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Portrait

Anita Faaite, artisane du cœur

Publié le 29 avril 2020

Les femmes des Australes ont sans aucun doute un petit quelque chose de particulier. Elles sont connues pour être expertes dans l’art de la vannerie, transmis de mère en fille. Le tressage est une tradition ancestrale qui permet de trouver de quoi se nourrir au bout de ses bras. Femmes de Polynésie a rencontré Anita Faaite, une vahiné originaire de Rimatara, qui en plus d’avoir des doigts d’artiste, a aussi « le goût » d’être utile.

Une femme forte et indépendante pour modèle

On peut dire que c’est inné chez nous aux Australes, les femmes bossent sans arrêt. Maman nous a élevés toute seule. Elle galérait et travaillait pour nous nourrir.

La maman d'Anita

Née à Tahiti en 1966, d’une maman originaire de Rimatara et d’un père de Moorea qu’elle n’a pas beaucoup connu, Anita grandit dans une fratrie de 4 filles et un garçon.

“ À l’âge de 10 ans, nous devions aller vendre au marché les paniers qu’elle confectionnait. Vers 15 ans, je ne voulais plus aller vendre, j’avais honte. Il fallait que je trouve une autre solution pour gagner de l’argent.

Après un CAP ménager à Anne Marie Javouhey où elle apprend à coudre et à cuisiner, Anita commence à travailler chez Nicolas Tailleur à l’âge de 17 ans. Débrouillarde, sans doute plus forte grâce aux moments difficiles qu’elle a vécus, elle devient secrétaire puis passe le concours d’aide-soignante qu’elle réussit.

Un besoin d’humanité et de solidarité dans ses activités

J’ai travaillé 22 ans à l’hôpital. L’argent, c’est pas mon truc.

L’appât du gain n’a jamais été le moteur principal d’Anita et le choix d’un métier d’aide à la personne n’est pas anodin. Il faut que sa vie professionnelle ait du sens. Le métier de contact et d’écoute d’aide-soignante lui permet de se sentir utile, et de répondre à un élan de son cœur qui fait sens pour elle.  

Anita et sa famille

Quand j’ai commencé à travailler à l’hôpital, deux ans après j’ai acheté ma maison à Faaa. Je me suis mariée vers 30 ans. Avec mon mari Huritaua, électricien originaire de Vairao, nous avons deux filles.

Il y a six ans, son goût pour l’art la rattrape. Anita prend sa retraite anticipée et démarre une nouvelle activité professionnelle.

Artiste dans l'âme

Aujourd’hui, je vis de mon art, de ma peinture, de mes vanneries. Je donne des cours, je vois des gens de toutes nationalités. Et en même temps, je voyage avec eux.

Confection de paniers avec des touristes japonaises

Pendant le confinement lié à la crise sanitaire du covid-19, Anita veut être solidaire. 

J’ai commencé à coudre des masques. Des copines m’ont appelée pour en avoir et me demander combien c’était. Je leur ai dit non, pas de sous, c’est gratuit.

Anita offre 25 masques pour le service d’oncologie de l’hôpital du Taaone et 100 masques partis il y a quelques jours dans un colis à destination des accompagnateurs des évasanés polynésiens à Paris.

Masques pour le service d'oncologie

Une artisane de son propre bonheur

L’art, ça m’a toujours attirée. Mon mari m’a laissée m’investir dans ma passion pour l’artisanat. Il est content, je suis moins stressée (rires).

Anita part en France et en Allemagne pour apprendre à peindre sur porcelaine. Un jour de 2014, son four la lâche, et elle se lance à la peinture sur paréo.

Création de paréos

Je suis touche à tout. J’aime les couleurs. Je peins beaucoup de fleurs. Aucun de mes paréos n’est identique.

Anita souhaite que les jeunes d’aujourd’hui aient la force de créer et de dépasser leurs limites. Sa fille aînée Moerani ouvre une école de Hula à Taravao et sa fille cadette, Ranihei, travaille avec elle dans la pension de famille qu’elle et son mari ont inaugurée à Faaa.

Anita et sa fille Moerani, professeure de Hula

Je propose des cours chez moi les matins, de lundi à samedi, durant 4 heures. Vannerie et peinture sur paréo. Je peux accueillir 10 personnes.

Atelier vannerie

Agir en fonction de ce qui nous touche, être solidaire et se sentir utile : sans doute des bases importantes de la cohérence de notre vie en société que l’individualisme lié au progrès technologique tend à faire disparaître. Les femmes des Australes, chez qui ces valeurs semblent bien ancrées, n’auraient-elles pas des leçons de vie à nous enseigner ?

Ma maman, avec le peu qu’elle avait, arrivait toujours à donner. Le partage, la solidarité, c’est une valeur ancestrale. Ma grand-mère aussi était comme ça, je l’ai vue faire.

PLUS D'INFORMATIONS

Tehina de la Motte

 Rédactrice Web

 ©Photos : Anita Faaite

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