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Culture

« Tergiversations et Rêveries de l’Ecriture Orale – Te Pahu a Hono’ura » – Flora Devatine

Publié le 19 juin 2023

Nouvelle chronique, nouveau sujet et pas des moindres, la littérature en Océanie. Cet amour et cette envie de mettre l’accent sur les livres vient d’un désir d’une passionnée de littérature qui, abreuvée par des années de lecture de tout horizon, souhaite mettre en avant nos trésors et notre mémoire, ainsi que ceux de ces espaces non si loin de nos îles.

Ceci est un rêve éveillé, fougueusement animé par une volonté de faire rayonner cette littérature délaissée par le fast-food des réseaux sociaux, de ranimer la flamme des lettres perdues, pour qu’enfin les cœurs et les esprits s’épanouissent. Dans l’évasion et la compréhension mais aussi dans l’étude et la connaissance.

Et pour cela, je vous propose que l’on se donne rendez-vous tous les lundis pour présenter une œuvre littéraire. De sa délicatesse à ses sujets poignants, de sa ponctuation à son oralité ancestrale, nous voguerons à travers l’imaginaire, les souvenirs et le présent des auteurs.

LE CORPS DE L’ŒUVRE

Les sujets évoqués →

L’écriture, réflexions, processus de création

Pour commencer ce premier lundi-littéraire, laissons notre esprit voguer dans celui de Flora Devatine, auteur découverte durant mon cursus universitaire, et coup de cœur littéraire dans sa manière de dire et d’écrire.

Dans la première lecture de son prénom, Flora résonne dans mon esprit comme un bouton de fleur à peine éclot, qui s’ouvre puis s’épanouit sur le dehors, verticalement droite, sujette aux rafales du vent de Juin mais toujours grandissante au rythme incessant du souffle de l’aurore. « Tergiversations et Rêveries de l’Écriture Orale – Te Pahu a Hono’ura », c’est une œuvre qui tangue entre poésie et prose, où l’hybridité linguistique locale amène à colorer le texte par des mots tantôt tahitien, tantôt français. Une pincée de sel dans un océan d’expressions et de sensations à apprivoiser.

Le rythme se mêle à la poésie de l’écrit mais aussi à l’oralité ancestrale, écho d’un savoir où l’acte d’écriture s’en voit même remit en question : dangereux, nécessaire, libérateur ou acte insensé car loin de notre oralité traditionnelle ? Les questions sont posées.

Tergiverser ou « retarder le moment d’aboutir à une décision », cette œuvre d’introspection et de partage, est une édition Au Vent des Îles de 1998, où le corps de chaque texte est un nuage en suspension dans la couleur crème des pages.

 « Voici donc venu le temps de l’engagement,

De l’expression libérée de toute contrainte !

 

Peu importe de quelle façon celle-ci sera perçue !

 

Seul importe le sentiment profond

De ce que l’on a à dire,

Comme d’une chose à accomplir ! »

MES IMPRESSIONS

La lecture s’ouvre avec l’acte de l’écriture. Mais l’écriture moderne, face à son écran où, les doigts à peine posés sur le clavier s’activent progressivement pour danser sur les lettres informatiques d’un clavier à mélodies dans le but de faire vibrer les notes des pensées, ensevelies sous le joug de la conscience.

« En fin de compte :

“Des signes très bavards !

Mais que l’on n’entend pas !” »

C’est une inspiration et une expiration constante dans laquelle le processus d’écriture est délivré, dont l’aspiration est à la compréhension voire la démystification ?

« On a quelque peu oublié

Les mots

Particuliers, religieux, sacrés

De la langue !

On n’a plus en mémoire la sonorité

Du verbe !

On a perdu jusqu’à l’usage

De la parole ! »

Nous passons aussi par des témoignages, du moins ce qu’il semble en être :

« Ça s’écrit d’une manière,

Avec des gestes incompréhensibles,

Des torsions douloureuses !

 

Ça s’imprime d’une autre,

Avec des signes bizarres,

Des tatouages sans pouvoir ! »

Des références qui nous parlent, font résonner en nous des similitudes ou font faire connaître des sentiments à ceux qui ne comprennent pas.

Et puis, cette hybridité linguistique, délicieux mélange des langues, perceptible à chaque coin de rue, dans les conversations de notre quotidien. Si toutefois nous prenons le temps de vivre ces instants présents.

 « Et j’écris

Pour un peu de “ura”

Et pour ajouter du “umati”

Aux lueurs du couchant »

Mais ne vous fourvoyez pas, l’œuvre est construite, divisée en parties dont on se délecte sans fin ni faim. Nous abreuvant toujours plus dans une compréhension de cet acte aux moults réticences, aux sonorités discordantes pour certains, amenant à une mésentente envers les Autres.

« Créer ses mots !

 

S’approprier le sens des mots !

C’est prendre possession de la langue !

 

C’est, aussi, s’émanciper,

Devenir autonome !

 

C’est être libre avec la langue

Et par rapport aux mots ! »

POUR QUEL PUBLIC

« Tergiversations et Rêveries de l’Écriture Orale – Te Pahu a Hono’ura » est une œuvre qui peut être découverte assez tôt si la période de l’adolescence ouvre l’esprit à une recherche, une curiosité et un besoin intellectuel à assouvir. Et puis, tous, pourrez ressentir le rythme de l’écriture hybride dans la délicatesse d’une plume au savoir et aux souvenirs prenants.

« Créer ses mots !

C’est entrer

En conversation avec la langue !

C’est se sentir

De connivence avec les mots ! »

Et vous, l’avez-vous lu ? Partagez vos impressions

Manutea Rambaud

Rédactrice

©Photos : Manutea Rambaud pour Femmes de Polynésie

Yvon Bardes, directeur de publication

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