leurs regroupements, créé en 2011. Il propose de nombreuses formations aux thématiques variées à un panel de 5 200 agents communaux répartis sur les 48 communes de Polynésie française ainsi qu’à ceux d’une dizaine de Groupements de communes.
Portrait mis en avant par le CGF
Rédactrice web
©Photos : CL Augereau et Stéphanie Pourlier pour Femmes de Polynésie
Directeur des Publications : Yvon Bardes






