Sophie Baptendier, faire vivre les histoires et la lecture avec Polynélivre
Professeur-Documentaliste et présidente de l’association Polynélivre, Sophie Baptendier s’épanouit à travers le partage et les livres. Femmes de Polynésie vous invite à lire l’histoire de cette femme passionnée, qui a décidé de faire vivre la lecture au sein du fenua.
« J’avais envie de travailler uniquement avec les livres »
Sophie Baptendier est arrivée à Tahiti avec ses parents à l’âge de 20 ans. C’est sur cette île qu’elle commence ses études supérieures par le biais de la promotion universitaire[1]. Après son DEUG en Lettres, elle part vers l’Hexagone afin de poursuivre ses études. Revenue au fenua à la fin de ses études, elle enseigne en tant que professeur de lettres pendant 25 ans.
« Polynélivre m’a apporté la confirmation que j’avais envie de travailler avec les livres. Pendant 20 ans, j’ai fait tous mes projets autour du livre, j’ai imaginé plein d’activités, des projets transdisciplinaires, des carnets de lecteur. C’est ça qui me plaisait. Je souhaitais développer le plaisir de lire dans les classes et amener les élèves dans des univers imaginaires. »
Ainsi, après avoir connu Polynélivre, Sophie embrasse son projet en se consacrant au métier de Professeur-Documentaliste au sein d’un établissement privé. Elle y créé un lieu unique : la BCDI, un mélange de BCD[2]et de CDI [3]qui travaille en collaboration avec Polynélivre pour gérer le stock de livres de jeunesse de l’association et pour partager les ressources pédagogiques.
Il était une fois Polynélivre
L’association est née en 2006 de la volonté du Haut-commissariat et du Ministère de l’Education.
« Le but était de faire vivre des temps de lecture et de monter des équipes pour raconter, faire vivre les histoires. Quand j’ai rejoint l’association en 2017, j’ai découvert un projet qui me plaisait, qui était plein de potentiel. J’ai dit que je voulais bien aider le bureau de l’association pour un an ou deux, mais que j’aurais besoin d’aide. J’y suis présidente depuis 2018 ! »
Polynélivre est reconnue d’intérêt général depuis février 2024. En effet, l’association propose d’intervenir auprès du public polynésien à partir de l’objet livre, sous plusieurs formats.
Depuis dix ans, les Liseuses se rendent au service pédiatrique du CHPF tous les jours pour raconter des histoires aux enfants, dans leur chambre. Des dons de livres et de magazines sont proposés aux enfants hospitalisés.
Avec Lire au bord de l’eau, Polynélivre dépose, une fois par mois, jusqu’à 250 livres sur des pē’ue sur la plage. Aujourd’hui, ces matinées consacrées au don de livres ne sont maintenues qu’à Raiatea et à Tahiti à la Pointe Venus, par manque de bénévoles. Sophie a dû trouver une solution pour préserver l’accès aux livres pour tous :
« En 2018, j’ai pris les devants et j’ai décidé d’installer des boites à livres. L’objectif était d’atteindre la mixité sociale : c’est gratuit, anonyme et à la disposition de tous. Aujourd’hui on a une vingtaine de boites à livres qui fonctionnent bien. Plusieurs bénévoles passent plusieurs fois par semaine afin de réapprovisionner, tamponner et ranger les livres. C’est une logistique lourde qui montre que les boîtes à livres ne sont pas encore autonomes mais les retours des utilisateurs nous encouragent à poursuivre. »
Le plaisir dans le partage
En se dévouant aux livres à travers sa profession et son engagement au sein de l’association Polynélivre, Sophie semble accomplie. Elle crée des activités autour du livre au sein de la BCDI pour ensuite les partager dans d’autres établissements.
« Quand j’apporte les valises de livres dans les établissements, je vois le plaisir dans les yeux des enfants et la motivation du corps enseignant de leur faire découvrir d’autres mondes…
Le but est de rendre l’expérience autour du livre vivante, dynamique. Bien sûr on fait des activités en lien avec les programmes des classes, mais on le fait à travers des activités ludiques. Ce que j’aime surtout, c’est inventer et animer des jeux de piste, des jeux de l’oie, des défis lecture, des escape games [4]! »
Sophie partage ainsi sa passion et ses savoirs dans le domaine du livre pour petits et grands :
« Certaines activités de Polynélivre conviennent également aux adultes, voir aux séniors. Les lectures animées, par exemple, sont à destination des enfants, mais les parents s’amusent tout autant ! Ils veulent, eux aussi, écouter la fin de l’histoire. C’est fou comme la formule magique « Il était une fois » fait réagir tout le monde. »
Forte du constat de l’engouement pour la lecture en Polynésie, Sophie entend développer les boîtes à livres et les dons de livres d’occasion dans les autres archipels.
Grâce aux partenariats avec le RIMaP-P[5], la base navale de Papeete et d’autres services de l’armée, 500 cartons de livres voyagent gratuitement chaque année pour rejoindre les établissements scolaires, les mairies, les pensions des archipels.
L’association entend poursuivre sur cette lancée et entretenir le goût de la lecture, qui est bien présent en Polynésie. Pour cela, Polynélivre remercie tous les services qui montrent leur plaisir de les accompagner dans ce projet et lance un appel aux bénévoles à Tahiti et dans les archipels.
[1] Avant la création de l’UPF, l’enseignement supérieur était assuré à Tahiti par la promotion universitaire. Des enseignants de l’Hexagone effectuaient des mission de trois semaines pour former les étudiants.
[2] Bibliothèque à destination des élèves de maternelle et primaire.
[3] Centre de documentation et d’information pour les établissements secondaires.
[4] Il s’agit d’un jeu de rôle grandeur nature, dans lequel le but est de sortir d’une pièce en résolvant diverses énigmes.
[5] Le régiment d’infanterie de marine du Pacifique – Polynésie
Rédactrice
©Photos : Marie Lecrosnier–Wittkowsky pour Femmes de Polynésie
Directeur des Publications : Yvon BARDES
