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Portrait

Dans le domaine la promotion du développement durable : Moea Pereyre

Publié le 5 avril 2019

L’Association UFFO (Union des Femmes Francophones d’Océanie) en partenariat avec  Femmes de Polynésie, organise la 2e Edition des POERAVA. La 1ère édition en 2018 a mis en lumière 8 Femmes polynésiennes remarquables par leur personnalité et leur force d’engagement, ce sont nos POERAVA, nos perles précieuses.
Moea Pereyre est née d’une mère polynésienne et d’un père français. Elle grandit avec la chance, nous dit-elle, de baigner et d’être nourrie par deux cultures. Très attachée à ses grands-parents maternels avec qui elle passe ses dix premières années dans le quartier de la Mission, elle reçoit une éducation à forte connotation catholique, axée sur les valeurs de respect, d’entraide et de partage.
« À cette époque malheureusement révolue, tout était simple… nous vivions avec peu et plus sainement » se remémore-t-elle, un brin nostalgique.
Adolescente, à l’âge de 15 ans, elle écrit au Président de la République de l’époque pour lui demander d’arrêter les essais nucléaires qui « nous tuent à petit feu ». Elle réalise que le monde change à une vitesse folle en découvrant des décharges sauvages lors de ses ballades en montagne, en voyant sa ville « devenir de plus en plus sale »… L’environnement dans lequel elle grandit se dégrade. S’éloigne alors le temps de l’insouciance et de la quiétude…

Une solide carrière d’enseignante

Jeune maman à 19 ans, son défi est d’assurer à son enfant et à celui qui viendra 5 ans plus tard, un avenir digne de ce nom. Baccalauréat Littéraire en poche, elle s’inscrit à l’université d’Outumaoro et jongle entre son jeune bébé, le DEUG de Lettres Modernes et des petits boulots qui serviront principalement à payer la nounou.
Majore de promotion au terme de 3 ans de formation à l’école normale mixte de Pirae, elle débute sa carrière professionnelle en école maternelle d’application avant de devenir maître formateur et de participer à la formation initiale des enseignants stagiaires de l’école normale puis d’assurer un tiers temps à l’Institut Universitaire de formation des maîtres (aujourd’hui ESPE).
C’est dans la commune de Faaa qu’elle fait ses premières armes en travaillant avec des enfants pour qui l’école est la seule soupape de sécurité, le seul moyen d’échapper à leur quotidien parfois sans repères.
S’ensuivent alors des heures, des jours, des semaines, des mois de travail personnel pour leur apporter des réponses adaptées à leurs besoins et réveiller chez eux l’envie d’apprendre et d’avancer. Leurs plus petites réussites étaient alors ses plus grandes victoires, leurs sourires et les étoiles qui pétillent dans leurs yeux, le plus beau des cadeaux.

Des convictions fortes la conduisent au militantisme contre la pollution par les plastiques

Conseillère pédagogique depuis 2011 et membre du groupe territorial Science, Moea travaille sur l’opérationnalisation des contenus des programmes. Elle prend conscience au gré de ses lectures, que la pollution plastique s’installe et progresse de manière insidieuse dans les foyers. Elle est convaincue que la surconsommation et l’individualisme en sont les principales sources.
Ses principaux  moteurs dans la vie sont d’abord ses enfants. Elle refuse l’idée de les laisser grandir dans un monde qui n’est plus celui qu’elle a connu enfant. C’est pour eux qu’elle décide de changer les choses au quotidien. Cela va du refus du sac plastique, à l’achat de gourdes ou à l’usage de bouteilles en verre jusqu’à l’achat de produits en vrac autant que faire se peut.
Pour elle, le secret est de « consommer de manière raisonnée et « local » chez les petits commerçants ou directement avec les producteurs ». Avec ses enfants, ils sont passés par plusieurs étapes dans la réduction des déchets sans rien imposer. Cette démarche loin d’être une mode, est à son sens nécessaire et urgente.

Agir pour les générations futures

Ce qui la motive également, c’est d’agir pour les enfants des générations futures. « Il ne faut pas oublier que la terre ne nous appartient pas… c’est à eux que nous l’empruntons » nous rappelle-t-elle. La planète Terre et tous ses éléments vivants sont une chance et « nous avons le devoir de la respecter ». Quand ses batteries sont déchargées, elle s’isole loin du tumulte de la ville, dans le silence de la nature sur des sentiers de randonnées connus ou autres…
Sa rencontre décisive avec Moana Van Der Maesen il y a bientôt 2 ans, a permis de former le collectif Nana sac plastique, puis l’association Tīa’i fenua (Gardiens de la Terre). Depuis, des dizaines de bénévoles les ont rejoints sur le terrain.
Lors d’une intervention de sensibilisation, un pêcheur retraité a pris la parole après avoir visionné un reportage sur l’impact du plastique sur le quotidien. « Il s’est mis à pleurer en se disant coupable… Lui aussi balançait des tonnes de plastique dans l’eau lors des campagnes de pêche… il disait regretter et demandait pardon… Nous sommes tous restés silencieux : il n’y avait rien à répondre.. » confie-t-elle. Mais elle constate que les actes d’incivisme perdurent.
Son autre rencontre décisive sera avec l’association Proscience présidée par Régis Plichart dont elle devient membre. Aujourd’hui animatrice de planétarium, elle a à cœur de partager avec le grand public les mystères et la fragilité de la Vie sur Terre, l’immensité du ciel et la place infiniment petite que l’homme y occupe. Elle avoue également avoir la chance de partager la vie avec quelqu’un possédant les mêmes valeurs qu’elle.
Ce qui fait sa force, c’est d’être passionnée. Quand Moea a une idée en tête, elle va jusqu’au bout. Elle croit en les capacités de chacun de changer les choses. Par contre, les obstacles ce sont « les œillères que nous portons qui nous empêchent de voir, d’apprendre, d’être à l’écoute… d’apprécier la simplicité, d’apprécier autrui dans ses qualités et ses défauts… ces œillères qui nous rendent individualistes et nous enferment ».
Elle estime qu’être femme et mère de famille dans le domaine de l’environnement est un atout en lui permettant de trouver plus facilement les mots : « Les déchets, le plastique ne sont pas des thèmes très… « sexy », au contraire… ramasser des déchets en marchant en bord de route peut paraître « déplacé »… sauf que.. quand on connait l’impact des déchets abandonnés, on ne peut pas passer à côté et faire comme si on ne l’avait pas vu… »
Elle forme le vœu que l’humanité prenne conscience des urgences à agir « sur une planète agonisante qui ne pourra plus nous nourrir et nous protéger » et à changer son mode de vie, sa façon de consommer. Elle aspire à « renouer avec nos racines, revenir aux choses simples, élémentaires, dans le respect de soi. Nos ancêtres en savaient long, le rāhui en est la preuve. »
Son message pour l’avenir est : « Chaque geste compte, même les plus petits… Imaginez que tout le monde fasse LE petit geste ? Juste… faire sa part… Tous les petits gestes mis bout à bout changeront le monde. C’est l’histoire de la légende amérindienne du Colibri. »
UFFO-Polynésie
© Photos : Femmes de Polynésie

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